La fête donnée samedi par les Tombouctiens à l’honneur des militaires est le signe d’un retour progressif à la normale au Nord-Mali. On peut désormais y organiser des fêtes, exprimer sa joie, vivre tout simplement. Mais, ce calme peut être trompeur. Car les djihadistes n’ont pas dit leur dernier mot et dans leur obscurantisme entêté, ils chercheront toujours à créer le chaos dans le pays. C’est pourquoi, au regard de la situation toujours fragile du pays, la publication de la date des élections paraît pour le moins irréaliste. En effet, les 7 et 21 juillet prochains ont été retenus pour la tenue des élections présidentielle et législatives à deux tours. Un délai à la fois si proche et si loin. En matière de préparatifs d’un scrutin, le travail ne manque pas et le temps pourrait apparaître très court. Tout le Nord-Mali a besoin d’être sécurisé, de voir l’Administration se redéployer et si possible, les réfugiés et déplacés revenir. Cette première phase du retour de l’Etat dans cette partie jadis désarticulée du reste du Mali n’est pas encore gagnée. Et puis, il y a tout le processus électoral lui-même. Pour rétablir la confiance au sein de la classe politique et de l’ensemble des acteurs de la vie nationale, il est indispensable de préparer des élections sans reproche, avec en particulier un fichier électoral accepté de tous. On ne peut donc qu’être d’un optimisme mesuré, quant au respect de l’échéance électorale fixée par les autorités maliennes. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, il fallait tout de même, même si chacun sait dans son for intérieur que cette date est difficilement tenable, la fixer. C’est un message très politique que les autorités de transition ont ainsi voulu lancer. Il est en effet impérieux pour le Mali de se doter le plus rapidement possible d’institutions élues, donc légitimes, pour mener le travail de reconstruction qui attend. Le président et le Premier ministre ont beau être de bonne foi, ils ont l’inconvénient de ne pas disposer de la légitimité des urnes, ce qui minera à terme leur action. Sans compter que pour de nombreux bailleurs de fonds, avec en tête les Etats-Unis, le retour à la normalité au Mali se mesurera seulement à l’aune de nouvelles élections. Il fallait de ce fait décliner une feuille de route devant marquer la fin de la transition, même si son respect relève d’une gageure. En tout état de cause, on ne pouvait rester indéfiniment dans le flou institutionnel. Ce serait tomber dans le piège des anti-démocrates et surtout des djihadistes qui n’ont jamais renoncé à leur projet d’un Mali islamiste. Désormais, la balle est dans le camp de l’ensemble des démocrates, pour que le Mali retrouve la relative image démocratique qu’on lui reconnaissait. Il ne faut bien sûr pas se leurrer, la tâche demeure immense, pour faire du 7 juillet non pas une date fantaisiste, mais une étape majeure pour le retour du Mali dans le concert des nations régies par une vie institutionnelle démocratique et républicaine. Mais ne dit-on pas que le plus long voyage commence par un premier pas ? Et, aussi hésitant soit-il, les autorités maliennes viennent de l’accomplir.