L’organisation des élections municipales complémentaires du 2 février dernier a bouclé définitivement les scrutins couplés de 2012. En attendant un bilan exhaustif pour prendre la mesure de l’impact de ces consultations sur la vie démocratique au Faso, on peut d’ores et déjà remarquer que de la kyrielle de formations politiques qui sont allées à la chasse aux voix des électeurs en décembre 2012, très peu ont pu convaincre les Burkinabè de leur accorder leur confiance.
En effet, sur quelque quatre-vingts partis et formations politiques qui étaient en lice, ils sont à peine une trentaine à avoir obtenu un siège de conseillers tandis que seulement treize comptent des députés à l’Assemblée nationale. Un tel constat ramène en surface le débat sur la limitation du nombre de partis dans notre pays. Si, à l’ouverture démocratique, il était nécessaire de laisser des passions opprimées par plus de dix ans d’Etat d’exception s’exprimer, plus de vingt ans après, il est plus que temps de recadrer la vie des partis politiques. Rien ne sert de laisser proliférer des partis qui n’ont aucune emprise sur le terrain. Car, de par la loi fondamentale, ils ont pour mission essentielle d’animer la vie politique nationale et de participer à l’éducation citoyenne des populations. C’est pour cette raison que le Trésor public se saigne chaque année pour mettre à leur disposition le minimum pour leur permettre de fonctionner. Plus il y a de partis, moins est grande la part donnée à chacun d’entre eux. C’est dire que les formations politiques dormantes et celles qui essayent de donner de la voix sont traitées sur le même pied. Certains leaders politiques sont devenus des politiciens professionnels et leur parti en est le principal capital. Ceci expliquant cela, il y a trop de partis fantômes au Faso.
Il y a quelques mois, le ministère de l’Administration territoriale a tenté de mettre un peu d’ordre en menaçant de radier de la liste toutes les formations fantaisistes qui n’étaient pas en règle vis-à-vis de leurs propres textes. Pour ne pas être écartés des financements, certains d’entre eux ont rapidement convoqué leur instance statutaire afin de se mettre en règle. Cette opération de toilettage du ministère avait été positivement appréciée par l’opinion nationale. Au vu des résultats des scrutins couplés, un autre nettoyage s’impose, pour laisser sur le terrain les seules formations qui ont à cœur de remplir leurs missions constitutionnelles.
Certes, il ne s’agira pas d’un retour à la limitation drastique imposée sous la IIIe République, mais il y a lieu de ne donner l’argent du contribuable qu’aux seuls méritants. On pourrait exiger que la reconnaissance légale d’un parti soit liée à des critères clairs. Par exemple, puisque la Constitution bannit les partis à caractère régionaliste, le ministère en charge de la police des partis ne doit délivrer de récépissé que lorsque la formation politique fait la preuve qu’elle est présente dans sept des treize régions, à travers des fédérations ou autres sections. Car, si une organisation politique n’est pas à même de recruter en dehors de son fief qui est généralement la région d’origine de son chef, elle n’a aucun caractère national. Il n’y a pas de doute, la scène politique burkinabè serait plus démocratique avec dix formations politiques déterminées et jouant pleinement leur rôle plutôt qu’avec plus de deux cents partis où finalement seuls trois ou quatre font la pluie et le beau temps.
Il est donc temps pour l’Etat de refaire le grand tri pour laisser sur le bas-côté les incapables. Le durcissement des conditions d’existence pourrait également pousser les hommes politiques à plus de tolérance et de démocratie à l’intérieur des partis.