En moins de six mois, le ministère des enseignements secondaire et supérieur a proposé des textes qui, pour la plupart, ont été rejetés par les acteurs. Le 23 janvier dernier, ce sont de nouveaux textes réglementant les examens du Baccalauréat et du BEPC qui ont été annoncés le matin et retirés le soir. En décembre, des textes sur le système d’évaluation ont aussi été rejetés. En début d’année, ce sont de nouveaux textes qui ont permis d’exclure des étudiants à Koudougou. Pour de nombreux acteurs de l’éducation, ces cafouillages sont liés au manque de concertation dans les prises de décision.
« Un seul sujet par épreuve sera proposé au candidat dans toutes les épreuves des séries du baccalauréat de l’enseignement général et du baccalauréat technologique », voilà l’une des grandes innovations introduites dans le nouveau règlement de l’examen du baccalauréat. C’est l’article 13 fixant les épreuves des séries et options du baccalauréat. Le 23 janvier dernier, le ministère des enseignements secondaire et supérieur a convoqué la presse pour annoncer les nouvelles mesures portant règlement de l’examen et du BEPC. Le même soir, le service de communication du ministère recontacte les médias qui ont pris part à la conférence de presse pour reculer. Il est dit aux journalistes que les sujets uniques ne concerneront finalement que le baccalauréat. Pourtant, c’est bel et bien l’article 13 de l’arrêté. Le retard n’a pas pu être rattrapé. Ces médias avaient déjà informé l’opinion. Les corrections apportées n’ont pas suffi pour calmer la colère des élèves qui avaient déjà écrit des tracts pour appeler leurs camarades à manifester contre cette nouvelle réforme.
La manifestation des élèves
Le 24 janvier, ils étaient effectivement au ministère pour exiger le retrait pur et simple de la nouvelle réglementation. Les lycées et collèges se sont mobilisés pour dire non à ces textes. Le ministère n’a pas voulu prendre le risque de tenter de négocier avec les manifestants. Le secrétaire général a annoncé publiquement aux élèves la suspension des textes controversés. Ces derniers ont exigé de lui un document écrit. Ce qui a été fait. Un communiqué a même été publié dans la presse. L’article 13 n’est pas le seul point qui divise les acteurs. L’arrêté annonce également la suppression du baccalauréat série A5. Au niveau des acteurs du ministère, beaucoup avouent avoir découvert ces textes avec l’opinion publique. C’était une surprise totale. Les propositions sont venues de l’office du baccalauréat mais les textes ont bel et bien transité par les conseillers avant d’atterrir dans le bureau du ministre Ouattara qui a signé les arrêtés. Les syndicalistes ont aussi marqué leur surprise. Pourtant, c’est depuis le mois d’octobre 2012 que l’arrêté portant les « nouveaux règlements » a été signé. Ces textes ont été affichés dans certains établissements publics. Certains professeurs ont été informés des changements par leurs propres élèves. Beaucoup de techniciens du domaine de l’éducation sont clairs. Proposer un sujet unique dans certaines matières comme histoire géographie, Philosophie ou encore français ne saurait être des innovations qui apportent une qualité quelconque aux les examens. Certains y voient d’ailleurs une manière pour les autorités de jouer sur ces textes dits nouveaux pour diminuer les coûts des examens de fin d’année. Au sein du ministère, l’étonnement est grand de voir que les nouveaux textes imposent des sujets uniques dans des matières comme philosophie et français. Le baccalauréat n’est pas le seul examen concerné par les innovations. Le BEPC a aussi ses nouveaux textes lesquels ont été aussi suspendus. Déjà en 2012 le BEPC avait connu de nouvelles dispositions dans son organisation qui avait sensiblement le taux de réussite d’environ 52%, le meilleur taux jusque là réalisé. Pour les défenseurs de la réforme, il n y a pas de doute, ce bon résultat est lié à l’application des nouveaux textes. L’épreuve d’éducation physique et sportive (EPS) qui était affectée d’un seul coefficient a désormais deux coefficients. Il n y a plus de note éliminatoire.
Les faits précédents
Cela fait maintenant quelques mois que les nouveaux textes du ministère des enseignements secondaire et supérieur posent problème. D’abord, il y a eu les textes portant règlement intérieur des universités. Leur relecture a permis aux autorités d’insérer un article qui autorise l’exclusion de tout étudiant et l’empêche de s’inscrire dans les universités publiques et même privées du pays. C’est en se fondant sur cet article que les autorités de l’université de Koudougou ont exclus les étudiants militants de l’ANEB en 2012. Aujourd’hui, nombre d’acteurs reconnaissent que les sanctions contre les étudiants ont été lourdes. Au niveau du ministère, on pense qu’il faut à nouveau relire ces textes pour qu’au moins si l’étudiant est exclu d’une université dans une région, qu’on ne l’empêche pas de s’inscrire dans une autre université d’une autre région. Il y a eu ensuite, les textes sur les sanctions infligés par les professeurs aux élèves et étudiants. Ces dernières années, les universités ont connu des manifestations suite à des sanctions souvent collectives. Il s’agit principalement des fameux « zéro collectif ». Pour une raison ou une autre, il arrive qu’un professeur décide d’attribuer un zéro à tout le monde. Ces genres de sanctions, on les rencontre aussi au secondaire. Là, il s’agit principalement des retraits de points aux élèves. Ces sanctions ne sont pas rares dans les établissements d’enseignement secondaire. Certains acteurs estiment que cela n’est pas un système objectif pour évaluer les élèves ou les étudiants. De nouveaux textes étaient alors proposés en fin d’année 2012 pour retirer cette arme contre les élèves et étudiants. Ici aussi, l’application des textes a été suspendue. Certains enseignants s’y opposent totalement. Ils estiment que retirer cette arme, c’est les affaiblir face à leurs élèves et leur enlever toute possibilité d’exercer leur autorité sur eux.