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L’Observateur N° 8314 du 15/2/2013

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Elections complémentaires : Seul enjeu, trouver un remplaçant à Simon
Publié le lundi 18 fevrier 2013   |  L’Observateur




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A l’issue de la proclamation des résultats des élections du 02 décembre 2012, il a été décidé de la reprise des votes dans certaines localités. 691 bureaux de vote, situés dans 102 communes réparties sur l’étendue du territoire national, ont ainsi accueilli des électeurs le 17 février 2013. A Ouagadougou, où les différents protagonistes sont sortis lessivés du précédent scrutin, la petite semaine de campagne additionnelle est passée presque inaperçue. L'affluence aux bureaux de vote n'était pas non plus exceptionnelle. Tout cela est la preuve peut-être qu'il n'y a qu'un enjeu à cette reprise : trouver un remplaçant au maire de la ville. Simon Compaoré, après avoir officiellement mis fin à ses fonctions le 03 janvier dernier, a été contraint de prolonger son séjour à l’hôtel de Ville jusqu'à la désignation de l’ensemble des élus locaux de la commune.

Première circonscription dont les élections ont été annulées avant même la proclamation officielle des résultats, l’arrondissement n°04 de Ouagadougou était de ces localités concernées par cette reprise. Dans l’enceinte de la mairie se trouvait le bureau de vote n°1. Vers 11h, la présidente, Denise Kéré, et son équipe avaient enregistré un peu plus de 70 votants sur les 438 inscrits. Chose curieuse, personne, parmi eux, ne pouvait situer géographiquement la Commission électorale indépendante d’arrondissement 04 (CEIA 04) dont ils dépendaient.

Cela, ont-ils avancé, n’était pas dans leur obligation d’autant plus qu’ils ont reçu leur matériel sur place ; il devrait en être de même de l’enlèvement après le dépouillement. Seul le recours aux habitants du quartier pouvait permettre de savoir que la CEIA 04, précédemment logée au sein de la mairie de Nongremassom, avait élu désormais domicile à la maison de la Femme. Mesure de sécurité ou disposition antifraude (voir encadré)?

Les premiers responsables de la structure ne le savaient pas, se contentant de suivre scrupuleusement les consignes reçues. «Je ne pourrai pas répondre à cette question. C’est la mairie qui nous octroie un endroit où on peut travailler sans problème», a affirmé le président de cette CEIA, Christophe Sawadogo. Tout se déroulerait bien, à ses dires. Lui et ses hommes ont passé la journée du samedi 16 février à convoyer le matériel jusqu'aux cent cinquante-cinq (155) bureaux de vote des quatre (04) secteurs sous leur tutelle, et ce, jusque tard dans la nuit. Si l’affluence des électeurs dans l’arrondissement 04 n’était pas des plus grandes à la mi-journée, c’était déjà le cas à l’ouverture des bureaux de vote dans l’arrondissement 07.

Le moins que l’on puisse est qu’il n’y avait pas d’affluence le dimanche 17 février 2013 aux environs de 7h à l’école Samora-Machel. C'est seulement devant deux des trois bureaux de vote ouverts dans cet établissement dans le cadre des élections complémentaires qu'on voyait des électeurs en rangs. Installé dans une salle de classe au fond de la cour, le bureau de vote n°3 enregistrait zéro votant, personne ne s’y étant, à notre passage, aventuré, ne serait-ce que pour se renseigner. Les agents du bureau en profitaient pour deviser avec les forces de sécurité, tout en prenant le petit déjeuner.

Devant le bureau n°1, sont alignées à peine une demi-douzaine de personnes. La rapidité de l’opération étonne d’ailleurs plus d’un. «Je me suis levé tôt pour rien ; si je le savais, j’allais prendre tout mon temps pour venir voter. Il n'y a personne et chacun fait à peine 1 mn à l’intérieur», fait remarquer dans le rang, un brin amer, un homme arborant un maillot des Black Stars du Ghana. S’ensuit une petite discussion dans le groupe sur le mode de scrutin, qui pourrait expliquer la rapidité du vote : cette fois, on ne vote en effet qu’une fois.

Son attention se porte sur le quatuor qui, passant par la petite porte de l’enceinte, avance vers eux. Il interpelle l’un d’eux en langue mooré : «Boukaré, je t’ai confié mon engin pour voter et tu le laisses seul comme s’il n’avait pas de propriétaire pour venir voter aussi ?» Eclat de rire général. «Je ne suis ni un gardien ni un poulet, moi aussi je veux voter», lui rétorque ce dernier en le tapotant à l’épaule; fort heureusement pour le propriétaire de l’engin sans protection, son tour arrive rapidement, et il ressort de la salle une minute à peine après.

Alphonse Ouédraogo, puisque c’est son nom, bien que content d’avoir accompli son devoir de citoyen, nous avoue être un peu «blasé» par ce scrutin complémentaire : «Franchement, lorsque je me suis retrouvé dans l’isoloir, je ne savais plus pour qui je devais voter. Il n’y a pas eu de campagne dans mon quartier et je ne sais même pas qui est candidat. Alors, j’ai choisi un parti dont le discours lors d’un meeting en décembre passé m’avait plu.»

Il s’en va alors pendant qu’avancent deux dames d’un certain âge. «Pardon, mon fils, où est-ce qu’on doit voter ?», demande l’une d’entre elles au policier à qui elle tend deux cartes d’électeurs. Après un coup d’œil sur les documents, l’agent indique à l’une des deux où elle doit voter, en l’occurrence le bureau 1, mais explique à l’autre qu’elle ne vote pas, puisqu’elle est inscrite au n°11, qui n’est pas concerné.

«Hum, tu vois, je ne le savais pas !» murmure la vieille dame qui n’entend pas avoir fait le déplacement pour rien, car elle accompagne sa congénère devant son bureau de vote. Pendant ce temps à l’entrée principale, une quinzaine de jeunes hommes délimitent un terrain de jeu en disposant des briques qui leur serviront de poteaux. Ces footballeurs du dimanche se foutraient-ils du scrutin complémentaire ? «Que nenni !» assurent presque en chœur ces derniers. Le seul d’entre eux qui serait inscrit dans un bureau de vote concerné ne serait même pas venu jouer ce matin.

Hyacinthe Sanou & Moumouni Simporé

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