A l'issue de consultations multipartites axées sur le programme de développement mondial de l'après 2015, un appel a été lancé, selon ce communiqué, exhortant toutes les parties concernées à placer la sécurité alimentaire et la nutrition au cœur des efforts de développement futurs. Il conviendrait, en outre, de fixer de nouveaux objectifs de développement pour l'ensemble de la communauté mondiale.
«Les consultations, qui se sont prolongées durant une journée entière sur le thème Faim, sécurité alimentaire et nutrition dans l'agenda de développement de l'après 2015, ont permis de souligner que la sécurité alimentaire et la nutrition étaient les clés de voûte du progrès sur d'autres fronts en matière de développement, notamment l'emploi, l'éducation, l'environnement et la santé. Elles permettaient, en outre, l'avènement d'un avenir meilleur pour le genre humain.
Les réunions, lundi, ont rassemblé quelque 180 partenaires du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) mandatés par les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé. Le CSA est la plateforme principale de discussions pour tout ce qui touche à la sécurité alimentaire et la nutrition.
Le processus de consultation est dirigé conjointement par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) en collaboration étroite avec le FIDA et Bioversity International, aux côtés des gouvernements espagnol et colombien qui jouent un rôle de premier plan.
Les consultations furent précédées de concertations en ligne et seront suivies de concertations de haut niveau le 4 avril 2013 à Madrid sous la houlette de l'Espagne et de la Colombie. Les résultats de ces consultations permettront de déterminer les nouveaux objectifs de développement durable dans l'agenda de l'après 2015.
Les participants aux réunions de Rome ont souligné que les objectifs de développement durable devraient compléter les efforts d'éradication de la pauvreté dès lors qu'il est question de sécurité alimentaire et de nutrition. Il faudrait, d'autre part, fixer de nouveaux objectifs de développement non seulement pour les pays en développement mais aussi pour la communauté mondiale dans son ensemble. A titre d'exemple, des objectifs universels sur l'élimination de la malnutrition sous toutes ses formes (la sous-alimentation, mais aussi l'obésité) devraient être établis aussi bien pour les pays riches que pour les pays pauvres.
Rien de moins que l'éradication de la faim
A l'ouverture des consultations de Rome, M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, a exhorté la communauté internationale à prendre des engagements en vue de l'éradication totale de la faim lors de l'établissement de ses priorités de développement pour l'après 2015, soit après l'échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) convenus en l'an 2000.
«Dans le prolongement du défi Faim Zéro lancé par le Secrétaire général de l'ONU, et en collaboration étroite avec nos partenaires, nous convenons que nous devrions nous atteler à rien de moins que l'éradication de la faim, de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition», a déclaré notamment M. Graziano da Silva au cours des consultations. Rappelons que le Conseil exécutif de la FAO a fixé, en décembre 2012, l'éradication de la faim comme objectif principal de l'Organisation.
La faim fait partie intégrante du premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement dont l'un des objectifs consiste à réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes sous-alimentées dans le monde. A cet égard, une cinquantaine de pays sont sur la bonne voie, a fait observer le Directeur général de la FAO. De son côté, M. Amir Abdulla, Directeur exécutif adjoint du PAM, a exhorté les pays «à continuer d'œuvrer ensemble pour faire en sorte que l'on puisse résoudre le problème de la faim en priorité».
M. Carlos Serè, responsable en stratégie du développement au FIDA, a souligné que «les investissements dans le développement durable des zones rurales et dans la croissance rurale inclusive», avec un accent particulier sur les petites exploitations agricoles, étaient critiques à la fois pour la sécurité alimentaire mondiale et pour l'agenda de l'après 2015 dans son ensemble.
Consensus sur la nutrition et approche globale
Un large consensus s'est dégagé au cours des consultations sur la nécessité d'inclure la nutrition dans l'agenda de développement de l'après 2015 après que la nutrition, de l'avis des participants, avait été pratiquement ignorée dans le processus des OMD. Les différentes dimensions de la sous-alimentation et les problèmes de plus en plus diffus de l'obésité et des maladies non transmissibles devraient également être traités.
Les participants aux consultations ont, d'autre part, préconisé une approche globale en réponse aux préoccupations de sécurité alimentaire et souligné l'importance du développement durable. A ce propos, ils ont fait observer que la transformation durable des systèmes alimentaires à tous les niveaux était la clé de la sécurité alimentaire mondiale.
En particulier, ils ont souligné que les disponibilités alimentaires devraient rester en phase avec la croissance rapide prévue de la demande mondiale, notamment grâce à la pêche, aux forêts et à l'élevage. Et dans le même ordre d'idée, il conviendrait de reconnaître l'importance du rôle des petits agriculteurs. Une partie de la réponse réside, selon eux, dans l'augmentation continue de la productivité mais de manière durable, équitable et résistante aux chocs. Il conviendrait aussi de réduire les pertes et déchets alimentaires au sein des systèmes de production et de consommation.
Toujours selon les participants, il ne faut surtout pas négliger l'investissement responsable dans l'agriculture, notamment pour rendre la production agricole plus résistante aux chocs climatiques, économiques et politiques. Quant au soutien au secteur agricole, il devrait cibler davantage les petits producteurs.
A signaler aussi que certains participants ont suggéré un objectif spécifique pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition.
Primauté au droit
Les participants ont lancé un appel énergique afin que les approches relatives à la formulation des Objectifs de développement de l'après 2015 soient fondées sur le droit tandis que leur mise en œuvre devrait être régie par une gouvernance inclusive. A cet égard, l'existence d'un consensus intergouvernemental et multipartite sur les grands principes et les lignes directrices qui doivent guider cette formulation est une caractéristique essentielle des thèmes relatifs à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Et il convient en conséquence de bâtir sur ce consensus déjà existant.»