L’annonce, lundi dernier, de la démission du Saint-Père, a produit, comme l’intéressé lui-même devait s’y attendre, de multiples et fortes ondes de choc. L’héritier du trône de St-Pierre confirme, par cet acte de renoncement libre et responsable, qu’il était bel et bien un Pape de transition comme le présentaient certains exégètes de l’univers pontifical sitôt après son élection par le St Esprit.
Eminent homme de culture, grand théologien devant l’Eternel, cet homme fait assurément partie de la grande pléiade des hommes qui savent s’assumer. Comment continuer dans la plénitude, une œuvre aussi gigantesque et sacrée, quand on n’en a plus toutes les forces morales et psychologiques ? Benoît XVI a choisi la voie étroite, mais la voie la plus vertueuse en rendant le tablier au soir de sa vie. Il avait déjà fait sur terre, la plus grande partie de son chemin lorsqu’il prenait le flambeau des mains sacrées de son illustre prédécesseur, Jean-Paul II. Il semble bien logique que huit années après, il ne se sente plus suffisamment d’aplomb pour porter par ses bras faiblissants, la grande et lourde lanterne de l’Eglise.
Au total, son magistère aura duré moins d’une décennie. Mais sa pensée, ses actes, ses paroles, ses convictions seront le limon vivifiant d’une Eglise qui doit puiser dans ses propres tourments du 21e siècle, les ressources de sa perpétuation. Ainsi donc, un Pape s’en va, un Pape arrive. Benoît XVI, super star ? On est tenté de répondre par l’affirmative. Une super star trois fois sainte, qui ouvre en toute responsabilité la voie de l’alternance dans un Vatican des deuxième et troisième millénaires. Puisse cet acte être une précieuse base de réflexion pour tous ceux qui, sur cette terre, gèrent le pouvoir temporel vermoulu et source de toutes les folies. Mais l’Afrique s’interroge. L’avènement d’un Pape africain, pour ne pas dire noir, aura-t-il enfin lieu dans le sillage de l’effacement de Benoît XVI ? L’Afrique peut encore rêver et ce ne sera pas la première ni la dernière fois. A la disparition de Jean-Paul II, elle s’était déjà mise à rêver. On a connu la suite.
Et pourtant, c’est ce continent noir et l’Amérique Latine qui forment la colonne vertébrale de l’Eglise romaine face à une Europe dont la foi chancelante et évanescente pose problème à une bergerie de plus en plus saisie par une sorte d’angoisse messianique et autour de laquelle rodent, sans cesse, de féroces loups enfantés par les turpitudes d’un certain développement. Dans ce contexte, en raison de la survivance de certains préjugés dont souffre encore le Noir, probablement que l’accession d’un prélat noir au trône de St-Pierre pourrait, à terme, soit revigorer l’Eglise, soit la pousser un peu plus vers le précipice. La prudence va sans aucun doute dicter le choix d’un Pape blanc.