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L’Observateur N° 8316 du 19/2/2013

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Gbagbo devant la CPI : Le tribunal peut-il vraiment lâcher sa proie ?
Publié le mercredi 20 fevrier 2013   |  L’Observateur


CPI
© AFP par DR
CPI : l’ex Président ivoirien Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.


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Alea jacta est ! Les juges de la CPI trônent de nouveau et se penchent sur le cas Gbagbo. Mais cette fois, l’enfant terrible de Mama sait qu’il risque gros ; à vrai dire, il joue sa tête ; dans juste quelques jours, le 28 février, lorsque tout sera fini, Laurent Gbagbo sera fixé sur son sort : ou bien rien n’est retenu contre lui et il est purement et simplement relaxé, ou au contraire les charges qui, à l’heure actuelle, pèsent contre lui sont retenues, et donnent lieu à l’ouverture d’un procès. Alors, pile ou face ?

Plutôt face, est-on tenté de dire ; car au regard de la lourdeur des accusations dont il fait l’objet, cela relèverait d’un miracle que l’homme en réchappe : quatre chefs d’accusation portant sur des crimes contre l’humanité et se décomposant en meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, c’est du balèze, et on ne voit pas comment l’ancien président pourrait s’en tirer indemne. A tel point qu’ils sont nombreux, ceux qui affirment que la sentence de l’audience est déjà connue avant même son ouverture.

Mais à supposer que ce que subodorent les uns et les autres se réalise, demeure une grosse inconnue : quel sort sera celui de la réconciliation en Côte d’Ivoire à court, moyen et long terme ?

Déjà à Abidjan, la comparution actuelle de l’ancien président, si elle est suivie avec attention par les amis d’Ado et ceux de Gbagbo, ne suscite pas la même passion dans les deux clans. Normal, les premiers jubilent à l’idée de voir apparaître une manifestation de la vérité, tandis que les derniers crient à la manifestation scandaleuse d’une hideuse justice de vainqueurs. Le problème est que c’est l’ensemble de ces partisans de philosophies politiques diamétralement opposées qui ont besoin de s’unir pour construire une Côte d’Ivoire de paix ; une terrible gageure.

Et l’on finit par se demander si Ado n’aurait pas mieux fait (gagné ?) en gardant son prisonnier sur le territoire ivoirien, quitte à se chauffer les méninges pour savoir comment gérer pareil dossier brûlant. Au moins la chose se serait faite en famille, en Côte d’Ivoire ; et avec peut-être plus d’avantages que d’inconvénients. La condamnation d’un Laurent Gbagbo à x années de réclusion à La Haye peut radicaliser les proches et amis de son clan politique, avec tous les corollaires de résistances et d’inimitiés politiques que cela suppose.

Alors pour les vœux de réconciliation et d’unification nationale, il faudra sans doute repasser. En un mot comme en mille, c’est la sagesse la plus élémentaire qui commande de faire le constat difficile qui s’impose : la Côte d’Ivoire n’a peut-être pas encore atteint le bout du tunnel ; la panacée reste toujours à découvrir ; reste à savoir quand, par qui et comment.

Jean Claude Kongo

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