Selon les résultats de certaines études réalisées en 2011, elles sont 307 mères sur 100 000 naissances à avoir trouvé la mort. Ces chiffres traduisent-ils la faiblesse de la prise en charge des soins obstétricaux et néonataux d’urgence ? Doit-on aussi parler du manque ou de l’insuffisance de conscience professionnelle de certains agents de santé qui peuvent expliquer cette situation malgré les efforts fournis par l’Etat et ses partenaires techniques et financiers ? Que faire pour réduire considérablement la mortalité maternelle, infantile et néonatale au Burkina ? Autant de questions d’intérêt public.
Pourquoi les femmes et les enfants de 0 à 5 ans continuent-ils de payer le plus lourd tribut en matière de santé maternelle et infantile au Burkina ? Une question qui pose la problématique de la prise en charge des soins obstétricaux néonataux d’urgence (SONU).
Comment comprendre que malgré l’existence de cette prise en charge des accouchements à 80% (les SONU), des femmes et des nouveaux-nés continuent de mourir dans les centres publics de santé ?
Des responsabilités partagées
La première cause liée au cas de victimes en matière de santé maternelle et infantile est la non-fréquentation des centres de santé par les femmes porteuses de grossesse.
En effet, elles sont nombreuses ces femmes des zones rurales à ne pas faire régulièrement les consultations prénatales soit du fait de l’éloignement du centre de santé, soit du fait de manque de moyens tout simplement soit par ignorance. Souvent, elles préfèrent consulter des charlatans ou administrer des produits de la pharmacopée.
Conséquences, ce sont des complications qui sont le plus souvent constatées chez des femmes pendant l’accouchement pouvant conduire à la pire des situations en urgence. Il y a aussi le problème récurrent de la pauvreté des patients admis dans un centre de santé.
Du fait de la pauvreté grandissante en zone rurale et de la cherté, bien de femmes en travail, à leur arrivée à la maternité, ne disposent pas de moyens pour supporter les frais d’un accouchement simple à plus forte raison pour le plus compliqué des cas, la contrepartie des 20% des SONU estimée à 11 000 FCFA en cas d’accouchement par césarienne.
De ce constat, la prise en charge gratuite des soins obstétricaux d’urgence se pose alors avec acuité. Comme autres causes, on pourrait également parler de l’insuffisance du personnel de santé (surtout des spécialistes) par rapport au nombre croissant de patients. La faiblesse de ce ratio fait qu’il n’y a pas de spécialistes dans beaucoup de formations sanitaires pour prendre en charge les cas d’urgence les plus compliqués.
Ce qui explique souvent des cas de décès qui interviennent en zone rurale lorsque la prise en charge des cas compliqués tarde car la patiente doit être évacuée dans un centre où le plateau technique est beaucoup plus fourni. Il y a qu’aussi dans ce domaine, certains agents de santé manquent de conscience professionnelle. Foulant au pied le serment d’Hippocrate, ils observent des comportements peu acceptables.
Comment comprendre qu’un spécialiste ne soit pas disponible pendant ses heures de garde et opère souvent des choix dans la prise en charge et le suivi des patients dans un même centre de santé ? A cette situation s’ajoute, l’absence d’une application rigoureuse du Code de santé dont les dispositions exigent des contraintes pour un agent de santé d’un office public. Pourquoi l’Etat demeure-t-il laxiste sur ce point ?
Enfin, il y a le dysfonctionnement de certains comités de gestion des centres de santé communément appelés COGES du fait de l’ignorance du rôle que chacun des membres doit jouer et de la corruption. Or, selon une enquête menée par des organisations de la société civile intervenant dans le secteur de la santé, ces COGES ont pour rôle de venir en appoint à un meilleur fonctionnement du centre de santé et faciliter la prise en charge des patients.
Agir pour changer les choses
Les problèmes ci-dessus soulevés ne sont pas insurmontables. Pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et infantile néonatale, il faut plus d’engagement de l’Etat et de ses partenaires. En effet, en dépit des efforts déjà fournis, il y a nécessité de revoir le financement du secteur de la santé en mettant l’accent sur les soins d’urgence de façon générale. Certes, il n’y a de santé pour tous à zéro frais, chacun doit y contribuer.
Mais, il est important de prendre en compte les cas des indigents. Ensuite, la volonté politique de faire la santé pour tous sera une réalité au Burkina, lorsque l’Etat se décidera à mettre en application dans son intégralité, le Code de la Santé. Ainsi, aucun médecin ne devra se donner le droit d’abandonner des patients dans un centre de santé public au profit de cliniques privées.
La relecture des textes réglementaires des COGES s’impose aujourd’hui afin de les adapter aux réalités de terrain. Ce qui va permettre de les rendre plus opérationnels et utiles. Au-delà d’appliquer avec rigueur la réglementation du secteur de la santé, il faut associer des actions de communication pour un changement de comportement de tous les acteurs.
Sensibiliser les populations à fréquenter les centres de santé, sensibiliser et former les membres des COGES pour une prestation de qualité et pour tous des centres de santé, créer un cadre d’échanges avec les professionnels de la santé sur les problèmes posés, etc.
devront permettre d’améliorer les prestations des offices publics de santé et améliorer le taux de couverture en la matière. Enfin, l’opérationnalisation des mutuelles de santé pourrait être d’un atout afin de réduire les coûts à supporter par les patients.
C’est du reste ce que le président du Faso a voulu indiquer dans son allocution du 31 décembre 2012 en ces termes : « L’élévation continue de la qualité des soins sanitaires en direction de toutes les catégories sociales et particulièrement pour les femmes, les enfants et les personnes âgées sera renforcée par l’opérationnalisation des mesures d’instauration de l’assurance maladie universelle, en référence à la société de solidarité que nous nous attelons à bâtir ».