Le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a informé l’opinion publique que les président et assesseur du bureau de vote n°3 du secteur n°17 de l’Arrondissement 4 de Ouagadougou, sous prétexte de préparer les lieux pour les opérations électorales du 17 février 2013, ont procédé au paraphe systématique d’une centaine de bulletins de vote dans la nuit du 16 au 17 février 2013. Les deux membres du bureau de vote concernés ont été relevés de leur fonction, les carnets, objets du paraphe anticipé, ont également été remplacés et les autorités compétentes saisies pour diligenter des investigations en vue de faire toute la lumière sur cette affaire. Encore hélas !
Une fois le plus le discrédit est jeté sur le processus électoral dans notre pays ! Combien de fois allons-nous prôner la transparence et la sincérité des élections dans notre pays ? On a beau écrire ou organiser des débats, commentaires sur les élections au Burkina Faso, certains acteurs ne semblent pas vouloir tirer les leçons des comportements négatifs. Des comportements qui ternissent l’image du Burkina Faso et qui font perdre de l’argent par des reprises de scrutin.
Il suffit de voir ce qui s’est passé dans certains pays proches de chez nous comme en Côte d’Ivoire pour se rendre compte des dangers d’une élection truquée, contestée. Les président et assesseur du bureau de vote n°3 du secteur n°17 de l’Arrondissement 4 de Ouagadougou avaient-ils d’autres intentions en ne suivant pas les consignes données par la CENI ? Pourquoi ont-ils choisi délibérément de prendre des initiatives contraires aux procédures enseignées pendant les séances de formation ? En tous les cas, les investigations permettront d’éclairer l’opinion publique sur cette situation. Mais il ne suffit pas d’investiguer, il faut aussi pouvoir sanctionner lorsque la culpabilité d’un agent électoral ou de n’importe quel individu est bien établie. Ya-t-il eu tentative de fraude ?
On se souvient encore des tentatives de fraudes dénoncées, par les deux grands partis rivaux lors des municipales de 2006 au niveau du Yatenga. Des individus détenant de faux documents ont été pris en flagrant délit à Ouahigouya, précisément aux secteurs n° 2, 3 et 7 à l’époque. Pire, un représentant d’un parti au bureau n°1 du secteur n°3, aurait été renversé à l’occasion par un véhicule d’un autre parti rival, selon la victime elle-même, alors qu’il conduisait à la gendarmerie un fraudeur pris en flagrant délit. Et ce n’est pas tout ! Des accusations du genre, des électeurs ont été convoyés par cars, des distributions massives de cartes, etc., revenaient souvent avant l’adoption de la biométrie. Aucune sanction à l’époque n’avait été prise à l’encontre des fraudeurs présumés. Or, les actes de nature à compromettre le bon déroulement des élections organisées au Burkina Faso doivent être réprimés.
Ni les partis politiques, ni la CENI n’ont intérêt à compromettre la sincérité d’un scrutin. Chacun devrait plutôt œuvrer pour qu’au final, le pays tout entier et la communauté internationale puissent saluer l’exemplarité de nos scrutins. Si le Burkina Faso veut être cité parmi les grandes démocraties du monde, il a intérêt à combattre toutes les tentatives de manipulations pendant les élections.
La CENI a certes le devoir de veiller à la transparence et à la crédibilité du processus électoral mais elle doit être appuyée par les autres acteurs. Le bon déroulement d’une élection n’est pas que l’affaire de la CENI.
Il faut absolument que la justice puisse dire le droit lorsque des actes condamnables sont posés. C’est la seule façon de dissuader les partisans de la courte échelle. Sanctionner c’est aussi prévenir la violence électorale. La justice est la sanction des injustices établies, selon Anatole France. Ne pas donner une suite judiciaire aux actes répréhensibles, c’est laisser libre cours aux spéculations, interprétations et autres.
Nous avons la conviction avec le professeur en Sciences de l’éducation de l’université de Nancy II, Eirick Prairat, que « La sanction vise à rappeler la primauté de la loi et non la prééminence des adultes. ». C’est pourquoi, il faut contraindre pour réaffirmer le primat de la loi. Même si la punition peut compromettre une relation, si elle peut être éducative, nulle ne doit s’en plaindre. « La montée des extrémismes, c’est toujours la sanction de l’inaction », a noté l’ancien président français, Jacques Chirac. Pour préserver la paix et la stabilité, le Burkina Faso aura plus intérêt à mettre au pas tous ceux qui le menacent ou qui travaillent à déstabiliser les fondements de la démocratie. La persistance de signaux négatifs aura pour conséquence de faire croire à la jeune génération que pour prospérer il faut être malhonnête. Que Dieu sauve le Burkina Faso !