Je savais que les canettes OBOUF donneraient des idées aux mauvais esprits de Boulmiougou et Kossodo. Voilà qu’ils ont inventé l’expression « politicien périmé ».
Ne me demandez pas ce que c’est qu’un politicien périmé puisque je découvre le mot en même temps que vous. Politicien périmé… Non, je ne vois pas du tout à quoi ça pourrait ressembler.
Comment le saurais-je étant donné que je ne sais même pas ce que c’est qu’une canette périmée. Je crois vous l’avoir pourtant dit, moi Toégui, je ne mange jamais d’aliment en conserve, je ne bois jamais de boisson en boite.
Ça remonte jusqu’à mon enfance quand ma grand-mère nous interdisait la consommation des produits importés. Mais ce que la mémé abhorrait le plus c’était le lait concentré en boite qui selon elle était du lait de cochon ou du lait d’âne.
Je me rappelle qu’elle avait deux ou trois questions qu’elle posait pour laisser sans réponse l’interlocuteur qui soutenait que le lait en boite était du vrai lait :
- As-tu déjà vu une vache donner du lait en poudre ? As-tu déjà vu du lait de vache aussi concentré ?
Non, ma grand-mère, elle ne s’en laissait pas conter et elle avait les arguments pour convaincre. C’est comme les sardines en boite. Ce ne sont pas des poissons qu’elle disait. Des milliers de poissons de taille identique ? Sans arêtes ? A d’autres ! La preuve que ce ne sont pas des poissons c’est qu’ils n’ont pas de tête.
Oui, elle en savait des choses Mamie Koulba. C’est avec elle que j’ai appris à faire kiorr ! C’est ce qu’elle faisait, kiorr ! avec grand bruit, lorsqu’on lui disait que les Blancs avaient marché sur la lune. Elle faisait kiorr ! sans plus, estimant que ce n’était pas la peine de répondre à une si grosse ineptie.
Une fête de Pâques réduite à sa plus simple expression… Telle fut ma fête. Et je n’ai pas encouru la moindre réprobation ni de Madame Toégui, ni de ses petits carnivores jamais rassasiés de viande de poulet.
Cette année, pas de poulet et je n’y suis pour rien. D’abord, il y avait la Transition et maintenant il y a la grippe aviaire. J’ai dit à ma maisonnée que c’est le Président Kafando qui a dit de ne pas manger des poulets à cette fête et que toute personne qui en mangerait ça va arriver à son argent.
Je suis malin hein ?! Le poulet à 5 000 balles ! Qui est fou ?! J’avais bien envie de souhaiter la bienvenue à la grippe aviaire.
J’ai vu le grand chef Blanc milliardaire à la Télé… Monsieur Castel. C’est donc lui ? Le vendeur de bière ? Ce gars m’a ruiné… J’ai laissé une fortune à ce monsieur Castel. J’en ai bu des bouteilles… J’en ai donné tout autant aux pagb-naabas et même aux autres.
J’ai déjà vu des milliardaires au cinéma. Monsieur Castel marchait exactement comme les milliardaires que je voyais au cinéma. Il parlait comme les milliardaires au cinéma. Il avait une tête qui ressemblait à la tête de Bill Gates qui est Américain.
Mais je n’ai jamais vu un milliardaire du Faso. C’est Laurent Bado, Moustapha Thiombiano et Soumane Touré qui connaissent les milliardaires du Faso.
La semaine passée d’ailleurs, Soumane Touré a encore parlé des milliardaires du Faso. Lorsque Soumane Touré parle, je suis tout ouïe pour ne rien rater de ses envolées oratoires. Comme au bon vieux temps à la Bourse du Travail.
Contrairement à ce que beaucoup croient, l’homme le plus craint du Faso ce n’est pas Laurent Bado. C’est Soumane Touré. Laurent Bado malcause en hurlant, en lançant des regards effrayants, mais il nous laisse souvent sur notre faim : il ne cite pas de noms. Parler des milliards au Faso c’est bien mais donner les noms des milliardaires c’est mieux.
Soumane Touré c’est autre chose. Lorsqu’il malcause il va jusqu’au bout de la malcause : il donne des noms. S’en fout ! Parfois même il en rajoute en se tapant la poitrine : «… il est milliardaire, c’est moi Soumane qui le dis… ».
Et comble de malcause, il lui arrive de donner la source du milliard du milliardaire. S’en fout ! Vous voyez que ce n’est pas Laurent Bado qui ferait cela même dans sa malcause la plus malcausante.
