Dans le cadre de la lutte engagée depuis, le 30 mars 2015, l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) a organisé une marche-meeting, le 31 mars 2015, à Ouagadougou. L’objectif était de soumettre leurs doléances à leur ministre de tutelle et d’exprimer leur mécontentement par rapport à leurs conditions de vie et de travail.
A partir de 7h, les chauffeurs routiers ont investi la place de la révolution. Aux environs de 9h, les manifestants se sont dirigés vers la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) en passant par le rond-point des cinéastes et celui des Nations Unies, tout en chantant « vive les routiers ! ». Arrivés à l’entrée principale du palais de justice, les marcheurs ont fait une halte et les délégués ont profité remettre leur lettre de doléance au ministre des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports,Daouda Traoré, venu les rencontrer. Après cette remise, les chauffeurs-routiers se sont donnés rendez-vous au point de départ où plusieurs responsables syndicaux sont venus leur manifester leur soutien. Selon le Président de Mois des centrales syndicales, Paul Kaboré, toutes les centrales syndicales joindront leur force à l’UCRB et prendront des décisions pour le futur, si toutefois, le gouvernement ne répondait pas favorablement à leur plate-forme.
«Toute la famille syndicale, votre famille vous souhaite un plein succès », formule M. Kaboré. Le représentant de la Fédération internationale des ouvriers du travail pour l’Afrique francophone (ITF) et de la CEDEAO, Bayla Sow a, pour sa part, salué le courage et la détermination des chauffeurs pour leur mobilisation. « Après 3 ans de négociation, de sens de la responsabilité et devant le refus du patronat d’appliquer la convention collective, vous avez décidé, avec courage, de lancer un mot d’ordre de grève de 48heures, un mot d’ordre de grève largement réussi.L’ITF, votre fédération internationale salue votre mobilisation exceptionnelle de ce jour. Elle partage la justesse de vos revendications et vous soutient, depuis l’élaboration du projet de convention collective, depuis la négociation jusqu’à la signature » a-t-il laissé entendre. Pour lui, il est légitime que les chauffeurs exigent la fixation d’un salaire minimal et son application dans tous les secteurs. « Il n’est pas normal que les chauffeurs, en allant à la retraite, ne puissent pas avoir de pension et passent leur temps à quémander. Il n’est pas normal, que si un accident survient, vous restez chez vous et que vous n’ayez absolument rien », déplore Bayla Sow.De ce fait, le représentant de l’ITF suppose que l’application de la convention collective permettra aux chauffeurs routiers d’avoir de meilleures conditions de vie et de travail, car les chauffeurs constituent le pilier de l’économie de la nation. Quant au Président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB), Brahima Rabo, il indique que la grève prend fin le 31 mars 2015 à minuit. En ce qui concerne les actions futures à entreprendre, en cas d’échec avec le gouvernement, le Président de l’UCRB n’a émis aucune inquiétude pour l’instant. « Nous comptons avoir de bons résultats. Dans les jours à venir s’il n’y a pas d’issue favorable, nous saurons comment réagir », souligne Brahima Rabo. Avant de quitter les lieux, la Société nationale burkinabè de l’électricité (SONABEL) a fait venir un émissaire demandant aux transporteurs de faire venir quelques citernes d’hydrocarbure afin qu’elle puisse alimenter les locaux du centre hospitalier Yalgado Ouédraogo. Sollicitude, à laquelle les manifestants ont imposé un refus catégorique.
Les aveux du ministre de tutelle
Dans la foulée, le ministre des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports a donné de détails sur la mobilisation des chauffeurs-routiers qui porte autour de quatre points. A ce titre, le ministre a énuméré l’application de la convention collective des transporteurs routiers adoptée en 2011. Aussi, Daouda Traoré a ajouté la réduction du coût du permis « E » qui est présentement à 150.000FCFA et de son temps d’acquisition. En plus, l’opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé et l’arrêt des tracasseries routières sont ressorties au cours de ces échanges avec le ministre des Transports. «Je voudrais, à titre d’information, dire que l’ensemble de ces préoccupations ne me sont pas étrangères. Dans ma prise de fonction, le 20 janvier, j’ai vite entrepris, dans le cadre du dialogue, de rencontrer tous les partenaires sociaux du département afin de m’enquérir de leur besoin et voir dans quelle mesure on pouvait avoir des solutions. Pour ce qui est de l’UCRB, les préoccupations qui sont les causes de l’arrêt de travail, ont été évoqué et ont fait l’objet de traitement par les différents services concernés », explique le ministre Daouda Traoré. Par ailleurs, il précise que lorsque le préavis de grève lui est parvenu, une rencontre a été envisagée afin d’échanger et de les tenir informés des solutions en cours, pour répondre à leurs aspirations. « Le mardi 24 mars 2015, le Secrétaire général assisté de tous les directeurs concernés par ce dossier, a rencontré l’UCRB pour examiner les préoccupations. Les quatre points ont été passés en revue et des pistes de solutions dégagées, de commun accord. En conclusion, il avait été demandé que l’arrêt de travail soit différé. Chose que le syndicat n’a pas accepté », a déclaré le ministre. En somme, il a exprimé toute sa disponibilité avec ses collaborateurs à examiner l’attente du syndicat. « Bien attendu, avant de recevoir, ce matin, leurs doléances, j’ai, à nouveau, échangé avec eux aux alentours de 7h, aux fins d’en appeler à leur sens patriotique et à leur esprit de responsabilité pour que leur revendication ne finisse pas par créer des situations préjudiciables à la nation toute entière », soutient-il. Avant de prendre congé des invités, il a dit qu’une rencontre avec le syndicat est prévue pour, le 3 avril 2015
Par Lawakila Rodrigue KABARI
(Stagiaire)