Le tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou a abrité, le vendredi 27 mars 2015, le procès de la société Ouédraogo Boureima et frère (OBOUF) incriminée dans l’affaire des cannettes périmées, depuis le 19 février 2015. Le jugement a été placé sous la présidence de Safiatou Sanou/Traoré, en présence du procureur du Faso, Désiré Sawadogo
Ils étaient au total 13 personnes à comparaître devant les juridictions du Burkina Faso dans l’affaire des cannettes périmées qui fait couler beaucoup de salives, depuis le 19 février 2015. « Falsification de date de péremption, usage d’appareil pour le changement de date », ce sont, entre autres, les principaux chefs d’accusation portés contre le Président du conseil d’administration (PCA) de la société Ouédraogo Boureima et frères (OBOUF), Boureima Ouédraogo et son Staff. Pour avoir reconnu les faits qui lui sont reprochés, le PCA explique qu’il a fait confiance à ses partenaires qui ont soutenu que les cannettes étaient propres pour la consommation humaine. Dans sa plaidoirie, il souligne être à sa première tentative qui a malheureusement échoué. « L’arrivé des cannettes au Burkina Faso a enregistré un retard, car il y avait des problèmes. Lorsque c’est arrivé, nous avons constaté qu’il s’y trouvait des cannettes périmées. J’ai appelé mon fournisseur et je lui ai expliqué la situation. Vu le montant des dépenses qui ont été faites avant que le produit n’arrive au Burkina Faso, si je devais les faire retourner, cela me reviendrait encore cher. C’est là que mes partenaires m’ont fait la proposition de la machine à dater et j’ai payé », mentionne l’accusé. Il poursuit en ajoutant qu’avant de procéder à l’opération, des tests ont été effectués dans des laboratoires, en vue d’avoir une idée sur les effets néfastes du produit sur la santé humaine. « Mme la présidente, je vous jure que le produit dont il est question n’est pas toxique pour la santé de l’homme. Mais, pour rassurer le peuple je vous demande d’effectuer une contre-expertise pour prouver le degré de toxicité et de dangerosité des boissons. Cela fait 36 ans que je suis au service de ma nation que j’aime tant, qu’est-ce que cela me rapporte en voulant tuer mon peuple ? », déclare-t-il. Malgré les efforts consentis par les avocats de la défense, le PCA Ouédraogo court une peine d’emprisonnement ferme de 1 an et d’une amende de 10 000 000 de FCFA sur ordre du procureur du Faso, Désiré Sawadogo. Même sanction également pour le Directeur général, Noufou Ouédraogo, qui a reconnu à son tour l’authenticité des actes qui ont fait l’objet de son arrestation. « J’avoue que j’ai essayé de falsifier les dates de péremption des cannettes périmées dans mon entrepôt à Gampéla. Je vous assure qu’aucune boite de cannette falsifiée n’est sortie de l’entrepôt, car à peine que nous avons commencé, le 17 et le 18 février 2015, la police a été saisie et nous avons été interpellés, le 19 février 2015 », a dit Noufou Ouédraogo. A la question de savoir : si toutefois, cela avait pu continuer, que ferait-il des produits ? Le Directeur général de la société OBOUF-SA confie que ces produits allaient être destinés à la vente. Quant à la charge retenue contre la société en question, le procureur a proposé le paiement d’une amende de 10 000 000FCFA. En ce qui concerne le Tunisien, Fershishi Rached, technicien supérieur en maintenance dans la société ASL en Tunisie où a été achetée la machine à dater, venu pour l’installation et le test, il se verra infliger une peine de 3 mois de prison ferme avec une amende de 5 000 000 de FCFA. Gaoussou Ouédraogo, livreur de pièces détachées à la société OBOUF-SA, lui se voit condamné à 3 mois de prison ferme et 3 mois de sursis pour Yassia Zonon, chauffeur, tous deux pour complicité. Tasséré Ouédraogo, surveillant de matériel à OBOUF, accusé de complicité s’en sortira avec une condamnation de 2 mois de prison ferme. Relativement aux 7 autres agents à savoir Missa Sourabié, Seydou Nana, Amado Nikiéma, Amado Congo, Tasséré Belem, Raphael Sawadogo et Oumar Nyampa, le procureur a prononcé la relaxe pour insuffisance de preuve.
Des réquisitions des parties prenantes au procès
La partie civile, par la voix de son avocat, exige de la société OBOUF-SA les dommages collatéraux, une amende de 10 milliards de FCFA et 30 millions de FCFA non compris dans les dépenses. La société Coca cola, quant à elle, réclame 1FCFA symbolique à titre de dommage, une ferme condamnation de Noufou Ouédraogo et Boureima Ouédraogo et 3 millions au titre des frais non contenus dans les dépenses. Au titre des préjudices causés par OBOUF, l’Etat burkinabè demande une amende de 21 millions de FCFA à la société. Avant de procéder à l’examen du dossier, les avocats de la défense ont souhaité une contre-expertise du rapport des experts et une mise en liberté provisoire de leur client. Le parquet, pour sa part, a rejeté la requête de la contre-expertise en indiquant qu’un juge d’instruction a été saisi pour établir la toxicité et la dangerosité des produits mais a retenu la proposition de mise en liberté provisoire faite par les avocats occasionnant la rétention du dossier. Après le réquisitoire du procureur du Faso, les accusés ont tous reconnu leur tort, remercié la justice de l’important travail qu’elle a abattu. Par ailleurs, ils ont demandé pardon au peuple burkinabè pour le préjudice à lui commis. Le procès s’est tenu plus de 10 heures de temps et la délibération est prévue pour le vendredi 3 avril 2015 1
Par Lawakila Rodrigue KABARI
(Stagiaire)