Le Burkina vient d’enregistrer son premier rapt. En effet, un employé roumain de la mine de Tambao dans le nord du Burkina, a été enlevé le samedi 4 avril dernier par des hommes lourdement armés. Ils auraient blessé un gendarme avant de disparaître dans la nature avec l’otage. Ce rapt n’a pas encore été revendiqué mais tout laisse croire qu’il s’agit d’un acte terroriste. Les autorités burkinabè qui ont été alertées, ont immédiatement entamé des recherches en vue de retrouver l’otage et ses ravisseurs.
Pour l’instant, on a très peu d’informations sur ce rapt mais selon certaines sources, les ravisseurs auraient déjà franchi la frontière burkinabè et se trouveraient en territoire malien. En tout cas, les autorités nigériennes ont affirmé n’avoir pas constaté la présence des ravisseurs sur leur sol. Faut-il le souligner, Tambao est une localité burkinabè riche en manganèse faisait frontière avec le Niger et le Mali. En attendant de connaître l’identité des ravisseurs, on peut dire que cet enlèvement est un mauvais signe pour le Burkina.
Cela est d’autant plus vrai que les autorités de la transition sont déjà confrontées à d’énormes difficultés dont des problèmes sociaux. Toutefois, l’espoir de retrouver l’otage est grand car le Burkina a déjà fait ses preuves en la matière. On se rappelle que l’Italienne Maria Sandra Mariani et l’Espagnole Alicia Gamez otages d’AQMI, avaient été toutes libérées par les autorités du régime déchu. Les Canadiens Robert Fowler et Louis Guay enlevés en décembre 2008 au Niger, avaient eux aussi, obtenu leur libération en 2009 grâce aux bons offices du Burkina.
Certes, certains hommes qui ont une expérience avérée en la matière comme Moustafa Ould Liman Chafi, conseiller de l’ancien président Blaise Compaoré, ne sont plus au Burkina mais on peut compter sur le régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Le RSP a là, un cas pour prouver son efficacité
En tout cas, ce corps d’élite dont l’une des missions est de lutter contre le terrorisme a là, un cas pour prouver son efficacité au peuple burkinabè qui réclame à cor et à cri sa dissolution. S’il n’a pas pu empêcher ce rapt, ce qui était d’ailleurs difficile, il doit au moins pouvoir retrouver l’otage avant que l’irréparable ne se produise. Cela dit, faut-il lier cet enlèvement de Roumain à la projection du film ‘’Timbuktu’’ au dernier Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui n’avait pas plu aux barbus? On savait plus ou moins qu’en acceptant de projeter ce film, le Burkina pouvait s’attirer la colère des fous d’Allah.
D’ailleurs, on se rappelle que la sécurité avait été renforcée autour de la salle de ciné où ce film avait été projeté mais aussi autour de son réalisateur, le Mauritanien Abderrahmane Sissako. Toutes choses qui prouvent que le pays des Hommes intègres était conscient qu’il prenait un gros risque et qu’il pouvait s’exposer à des représailles. En absence de revendications claires et nettes, cette hypothèse n’est donc pas à exclure.
Comme le dit un proverbe, la vengeance est un plat qui se mange froid. Il se pourrait que ces fanatiques aient décidé de laisser passer la période du FESPACO où le Burkina avait mis en place un solide dispositif de sécurité pour parer à toute éventualité et d’agir au moment où la garde semble avoir un peu baissé. En tout état de cause, il faut craindre que ce rapt ne soit le début d’une invasion djihadiste au Burkina. De mémoire des Burkinabè, avant cet enlèvement, le pays était à l’abri d’acte terroriste.
Mais avec ce qui vient de se produire, on est en droit de se demander si le Burkina n’est pas désormais dans le viseur des djihadistes? En tous les cas, cet acte est suffisamment grave pour que le Burkina renforce la sécurité au niveau de ses frontières. Autrement dit, il doit garder l’arme au pied afin d’éviter que de tels actes ne se reproduisent, car ils pourraient contribuer à le rendre moins fréquentable et à le vider de ses investisseurs et de ses touristes.
Dabadi ZOUMBARA