Vendredi dernier, «des militaires lourdement armés, tous corps confondus», dit-on, ont attaqué le camp des «bérets rouges», garde de l’ancien président Amadou Toumani Touré ; cette attaque serait due au refus des «bérets rouges» de quitter leur caserne et d’être affectés dans d’autres unités pour aller faire la guerre aux islamistes dans le nord du pays. Plusieurs personnes ont été blessées, même qu’il y aurait eu au moins un mort. Les «bérets rouges» avaient tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat du 21 mars 2012 contre le président Ahmadou Toumani Touré, mené par les «bérets verts» du capitaine Amadou Haya Sanogo. C’est dire si bérets rouges et bérets verts ne se regardaient pas en chiens de faïence plutôt qu’en compagnons d’armes depuis.
Cette situation amène à se poser certaines questions : un militaire peut-ils, réglementairement parlant, refuser sa mutation ? Par ces affectations dans d’autres unités, Sanogo et Cie entendaient-ils plutôt disperser des ennemis à travers toutes les unités du pays pour les neutraliser ?
Toujours est-il que, se tirer dessus au moment où d’autres volent à votre secours, c’est le comble de l’irresponsabilité. Comment qualifier autrement cette scène des plus surréalistes qui a eu lieu à Bamako le 8 février alors que les soldats français, 4 000 à présent, et tchadiens, au nombre de 2 000, sans oublier ceux de la Misma, qui arrivent de plus en plus au Mali, se battent contre les ennemis de ce pays ?
A défaut d’avoir suffisamment de couilles pour être en première ligne, ayez au moins la gratitude de vous serrer les rangs pour faire chorus derrière vos libérateurs. Et puis, un proverbe de chez nous ne dit-il pas que, si on te lave le dos, tu dois te laver le visage ? Plutôt que cela, la pluie vous bat déjà, et vous, vous ajoutez à vos difficultés en ne trouvant pas mieux à faire que des combats fratricides.
Si, jusque-là, la rivalité bérets rouges/bérets verts était plutôt feutrée, leur dernier affrontement en date rend plus urgente encore la fameuse réforme de l’armée malienne. Et dire qu’avec cette évolution vers des bandes armées à la guinéenne, on ne manque pas du toupet de se glorifier du passé du Mali des ancêtres, dont on démérite pourtant.