Pendant qu’au Mali, grâce à la mobilisation internationale, les intégristes islamistes reculent, au Nigeria, ils continuent de s’en donner à cœur joie. Et chaque fois que l’on croit avoir tout vu, ils viennent, par de nouvelles opérations, démontrer à quel point leur haine est sans limite. Sinon, comment expliquer cet acte ignoble commis contre des cliniques où étaient organisées des campagnes de vaccination contre la poliomyélite ? Ce message sanglant et horrible a un seul but : décourager toute politique de développement entreprise par le gouvernement. Peu importe les moyens, les islamistes de Boko Haram sont prêts à tout pour arriver à leurs fins funestes. Après les forces de l’ordre et les chrétiens, les nouvelles cibles des barbus nigérians sont donc les personnels de santé affectés à la vaccination contre un fléau contre lequel toute l’Afrique s’est mobilisée depuis de nombreuses années. Et elle est en passe, pour une des rares fois, de gagner le combat, puisqu’à force d’acharnement, la polio est pratiquement vaincue.
Tous ces efforts pourraient être ruinés par les actes d’intimidation de Boko Haram. Si le Nigeria n’arrive pas à éradiquer le mal sur son territoire, il va sans dire que les pays voisins demeureront exposés. Du reste, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint une résurgence de la polio en Afrique, avec comme point de départ le Nigeria. Car, ce pays, en plus du Pakistan et de l’Afghanistan, constitue un pôle de résistance. Comme par hasard, il s’agit de pays où l’islamisme radical, incarné par les Talibans et par les membres de Boko Haram, sévit. Il y a donc désormais un double défi sécuritaire et sanitaire à relever, face à l’intégrisme des fous de Dieu. Une raison de plus pour appeler à une mobilisation de la communauté internationale. Boko Haram, en s’attaquant à des agents de Santé, fait tout, sauf du religieux. Il s’agit d’une atteinte à l’un des droits fondamentaux de l’Homme, celui de l’accès à la santé. Les misanthropes de la secte apocalyptique servent en fait Darwin, en croyant défendre une quelconque cause religieuse. Personne n’est donc dupe de ce qu’ils sont en réalité : des ennemis du genre humain.
Comment alors, au-delà des incantations, se dépêtrer de ce cancer qui gangrène le Nigeria et risque de déborder ses frontières ? Visiblement, le gouvernement d’Abuja peine à trouver la parade contre ce qui apparaît comme une pieuvre tentaculaire. Bien sûr, il mobilise des moyens importants pour lutter contre les forcenés islamistes, tant au Nigeria que dans la sous- région, à l’image de sa participation à la traque des terroristes au Mali. Mais on a l’impression d’une totale impuissance qui se matérialise par les actes de plus en plus barbares de Boko Haram. En stigmatisant l’éducation et la santé modernes, donc la science, ces illuminés sont aux antipodes des valeurs que partagent la majorité des Nigérians et des Africains. Comme le disait Horace, il faut de la mesure en toute chose. Le philosophe gabonais, Bonaventure MVENDO, ne dit pas autre chose quand il déclare, à propos de l’Afrique : « Le développement ne peut prendre place sans un dialogue entre l’héritage culturel traditionnel et la rationalité instrumentale qu’incarne la science moderne ». Mais de cela, les islamistes nigérians n’en ont malheureusement cure.