Les unités industrielles du Burkina se meurent. Les causes sont multiples mais la fraude et la contrefaçon, principalement, y sont pour quelque chose. Rien que le 5 février 2013, 28 000 chambres à air contrefaites ont été saisies et détruites par la Coordination nationale de lutte contre la fraude. Cette fraude représente une lourde perte en termes de revenus et d’emplois non seulement pour Sap olympic mais aussi pour ses employés. Cette saisie est un acte encourageant mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la fraude parce que les produits contrefaits envahissent de plus en plus les marchés. C’est dire donc que la contrefaçon gangrène tous les secteurs de l’industrie au Burkina Faso.
Le phénomène est certes mondial mais son exacerbation au Burkina Faso risque fort de mettre à genou le tissu industriel. En effet, la fraude et la contrefaçon constituent un handicap pour l’industrie burkinabè qui est d’ailleurs naissante. L’éradication de ce fléau est un combat de David contre Goliath. Mais cette fois-ci, Goliath risque de l’emporter parce que toutes les conditions sont réunies pour que le phénomène perdure. Les consommateurs qui crient souvent à l’arnaque contribuent à faire prospérer la chose. Avec un pouvoir d’achat dégringolant, nombreux sont ceux qui préfèrent se servir là où les articles sont moins chers. La relation prix-qualité est la chose la moins partagée par les consommateurs burkinabè. En effet, les contrefacteurs, le plus souvent, vendent des produits de qualité douteuse à des prix défiant toute concurrence. Provoquant ainsi une concurrence déloyale au détriment des unités industrielles qui ont maille à partir avec leurs charges.
Ces produits contrefaits ne gênent aucunement les consommateurs. D’ailleurs ils s’en frottent les mains, oubliant qu’ils sont les premiers à récolter les pots cassés. L’Etat sort aussi perdant de cette histoire de fraude et de contrefaçon. Car cette fraude, c’est autant de taxes et d’impôts perdus. Chaque année, pendant les rencontres secteur-gouvernement, le problème est posé mais le mal persiste. Le problème est que la contrefaçon et la fraude prennent leur source dans ce même secteur privé. Et le plus souvent, les grands fraudeurs sont des « gourous » qui mettent tout en œuvre pour déjouer le dispositif mis en place par l’Etat. Ou bien, compte tenu de leur statut « d’intouchables », leurs containers « illicites » franchissent les frontières au nez et à la barbe des contrôleurs. Sinon, il y a des entrepreneurs honnêtes qui se tuent à tout faire dans la légalité mais qui ne tardent pas à mettre la clé sous le paillasson à cause de la fraude et de la contrefaçon.
C’est comme si la meilleure manière de se faire plus d’argent, en un temps record, est de verser dans l’illégalité. Tout compte fait, cela contribue à la fermeture des unités industrielles. A la Coordination nationale de lutte contre la fraude de se donner les moyens pour endiguer cette pratique qui va grandissant. Il y a un prix à payer pour la mondialisation. Mais est-ce au détriment de l’industrie nationale ? D’autant plus que les zones industrielles se transforment, de plus en plus, en cimetière industriel.