La crise sociale entre employés et employeurs est de plus en plus exacerbée en cette période de transition, et pour ne rien arranger, le Syndicat autonome des contrôleurs et inspecteurs du travail est en grève depuis hier, et ce pour 72 heures. Un mouvement à prendre selon les responsables de la structure comme un avertissement, car des actions plus vigoureuses pourraient suivre.
L’article 392 du code du 2008 stipule : « l’Etat doit mettre à la disposition de l’Inspection du travail les moyens en personnel et en matériel nécessaires à son bon fonctionnement .Les prestations en nature des inspecteurs du travail sont fixées par voie réglementaire ».
Après une longue bataille, il a été inscrit une ligne budgétaire dans le budget 2015 devant supporter l’incidence financière. Mais les autorités, notamment le ministère des Fiances, refusent de signer le texte d’application devant servir de base légale pour l’exécution de cette ligne.
Pour le syndicat, le ministre de tutelle, Augustin Loada, ne fait pas assez pour l’aboutissement du dossier. C’est là le premier point de revendication du syndicat. Le deuxième point concerne le statut du corps des inspecteurs et contrôleurs du travail, qui a été remis en cause alors que les conventions de l’OIT l’exigent clairement. Le troisième point, c’est le jugement des dossiers pendants.
Notons que des agents de liaison, chargés de remettre les convocations à des travailleurs, sont séquestrés et malmenés. En outre des travailleurs plaignants sont convoqués à la gendarmerie ou au commissariat pour être intimidés ; des forces de l’ordre interviennent dans les séances de conciliation, etc.
Les dossiers les plus pendants sont : agression d’un agent de liaison par le chien d’un employeur dont le jugement est en toujours en cours ; séquestration d’un autre dans les locaux d’EDYF WP par le premier responsable de cette société en 2003. L’indignation des contrôleurs et inspecteurs est d’autant plus grande que le nouveau ministre du Travail et de la Sécurité sociale semble ignorer ces dossiers d’importance.
Selon le SG, Hamidou Bélem, pour éviter d’autres cas, il faut une rencontre entre eux et les acteurs de la justice ainsi que les forces de l’ordre. « Nous ne demandons que l’application des textes et non autre chose », a martelé le SG.
« Les affaires sont sérieuses, et chaque fois le ministre Loada dit qu’il n’est au courant de rien ; ça c’est très grave », murmure un gréviste. Dans tous les cas la détermination des grévistes est sans faille et ils ne comptent pas en rester là. Ils menacent de conduire un autre mouvement de 120 heures du 13 au 17 avril 2015 avant d’envisager d’autres actions plus vigoureuses si rien n’est fait entre-temps.
Abdou Karim Sawadogo