Quinze. Cela fait maintenant 15 ressortissants français retenus comme otages en Afrique : la liste s’est allongée hier de 7 nouveaux venus, enlevés aux confins de la frontière Cameroun/Nigeria.
Fait inédit, les captifs sont d’une même famille, soit 3 adultes et 4 enfants (deux filles et deux garçons) qui, selon toute vraisemblance, revenaient du parc naturel de Waza dans l’extrême nord du Cameroun. Chose inédite également, c’est la première fois que des Français sont la cible de ravisseurs en territoire camerounais.
C’est en réalité un rapt prévisible, même si personne ne savait où les preneurs d’otages frapperaient. Depuis l’intervention militaire française au Nord-Mali il y a un bon mois, où elle pourchasse les narco-salafistes qui avaient fait main basse sur la partie nord du pays, les autorités françaises savaient accrus les risques qui pesaient sur leurs compatriotes.
Le coup est certes venu de loin du théâtre des opérations, mais il est difficile de ne pas voir une relation de cause à effet entre les deux événements. De même, bien qu'au moment où nous tracions ces lignes aucune revendication n’avait été faite, comment ne pas voir la main de Boko Haram dans ce qui est arrivé hier ?
Les membres de cette organisation terroriste nigériane, qui s’en prennent régulièrement aux fidèles et aux lieux de culte chrétiens, n’ont jamais fait mystère de leur haine pour l’Occident chrétien, qu’ils combattent sans relâche depuis des années. Leur dénomination, Boko Haram, ne signifie-t-elle d’ailleurs pas «L’éducation occidentale est un péché» ?
Si leur implication dans le présent rapt devait se confirmer, ce ne serait du reste pas la première fois qu’ils s’illustreraient dans l’industrie de l’enlèvement. En effet, sept autres employés d’une société de construction libanaise ont été enlevés le dimanche 17 février dernier à Jama, dans le nord du Nigeria, par des assaillants du groupe islamiste Ansaru, lié à Boko Haram.
La suspicion qui pèse sur Boko Haram est d’autant plus sérieuse que certains de ses éléments étaient allés faire le coup de feu auprès de leurs frères d’ANSAR DINE, du MUJAO… Reste à savoir quelle répercussion cette nouvelle donne peut avoir sur le cours des opérations dans le septentrion malien.
Va-t-elle accélérer le retrait des troupes tricolores, déjà annoncé, qui cherchent à se dépêtrer des sables mouvants maliens pour ne pas s’y enliser complètement ? L’avenir nous le dira.