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L’Observateur N° 8307 du 6/2/2013

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Arbitrage Burkina ≠ Ghana : Il y a quand même une justice immanente !
Publié le vendredi 8 fevrier 2013   |  L’Observateur


L’arbitre
© Autre presse par DR
L’arbitre tunisien Slim Jdidi


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Il est des moments où on se convainc que quelque part, il y a une justice immanente. Comme ce mercredi 6 février 2013 à Mbombela Stadium en Afrique du Sud. En montant sur le terrain ce jour-là, l’arbitre tunisien Slim Jedidi semblait avoir juré la perte du Burkina. En effet, pour cette deuxième demi-finale de la 29e Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, le douzième joueur ghanéen n’était pas dans les gradins mais sur la pelouse.



Au début de la partie, quand il oublie de siffler un pénalty en faveur de Jonathan Pitroipa, littéralement déménagé dans la surface de vérité adverse, on se dit qu’il s’agit d’une erreur d’appréciation comme il en arrive souvent en sport, surtout que, contrairement aux télespectateurs, le juge, qui doit décider en temps réel, n’a pas le ralenti ou la superloupe. Il a pu se dire aussi in petto que la faute n'était pas aussi évidente et que, de ce fait, il ne fallait pas polluer la rencontre par une sanction matinale.

Puis les décisions litigieuses se multiplient, au point de devenir des fautes techniques d’arbitrage. C’est bien connu, si l’erreur est humaine, y persister est diabolique, et il y avait un peu de Méphisto dans ce sifflet qui offre un pénalty plus que généreux aux Black stars sur une faute imaginaire de Madi Panandetigri ; qui refuse pour on ne sait trop quelle raison un but valable à Préjus Nakoulma (105e mn) et un autre de la tête, difficile à juger reconnaissons-le, d'Aristide Bansé avant de porter l’estocade à la 118e minute.

Le feu follet de notre onze national se fait une fois de plus bousculer dans les 16 mètres. Non content de ne pas lui accorder le coup de pied de réparation comme on s’y serait attendu, le corbeau de service lui décerne sans hésiter un deuxième carton jaune, synonyme d’expulsion et de privation de finale. Si on avait encore des doutes, la cabale était désormais établie, et n'eût été ce arbitrage ouvertement partisan, l'affaire aurait été pliée même avant les prolongations a fortiori l'épreuve fatidique des tirs au but.

On ne sait pas si le sinistre Slim agissait pour son propre compte ou s’il était en mission commandée (pour quelle officine ?), mais quand le parti pris est aussi flagrant, on ne sait plus à quels dieux du football se vouer. Il suffisait de peu pour qu’à lui seul, il décide du sort de la rencontre, et ça pose problème. Sous prétexte qu’ils sont les seuls maîtres du terrain, peut-on laisser les juges faire impunément tout et n’importe quoi ?

Ce n'est pas contre un adversaire que nous avons joué mais deux ; fort heureusement, « Bon Dieu a acheté notre bagarre », et les plans du sieur Jedidi ont été déjoués, mais c'est une soirée triste pour l’arbitrage africain que nous avons vécue l’autre jour. On fait quoi d'ailleurs d'un tel fléau, qui traînerait déjà derrière lui une réputation sulfureuse ?

Nous le disions plus haut, quelque part une main invisible veillait sur l’écurie de Paul Put, dont on a encore vu les protégés déterminés, rigoureux, intraitables comme à l’accoutumée en défense et pour une fois percutants en attaque. Avec un Aristide Bansé requinqué dans ce qui semblait être pour lui une opération de réhabilitation et de rachat tant son jeu avait été décrié depuis le début de la compétition. En se donnant à fond et en permettant à son équipe de revenir au score et de jouer les prolongations, le sociétaire du FC Augsburg (D2 allemande )est sans doute la preuve qu’il ne faut jamais condamner un joueur sans possibilité de rémission. Mais si ça se trouve, nos critiques, parfois sévères, permettent à ces garçons d’avoir les pieds sur terre et de s’améliorer, car il faut continuer de bosser pour ne pas retomber dans nos vieux travers.

Quelques-uns traînent toujours des lacunes coupables, c’est sûr, mais à dire vrai, on a rarement vu une équipe nationale du Burkina aussi bien organisée collectivement, tactiquement au point, sereine, tissant patiemment sa toile sans paniquer même quand elle était menée, bref une formation ayant un jeu plus scientifique et une occupation du terrain aussi rationnelle. Avec de surcroit un mental d'acier, ce "fighting spirit" qui nous a si souvent fait défaut.

Le plus impressionnant des compartiments est évidemment le bastion défensif, dont on se demande parfois d’où il tire son sang-froid quand le public tremble devant le petit écran. Chapeau bas, messieurs Baky, Koffi, Paul et Panandetigri. C’est peut-être cela, le football champagne, dont parlait jadis un ancien membre de la Fédération burkinabé de football (FBF), un niveau qui étonne plus d’un.

C’est qu’ils ont si souvent été déçus, désillusionnés, dépités par les contre-performances de leur équipe nationale qu’une partie des supporters avaient fini par s’en détourner au point de ne pas voir les progrès pourtant perceptibles qu’elle enregistrait au fil des ans. L'autre soir, le jeu à la ghanénne était en réalité burkinabè.

Et si nous sommes en passe d’être sur le toit de l’Afrique, ce n’est certainement pas le fait du hasard, mais, bien au contraire, le fruit d’un «long mûrissement, année par année, anneau par anneau» pour reprendre les mots de Wilberforce. Ici comme ailleurs, le travail, la persévérance et le sens de l’organisation, servis par des moyens conséquents, finissent par payer.

C’est la combinaison de tous ces facteurs, mis en musique par une réelle volonté politique (rendons au moins à Blaise ce qui est à Blaise), qui nous vaut aujourd’hui ces lauriers, lesquels viennent effacer des décennies de frustrations et balayer le mépris de ces nations dites de football qui pensaient, chaque fois qu’elles devaient rencontrer le Burkina, que ce n’était qu’une simple formalité. Dorénavant, chacun sait à quoi s’en tenir, et ceux qui en douteraient encore peuvent toujours se renseigner auprès de l’Ethiopie, de la Zambie, du Togo, du Ghana… en attendant le Nigeria.

Ah oui, une dernière chose. Il va falloir que les Marcel Desailly et tous ces « spécialistes » du ballon rond africain qui passe le plus clair du temps à ressasser des lieux commun, se mettre à niveau et actualisent leur petite fiche, et qui avait vendu si vite la peau des Etalons avant même l’entame du tournoi.



Ousséni Ilboudo

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