17 partis politiques de l’opposition burkinabè étaient face à la presse le 13 septembre dernier à Ouagadougou. Ils ont convié la presse pour lui signifier leur volonté d’aller jusqu’au bout pour obtenir une prorogation de l’enrôlement biométrique. Ablassé Ouédraogo, Moussa Boly, François Kaboré, Boukary Kaboré dit « Le lion »… étaient là pour échanger avec la presse.
Convaincus qu’il y a nécessité de proroger l’enrôlement biométrique dans le cadre de la préparation des élections couplées de 2012, 17 partis de l’opposition ont adressé au président du Faso une requête dans ce sens, le 10 septembre dernier. Ils disent avoir attiré son attention sur la nécessité de « prendre des mesures garantissant non seulement la transparence et l’équité des prochaines élections, mais aussi une plus grande participation de la population à ces élections ». De leur avis, les 4,5 millions de Burkinabè qui ont pu s’enrôler est un chiffre en deçà des attentes s’ils considèrent qu’il y a 8 millions d’électeurs potentiels. Et le groupe conduit par Ablassé Ouédraogo de « Le Faso Autrement » de conclure : « 4 millions ne peuvent pas décider pour 17 millions de Burkinabè ». Si Moussa Boly de la CNPB ne se fait pas d’illusions quant à la suite que le président du Faso réservera à leur requête puisqu’il avoue : « On a l’habitude, de toutes les façons, qu’il ne répond pas. On ne se fait pas d’illusions à ce sujet », il regrette cependant qu’on investisse autant de milliards pour aboutir à « cette petite souris ». Ablassé Ouédraogo qui a la charge d’introduire les échanges avec la presse a justifié leur démarche par le fait que l’enrôlement a coïncidé avec la saison des pluies, période pendant laquelle, précise-t-il, « 80% des populations sont astreintes aux travaux champêtres qui ne sauraient faire l’objet d’aucun report dans le temps ». A cela s’ajoutent « les insuffisances observées dans la campagne d’information et de communication », la « non-maîtrise de la technologie et des techniques utilisées pour l’enrôlement biométrique » qui, de l’avis des signataires, a constitué un obstacle majeur dans l’opération. C’est ainsi que ces 17 partis politiques proposent que la séance de « rattrapage ou de ratissage plus efficace » se déroule après la saison des pluies courant décembre 2012 ou janvier 2013. Ce qui aura pour conséquence, affirme-t-il, le report des élections au premier trimestre de 2013. Et ces partis de scander : « De toutes les façons, les députés ont prolongé leur mandat jusqu’en juin 2013 ». Les partis signataires de la requête adressée au chef de l’Etat sont convaincus, à l’image de Hubert Bazié, que dans beaucoup de communes, « il y a eu rétention volontaire d’actes de naissances ». François Kaboré du PDP/PS semble être remonté par un fait. Brandissant un document signé du secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale en date du 11 septembre, il s’offusque que des informations importantes y sont contenues comme celles liées à la fixation du nombre de sièges par circonscription alors que la CENI avait fixé la date du 10 septembre, ajoute-t-il, pour le début de la réception des candidatures. Et si un parti avait déjà déposé sa liste le 10 septembre ?, s’interroge-t-il. Tout compte fait, les 17 partis signataires, par la voix de François Kaboré, affirment qu’il reste 12 jours pour que chacun puisse se réajuster. Et d’ajouter : « Nous allons nous y adapter. Chaque chose a une fin et un jour, cette magouille va prendre fin. Nous irons aux élections ». Il le dit, visiblement affecté par une faiblesse qu’il reconnaît : « Notre faiblesse, c’est la division de l’opposition ». A ce sujet, les conférenciers ont confié à la presse qu’au sujet de cette requête, une réunion a été tenue avec le chef de file de l’opposition, Me Bénéwendé Sankara, qui leur a fait comprendre que « ce problème ne le concerne pas ». Les 17 partis sont convaincus que beaucoup de Burkinabè attendent cette séance de rattrapage. Par la voix de Ablassé Ouédraogo, ces partis préviennent : « Nous tenons à attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les risques importants pour la paix sociale que représente un scrutin, de surcroît couplé, organisé et tenu au mépris des contraintes environnementales évidentes mais non prévues ou en forçant les délais de façon à écarter de fait une large frange de la classe politique ». Même si les 17 partis signataires de la requête sont sûrs qu’ils ne recevront aucune réponse du président à leur requête, Moussa Boly tient tout de même à rappeler ceci : « Comme Blaise Compaoré est le champion de la recherche de la paix dans le monde, il comprendra, à travers notre démarche, qu’il y a nécessité d’assurer cette paix dans son pays ».