Tiens tiens… Et si pour notre plaisir, la TNB organisait une émission mettant aux prises Laurent Bado avec Soumane Touré… Le thème pourrait être : LES MILLIARDAIRES DU FASO, TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR…
Une telle émission battrait à coup sûr tous les records d’écoute mais au bout du compte ce serait un gros bide, foi de Toégui. Les malcauseurs se craignent. Ou plutôt, les malcauseurs se respectent. Je dis cela en ayant présent à l’esprit ce face à face entre Laurent Bado et Frédéric Guirma il y a longtemps de cela, bien avant l’ère ANTA.
Ce face à face avait été attendu comme l’émission du siècle. Certains même n’avaient pas exclu un pugilat en live avant la fin de l’émission mais nous avions plutôt assisté à un concours de courtoisie. Je me rappelle encore.
Lorsque le journaliste demandait à Laurent Bado ce qu’il pensait de Frédéric Guirma, il répondait : « … Frédo y a pas son deux… ». Et lorsqu’il demandait à Frédéric Guirma ce qu’il pense de Laurent Bado, il répondait : « … Kilachiu y a pas son deux ». Que l’on nous épargne alors d’un duel Laurent Bado – Soumane Touré. On en aurait point pour notre argent.
Cela dit, lors de son show à la radio, après avoir déversé sa bile sur les milliardaires du Faso, Soumane Touré a donné l’information selon laquelle depuis le 31 octobre notre pays vit dans l’illégalité totale, du Président du Faso au Premier ministre en passant par le Président du CNT. Propos de malcauseur ? Pas si sûr.
Une grosse tête de la place, quelqu’un de respectable et de respecté, m’a dit un jour ceci : « Toégui, écoute-moi bien. Touré Soumane il parle hoba hoba… mais lorsque Touré Soumane donne son avis sur une situation juridique, le plus souvent il n’a pas tort. C’est moi qui te le dis…».
On me demande fréquemment si je n’ai pas peur de titiller tant les Môgos Puissants du Faso. Mais bien sûr que j’ai peur. Mais ma chance est que les Môgos Puissants eux ne me connaissent pas alors que moi je les connais bien.
Eux ne m’ont jamais vu. A la vérité, je ne me laisse pas voir par eux. Lorsque j’en aperçois un de Môgo Puissant je me fais tout petit, je rase le mur le plus proche et je disparais. Le Môgo Puissant qui ne me fait pas peur c’est Le Lion.
Pour la bonne raison que nos chemins ne se croisent jamais. La dernière fois que j’ai vu Le Lion c’était le 30 octobre la veille du Jour J, aux environs de minuit à son QG qu’il avait installé à la Place des Nations Unies. Là, je l’avais vu de près, de très près même. Il m’avait regardé en demandant :
- Toi, on dirait que je te connais. Tu n’es pas chez Nakibeugo ?
Je lui jurai la main sur le cœur que je ne connaissais pas de Nakibeugo. Il me demanda alors si j’étais avec Zéphirin. A ma réponse négative il m’avoua :
- Après Blaise, je m’occuperai de Zeph. Il m’a volé mon lion et je tiens à le récupérer.
Aujourd’hui c’est mardi, jour d’élucubrations. Et ce n’est pas un mardi comme les autres mardis. C’est le premier mardi du quatrième mois de l’année. Ce mardi qui devait être un jour d’élucubrations extraordinaires va connaître des soubressauts déplorables.
Il y a cette grève annoncée depuis quelque temps. Hier lundi, j’ai également entendu parler de risques de confrontations entre forces pro-inclusion et forces anti-inclusion. Un mardi ! Mon Dieu !
J’ai sous les yeux la plateforme revendicative de la Coalition Contre la Vie Chère. Le moins qu’on puisse dire c’est que la barre a été placée très haut. Au point qu’on se demande si Chrysogone Zougmoré et les siens croient réellement que la Transition est capable avec la meilleure volonté, dans les 6 mois qui lui restent de « créer des emplois décents pour les jeunes » ?
« De faire dans les 6 mois qui lui restent un audit des opérations de lotissement, de juger les maires et de procéder au retrait de parcelles ? ». Oui, la Transition peut le faire… à condition de n’avoir que ça à faire.
Quelquefois je me dis que le Premier Ministre est à plaindre. Puis je me dis qu’après tout il l’a bien cherché. Ce jour du 31 octobre, il ne fallait surtout pas déclarer que plus rien ne sera comme avant.
Il ne fallait pas déclarer que désormais toutes les décisions se prendront à la Place de la Révolution (sic). Il ne fallait pas lever le poing à propos de tout et de rien. Vous savez ce que je ferais si j’étais à la place du Premier Ministre Zida ?
On ne me verrait plus dans un boubou Faso Dan Fani… On ne me verrait plus bras dessus bras dessous Smockey à ma droite et Hervé Kam à ma gauche… Pour ne pas ajouter du Sankarisme au Sankarisme.
Charles Guibo