250 étrangers viennent d'être expulsés de Guinée équatoriale. Parmi eux, 18 burkinabè ont été déversés dans la ville de Kye-ossi frontalière avec le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale, rapporte ce article du quotidien camerounais Mutations.
«Les ressortissants camerounais et Ouest africains résidant en Guinée-Equatoriale vivent dans une peur bleue depuis quelques jours. En effet, ils sont pourchassés par la police de ce pays qui les soupçonne d'être responsables du décès d'une certaine Tecla, épouse du nommé Ernesto, une notabilité d'Ebibeyin, survenu dans la nuit du 27 au 28 janvier 2013. «J'ai été informé de cette situation par l'entremise du commissaire de l'Emi-immigration, Olivier Claude Bella. Lequel m'a annoncé que ses éléments l'avaient appelé, le 28 janvier, aux environs de 2 heures, au sujet de l'assassinat de la dame en question. Nos informateurs. Nos informateurs disent que le notable et son épouse ont été retrouvés ligotés dans leur domicile le lendemain du meurtre», informe le chef de terre.
Les choses ont tellement vite évolué que dans la matinée du 28 janvier, la police Equato-guinéenne a commencé à filtrer les passages à la frontière qui était déjà bloquée. Le même jour dans l'après-midi, raconte le sous-préfet Essono, les premiers expulsés, embarqués comme des sardines dans une boîte dans des véhicules de fortune, ont été déversés à la frontière. A la date du 6 janvier 2013, 256 expatriés ont déjà été expulsés dont 118 camerounais, le reste étant constitué des ressortissants de l'Afrique de l'Ouest. En dehors des maliens qui selon le commissaire Bela ont admis à Kyé-ossi après présentation des papiers par leur consul honoraire, conformément à la convention qui lie le Cameroun à leur pays en matière de visa, les autres méditent leur sort dans la zone tampon. Il s'agit notamment de 18 burkinabè, un nigérian, un Ghanéen et un Guinéen (Conakry). Ils ont été déposés à Kyé-ossi dépouillés de leurs biens et fortune, ceci après avoir été torturés pendant plusieurs jours dans les commissariats où ils ont été copieusement tabassés et les femmes violées. Tous les témoignages recueillis à ce sujet indiquent que ces arrestations arbitraires se sont déroulées en violation des droits de l'homme. Puisque plusieurs personnes interpellées seraient séquestrées dans les commissariats, apprend-on.
Sur les raisons de leur expulsion à Kyé-ossi, les victimes affirment que les autorités Équato-guinéennes disent qu'ils sont entrés dans leur pays de façon illégale en passant par la ville camerounaise. Une position que ne partagent pas les refoulés dont la majorité avouent être entrée en Guinée par avion en provenance de leur pays d'origine, munis de leurs papiers. Il se trouve selon le sous-préfet de Kyé-ossi qu'une semaine avant l'assassinat de Tecla, le gouvernement de ce pays aurait procédé à un toilettage des forces de maintien de l'ordre à Ebibeyin, ponctué par des affectations disciplinaires et des limogeages. Les récalcitrants à cette mesure aurait été expulsés de leur domicile manu militari par un officier supérieur de l'armé mis en mission depuis la ville de Bata. Ces derniers, à en croire la même source, auraient promis de se venger.
«Nos investigations tendent vers la réaction de ces forces de l'ordre, puisqu'au indice attestant l'implication des camerounais dans cette affaire ne nous a été apporté par nos voisins. Encore que le mari éprouvé aurait lui même déclaré que leurs ravisseurs parlaient Fang. Mais la principale information à notre disposition atteste que courant 2012, les Équato-guinéens avaient prévu le départ des expatriés dès la mi-janvier 2013. Parce que disent-ils, les chantiers que ces derniers les aidaient à réaliser sont à leur terme. Par conséquent, il faut que chacun regagne son pays d'origine», dénonce André Marie Essono. Une source policière ajoutera à ce propos que « l'époux de la disparue qui brillait par des contradictions lors de son exploitation par les enquêteurs, a finalement été interpellé pour complicité». Il se dit également sous cape qu'une notabilité proche du président Obiang Nguema aurait adressé aux autorités de ce pays, un rapport accablant sur la responsabilité évidente de Ernesto dans les exactions régulièrement commises sur les camerounais par la police.
«En 2005, l'une des épouses de Ernesto a été assassinée à la chaîne en pleine journée par des inconnus qui courent toujours. Depuis lors, ce dernier serait devenu le principal instigateur de l'antipathie et de la xénophobie manifestées à l'endroit des camerounais en terre Équato-guinéenne», révèle une source.»