Après quelque dix mois d’occupation par les groupes islamistes armés, les habitants de Tombouctou goûtent de nouveau à la liberté. Libéré de l’étau du rigorisme jihadiste, la ville martyre retrouve de la voix et la joie de revivre : samedi 16 février dernier, une grande fête y a été donnée en l’honneur de l’armée malienne et des contingents militaires étrangers qui ont mis en déroute les forces islamistes.
Une façon pour les Tombouctiens de manifester leur reconnaissance à tous ces combattants de la liberté, particulièrement aux bidasses français dont l’intervention a permis de stopper net l’avancée «des terroristes» vers le sud du Mali avant de les chasser du nord du pays.
Une façon également pour ces résidents de la «ville aux 333saints» de renouer bruyamment et ostentatoirement avec certains plaisirs de la vie dont la jouissance équivalait, aux yeux des barbus, à une offense à Allah et à son prophète, Mohamed.
Comment ne pas comprendre cette ivresse populaire tenue place Sankoré, vu que sous l’occupation jihadiste, griller une clope, tenir la main de son amoureux ou allaiter un enfant en public, pour ne citer que ces exemples-là, étaient considérés comme des transgressions du Coran. Raison pour laquelle, vêtus de leurs boubous, jeunes, vieux, femmes et enfants ont tenu à respirer à pleins poumons l’air de cette liberté enfin retrouvée.
Toutefois, cette jubilation collective exhale un parfum d’amertume.
Certes les groupes armées islamistes ont été contraints de lâcher prise, mais la sécurisation de la ville demeure une nécessité vitale pour prévenir d’éventuels attentats-suicides comme on en a enregistrés à Gao. Une opération dévolue à la mission internationale de soutien au Mali (MISMA), qui se comporte jusque-là comme une Arlésienne ; d’où la décision de la France de reporter sine die le retrait d’une partie des troupes de l’opération Serval.
Mais jusqu’à quand le coq gaulois tiendra-t-il quasi seul dans ces sables mouvants sans trop laisser de plumes ?
Jusqu’où le Trésor public français est-il prêt à aller dans cette guerre, dont l’ardoise commence à donner le tournis à Bercy, le ministère de l’Economie et des Finances ?
Même si nous n’avons pas réponses à ces questions, nous sommes néanmoins sûrs d’une chose : « La France n’a pas vocation à rester ». C’est le message que ne cessent de répéter le président Hollande et ses hommes, précisant même que le début de la retraite des troupes hexagonales est prévu pour mars prochain.
Un avertissement qui ressemble à un prêche dans le désert, tant ni l’armée malienne, qui peine toujours à retrouver son unité, ni la CEDEAO, qui se hâte lentement de déployer des troupes, ne semblent se préparer véritablement à prendre la relève.