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Présidentielle 2015 : attention, Mariam Sankara arrive !
Publié le mardi 31 mars 2015  |  Le Pays
Mariam
© Autre presse par DR
Mariam Sankara veuve de l`ancien président Thomas Sankara




Elle pourrait être la candidate des forces sankaristes réunies, à la présidentielle d’octobre 2015. Mariam Sankara, l’épouse du président Thomas Sankara, est, en effet, annoncée pour la convention des sankaristes de tous bords, qui aura lieu les 25 et 26 avril 2015 à Ouagadougou. Cette convention, faut-il le rappeler, est censée permettre la mise sur orbite d’un mouvement sankariste uni et la désignation, par voie de conséquence, d’un candidat unique des forces sankaristes à la prochaine présidentielle. Autant dire que cette convention est une occasion historique pour les sankaristes, de réussir là où ils ont souvent échoué, de montrer à la face du monde qu’ils ont gagné en maturité. Tous les mouvements qui se réclament de cet idéal devraient s’épauler, se soutenir de sorte à être une force qui compte, à la hauteur de leur idôle. La candidature qui se dégagera de cette convention bénéficiera des efforts conjugués de tous les sankaristes d’ici et d’ailleurs.

Une frange importante de la jeunesse se reconnaît en Thomas Sankara

La présence annoncée de Mariam Sankara à cette convention, est un symbole. Qui mieux qu’elle pour faire triompher au mieux l’idéal de son défunt mari en mettant les sankaristes d’accord et en organisant, comme il se doit, la bataille électorale ? En tout cas, sa voix sera très écoutée dans la désignation du futur candidat de l’union.

Même si elle venait à décider de ne pas être la candidate des forces sankaristes à la prochaine présidentielle, le candidat unique qui serait désigné par les sankaristes et qui aurait sa caution, serait un candidat de taille. L’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 aura donné à voir l’ampleur de l’attachement du peuple burkinabè à l’idéal sankariste. Ce n’est pas un hasard si l’actuel Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, alors qu’il dirigeait la pré-transition, tenait des discours aux relents sankaristes. Ce n’est pas non plus par simple nostalgie du passé que le président de la Transition, Michel Kafando, a accordé une place de choix à l’affaire Thomas Sankara dans ses discours, y compris dans son discours d’investiture. C’est parce que les uns et les autres sont conscients qu’une frange importante de la jeunesse burkinabè qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir, se reconnaît en Thomas Sankara et se réclame de ses valeurs, de son courage et de son combat. Malgré ce poids dans l’opinion publique, le sankarisme en était réduit à jouer dans l’arrière-cour certes, du fait de l’action du régime Compaoré qui avait tout à perdre d’un sankarisme fort et uni, mais aussi du fait de l’incapacité des sankaristes eux-mêmes à transcender leurs divergences. Pour ces raisons, certains militants ou sympathisants sankaristes, en désespoir de cause, avaient même dû, souvent la mort dans l’âme, se mettre à l’écart du jeu politique au mieux, ou rejoindre d’autres partis au pire des cas.
Bien entendu, toutes les difficultés du mouvement sankariste ne vont pas s’estomper comme par magie avec la présence de Mariam Sankara. Surtout qu’on sait que parmi les organisations qui se réclament de l’idéal du Père de la Révolution burkinabè, il y en a qui en sont des partis à la limite créés en sous-main par les pourfendeurs de Thomas Sankara. Ces mouvements pourraient tenter de ramer à contre-courant. Sans oublier l’action de ceux qui pourraient mener le combat pour leur propre chapelle. C’est dire que même uni, le mouvement sankariste devra rester vigilant, s’il veut pouvoir parer à toute éventualité, aux coups de ses ennemis. Car, il est évident que bien des gens ne voient pas d’un bon œil cette union annoncée des sankaristes. Il y en qui ont déjà le sommeil troublé, rien qu’à la simple évocation de cette perspective. Ces gens-là, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du Burkina, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre des bâtons dans les roues du mouvement sankariste. C’est de bonne guerre, pourrait-on dire. En tout cas, c’est compréhensible, au regard de ce que Thomas Sankara représente comme cauchemar pour certaines personnes.

La veuve de Thomas Sankara est une sorte de ciment qui peut consolider l’ensemble de l’édifice sankariste
Et la perspective de voir l’ex-Première Dame du Faso, Mariam Sankara, descendre elle-même dans l’arène, ne laisse pas indifférent. Avec Mariam Sankara, le mouvement sankariste qui était constitué de courants disparates et faibles, pourrait se transformer en un cyclone redoutable pour tous ses adversaires. Elle peut surfer sur la vague de popularité restée intacte, voire amplifiée, de son mari. Thomas Sankara, faut-il le rappeler, est un mythe vivant. Il est, au sens noble du terme, un véritable fonds de commerce politique aujourd’hui. Ses idées mobilisant toujours des foules insoupçonnées. Ses tombeurs ont échoué à le faire oublier, à le faire détester. Ses partisans et sympathisants eux, sont convaincus qu’il incarne la fierté nationale. Thomas Sankara représente au sein de l’opinion, un substrat émotionnel fort. Pour ses admirateurs, il est un condensé de valeurs, un président qui avait ce sens de l’honneur qui se fait rare aujourd’hui chez les dirigeants africains. Cette admiration n’est d’ailleurs pas démentie à travers le monde, quand on voit des organisations diverses un peu partout qui s’en réclament, des infrastructures qui portent son nom. Candidate, Mariam Sankara serait volontiers rejointe et accompagnée par bien des gens, rien que de par le label que représente son époux. Mariam Sankara a donc avec elle, du fait de son époux, tout ce capital sympathie et un énorme carnet d’adresses à faire pâlir d’envie bien des hommes politiques.
Mais, en plus de cela, Mariam Sankara a ses valeurs personnelles qui parlent pour elle. Discrète, digne dans sa souffrance, elle incarne la respectabilité.

Première dame, elle n’a jamais été dans les excès et quand son mari a été assassiné, elle a su éduquer ses enfants dans la douleur et la dignité. Pendant 27 ans, elle a enduré l’exil forcé et il n’y a jamais eu de sa part quelque écart de comportement.

En tout état de cause, une candidature de la veuve de Thomas Sankara fera du bien au mouvement qui s’inspire de son époux. Jouissant d’une grande estime dans l’opinion nationale et internationale, elle est une sorte de ciment qui peut consolider l’ensemble de l’édifice sankariste. Ce qui lui permettra d’occuper toute la place qui est la sienne dans la vie du pays. Elle pourrait être, avec Saran Séré/Sérémé, l’une des rares femmes en lice pour la présidentielle 2015. Une telle candidature occasionnerait alors une recomposition du paysage politique burkinabè. Surtout qu’en plus du fait qu’elle ragaillardirait et mobiliserait les sankaristes affirmés de tous bords et de tous horizons, elle réveillerait le sankarisme latent en bien des Burkinabè. Mieux, elle va ratisser jusque dans les camps virtuellement opposés au sankarisme. Elle a le profil intellectuel et la force morale suffisants pour mener à bien ce combat tendant à rendre effective cette force latente du sankarisme. Au regard de tout cela, on pourrait lancer aux autres candidats potentiels ceci : « Attention, Mariam Sankara arrive !».
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