Braquage en plein jour à Dakola le 16 février 2013. Les bandits tuent une personne et s’emparent d’une forte somme d’argent. Le spectacle est désolant. Désolant parce que de plus en plus dans nos cités, les bandits ne se contentent plus de cambrioler le petit boutiquier du quartier. Ils cherchent plus gros et ciblent là où ils peuvent frapper très fort avec toutes les conséquences désastreuses que cela puisse entraîner. Cela a été le cas dans une banque et plus récemment à la caisse d’épargne de Kaibo de Manga et on en oublie d’autres certainement.
A l’allure où vont les choses, il faut craindre le pire. Après les banques, les bandits vont-ils s’attaquer aux sites miniers, à l’administration ? On ne le sait pas. Peut-être ! Mais il est temps aujourd’hui de réfléchir sur les actions à mettre en œuvre pour contrer cette forme de criminalité, tout à fait particulière dans notre pays. D’habitude, ces spectacles dignes de films d’Hollywood nous étaient donnés à voir par d’autres pays. Avec les guerres à répétition dans la sous-région et la paupérisation des certaines classes sociales, tous les moyens sont bons pour avoir l’argent, seule valeur de nos jours. Hélas ! Malheureusement !
Les forces de l’ordre et de sécurité censées être le dernier rempart croulent sous le poids de leur inefficacité et du manque criard de moyens. Quand ils n’assistent pas immobiles à ces scènes, ils essaient vainement de contrer les actions criminelles par manque de moyens logistiques, matériels et surtout par leur sous-effectif. Il est temps que l’Etat ouvre l’œil et surtout le bon pour ne pas donner l’impression, d’ailleurs déjà répandue, qu’il ne cherche qu’à protéger ses arrières.
C’est une lutte de longue haleine qui passe non seulement par une volonté politique réelle mais aussi par une stratégie innovante qui prenne en compte la marche du monde. Le ministère chargé de la sécurité a beau demandé la collaboration des populations pour traquer les bandits dans nos cités, tant que les policiers et les gendarmes ne seront pas déployés dans toutes les villes, la lutte sera inefficiente, faite chaque jour que le bon Dieu fait de beaux discours. Il faut que l’on quitte le cercle du « chemin de l’enfer est fait de bonnes intentions. »
Il y a des actions, somme toute salutaires, mais qui méritent d’être développées dans les autres villes du Burkina. Il s’agit entre autres de la Compagnie républicaine de sécurité et de la Brigade anti-criminalité. Elles pourront mieux servir dans des localités comme Pô, Léo ou Manni où les attaques à main armée sont récurrentes. Au lieu de cela, il y a une concentration des forces de sécurité dans les grands centres urbains comme Ouagadougou et Bobo. Au finish, les populations de l’intérieur qui ont droit elles aussi à la sécurité, ont le sentiment que ces forces de sécurité sont faites seulement pour les citadins.
L’autre sentiment, légitime ou non, est que les forces de l’ordre sont là beaucoup plus pour contrer les manifestations que pour défendre les citoyens. Combien de fois, des policiers et des gendarmes ont assisté à des tueries, que ce soit à Zabré ou Guénon où des Burkinabè été ont tués sauvagement par d’autres Burkinabè.
La lutte contre le grand banditisme, l’une des priorités de l’actuel locataire du palais de Koulouba, peine à prendre forme avec les attaques de tous les jours. Faut-il attendre un jour qu’un cortège ministériel soit la cible d’une attaque criminelle pour que des mesures vigoureuses soient prises ? Cela sera la déliquescence totale de l’autorité de l’Etat, déjà défiée par la nouvelle race de bandits sans foi ni loi. C’est à Luc Adolphe Adolphe Tiao de prouver hic et nunc que les Burkinabè peuvent vaquer tranquillement à leurs occupations sans peur d’être attaqués à tout moment. Faute de quoi, ce n’est pas de trop de dire que l’on arrivera comme dans certains pays où les populations créeront leurs propres guérillas .