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L’Observateur N° 8310 du 11/2/2013

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Démission papale : Benoît XVI entre dans l’histoire
Publié le mardi 12 fevrier 2013   |  L’Observateur


Réligion/christianisme
© AFP par Andreas Solaro
Réligion/christianisme : Le pape Benoît XVI


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«En pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à 20h (19h GMT), le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant, et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire». Voilà la déclaration surprise que le pape Benoît XVI a faite hier lundi 11 février 2013 devant les cardinaux qui assistaient au Consistoire qu’il a convoqué pour examiner des dossiers de canonisation de saints.

Un coup de tonnerre dans le ciel apparemment serein de Rome ! Voilà comment ceux-là qui ne sont pas au fait des arcanes du Vatican pourraient qualifier cette annonce extraordinaire, que rien, selon toute vraisemblance, ne laissait présager.

Cette décision rarissime du Saint-Père a laissé groggy, si on ose le dire, le monde catholique sur le moment avant que les uns et les autres ne reprennent leurs esprits pour tenter d’en mesurer la portée pour l’Eglise.

Le Successeur de saint Pierre justifie sa décision par son grand âge (85 ans) qui, à le lire, ne lui permet plus d’assumer comme il se doit la charge pontificale dans le contexte d’un monde «sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, or pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié».

Et de fait, nous vivons aujourd’hui dans un monde qui va trop vite et plus exactement dans ce qui s’appelle société de l’information où tout est désormais transparent au point que le voile ne tient plus longtemps sur les vicissitudes qui agitent chaque microcosme y compris la curie romaine et l’église universelle. Voyez comment sous le pontificat du pape démissionnaire sont apparus au grand jour les scandales, la récente trahison de son majordome ayant pu constituer pour lui l’assommoir final.

Il faut remonter le temps de pratiquement 600 ans pour voir une telle démission dans l’Eglise : le dernier fait du genre date de 1415 en la personne de Grégoire XII. Sous la pression des cardinaux, ce dernier avait dû abandonner sa charge pour préserver l’Eglise du Grand Schisme d’Occident. Il avait donc convoqué le Concile de Constance et l’avait autorisé à élire son successeur. Deux ans plus tard, le pape démissionnaire mourait.

Si cette démission de Benoît XVI a fait donc l’effet d’une bombe, c’est parce que l’Eglise n’est pas coutumière du fait, car, dans toute l’histoire de la papauté, si on en croit les historiens, c’est bien la cinquième fois (1) qu’un évêque de Rome, de gré ou de force, quitte ses fonctions. La stabilité jusqu’à la mort de l’occupant du Saint-Siège semblait donc être la règle d’or, même si le débat sur la possible démission d’un pape n’était plus un sujet tabou dans l’Eglise.

La question a été largement débattue du temps Jean Paul II lorsqu’il s’est retrouvé très malade. Mais ce pape l'avait close en décidant de souffrir le martyre jusqu’à son dernier souffle.

Signe des temps qui changent : l’Eglise va-t-elle devoir s’adapter et changer son modus operandi au sommet ? Après les maisons de repos pour prêtres âgés ou malades, évoluera-t-elle vers celle de papes retraités ? La conséquence pourrait en être l’introduction prochaine, réalisme oblige, d’une clause canonique sur l’âge plancher et l'âge plafond de tout cardinal prétendant au trône de saint Pierre.

Par sa décision de se retirer, Benoît XVI, qui avait succédé, rappelons-le, à Jean-Paul II à son corps défendant, pourrait ainsi amener l’Eglise à la révision du droit Canon, en tout cas des articles relatifs au Souverain pontife. Ne fût-ce que pour cela, l’ancien cardinal Ratzinger entre dans l’histoire.

San Evariste Barro

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