La lutte se poursuit en se durcissant chez les travailleurs de la Brakina. En plus de la plate-forme revendicative initiale, les employés de la Société des brasseries du Burkina réclament desormais le depart sans condition du directeur général et du directeur des usines, Simplice Somé. Mobilisés devant le site de la Brakina à Kossodo le 30 mars dernier, les travailler n’y sont pas allés du dos de la cuillère pour dénoncer une condition de travail qui fait penser à la situation ouvrière aux premières heures de la révolution industrielle.
Les travailleurs de la BRAKINA sont encore montés au créneau le 30 mars dernier pour exiger la satisfaction de leur plate -forme revendicative. Pour les travailleurs, le patronat n’est pas dans les conditions souhaitées pour le dialogue. Pour eux, les différentes sorties médiatiques du DG de la SODIBO ont été imprudentes et empreintes de mépris vis-à-vis des travailleurs. Pour les ouvriers de la société des brasseries du Burkina, la situation actuelle rend l’actuel DG indigne de présider aux destinées de la société. Le DG qui aurait passé 8 ans à la tête de la société a flirté avec le régime déchu et se comporterait comme un empereur baroque en terre étrangère, selon les travailleurs. Selon certaines sources, le DG de la BRAKINA aurait même refusé de déférer à une convocation du ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale. Mobilisés devant la BRAKINA, dans la zone industrielle de Kossodo, les travailleurs ont estimé que la lutte, au - delà, de la défense de leurs intérêts matériels constitue un ring pour la restauration de la dignité des Burkinabè. Pour eux, les conditions de travail et de traitements des travailleurs dénotent d’une tolérance des autorités face à une exploitation de la classe ouvrière qui rappelle l’époque coloniale. Manque d’aération, bruit assourdissant de travail, absence de pause, même pour se loger, les ouvriers sont condamnés au bagne de l’exploitation des patronats. Ils ne comprennent pas l’attitude des autorités face au phénomène des pires formes d’exploitation qui touchent, selon eux, quasiment toutes les usines du Burkina. A en croire ces derniers, le bourreau du DG n’est autre que le directeur des usines nommés Simplice Somé. Ce dernier est la terreur dans l’usine et se livre à des actes attentatoires à la dignité et à la considération.
Haro contre le système de sous-traitance dans les usines
Nombreux sont les travailleurs de la BRAKINA qui ne perçoivent pas leurs rémunérations que chez RMO, une société de sous-traitance. A en croire des manifestants, les caristes (ndlr : les conducteurs des chariot automoteur de maintenance) et les manutentionnaires sont rémunérés à travers la société RMO qui retiendrait environ 50% de la rémunération versée par la BRAKINA. Pour les travailleurs, c’est une forme d’exploitation inacceptable des employés qui doit cesser. En cette matinée du 30 mars, les travailleurs ont reçu la visite d’un représentant de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina pour faire le point d’une rencontre entre des délégués syndicaux et le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la sécurité sociale. Rencontre au cours de laquelle, le ministre Augustin Loada a demandé aux travailleurs de reprendre le travail. Toute chose à laquelle les travail ont opposé un refus catégorique et même ont soupçonné le ministre d’avoir perçu un pot de vin de la part de la BRAKINA. « On ne peut pas comprendre que le ministre tienne ces genres de propos. S’il a perçu quelque chose, c’est son problème », ont laissé entendre certains manifestants ». A en croire Nobila Ouédraogo sécrétaire général chargé à la formation à la CNT-B, l’objet de la rencontre avec les travailleurs est de recueillir leurs réponses aux différentes propositions du ministre Augustin Loada. « Nous sommes là pour nous entretenir avec le personnel pour les encourager , soutenir et faire le point de la rencontre que nous avons eue avec le ministre de la Fonction public, du Travail et de la Sécurité sociale , sur sa demande. Il s’est agi pour nous de faire le point aux travailleurs et recueillir donc les réactions, leurs propositions parce que le gouvernement, en substance, demande qu’on puisse libérer l’entreprise et que le travail puisse reprendre », a-t-il déclaré. Pour Nobila Ouédraogo, le travail ne peut pas reprendre dans les conditions actuelles d’autant que ni les conditions matérielles à l’usine ni le climat social marqué par le licenciement de 10 travailleurs ne sont pas réunies. « Il ya 10 travailleurs à bobo qui ont été sanctionnés .Il ya une réorganisation du travail avec des heures supplémentaires impliquant un programme 4 4. C’est tout cela que les travailleurs rejettent et comme les discussions sont en cours, nous allons faire la synthèse après. Nous avons déjà fini avec un 1er groupe. Nous avons une équipe à Bobo qui va réunir également les travailleurs et discuter. C’est à la fin que nous allons faire la synthèse et envoyer les réactions des travailleurs au ministre de la Fonction publique, au plus tard à 17H. Nous allons prendre aussi la réaction de BRAKINA et ensemble, on va confronter et on va voir la suite. C’est le gouvernement qui a proposé de mettre en place un comité de médiation. Les travailleurs n’ont pas refusé mais on attend de voir concrètement comment cela va se passer et surtout les résultats que cela va nous donner», a-t-il déclaré. Solidaires de la lutte des travailleurs, certains grossistes s’en sont vivement attaqués à certaines mesures jugées désinvoltes du DG à savoir celles consistant à écarter une certaine catégorie de clients. A en croire, un grossiste ayant requis l’anonymat, le DG aurait déclaré que désormais les clients incapables de prendre 200 palettes ( ndlr : une palette fait 720 bouteilles) ne seront pas servis. En tout cas, pour les travailleurs, les consommateurs doivent s’apprêter à souffrir davantage du manque de boisson si le DG de la BRAKINA et son acolyte, Simplice Somé appelé S.S ne quittent pas la direction de la BRAKINA. Mobilisés, nez-à nez avec des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) les travailleurs ont dit avoir des ressources nécessaires pour tenir longtemps la veillée d’armes1
Par S.R.P et V. Z ( Stagiaire)