Le nombre d'usagers de la route a explosé dans la capitale burkinabè. Les taxis se fraient un chemin et les autorités tentent de réglementer...
Il y a vingt ans, à Ouagadougou, au Burkina Faso, le mot «embouteillages» faisait penser à ces scènes où un séducteur impénitent voyait débarquer, dans son célibatorium, deux filles à qui il faisait la cour parallèlement.
On craignait davantage les crêpages de chignons que les carambolages de carrosserie.
Les rues de ce gros village burkinabè, peu goudronnées, étaient peu fréquentées par les automobiles; pas assez, en tout cas, pour créer des bouchons.
Parfois surnommée «ouaga-deux-roues», la cité sahélienne était connue comme la capitale des cyclomoteurs, ce moyen de locomotion idéal pour se faufiler à travers les «six-mètres».
De plus, la ville comptait bien moins de feux tricolores ou de ralentisseurs qu’aujourd’hui.
Puis, Ouagadougou s’est étendue sur près de 300.000 hectares. Une population d’un million et demi d’habitants a de plus en plus accès à des véhicules à quatre roues, notamment des «au-revoir-la-France», qui coûtent parfois moins cher qu’une motocyclette neuve.
Sur les nouvelles grandes artères bitumées, les automobilistes du Faso ont donc fait connaissance avec les embouteillages, les vrais. Empruntez, à 18 heures 30, l’avenue Bassawarga, qui relie la place de la Nation au quartier de la Patte d’Oie.
A cette heure qu’on appelle la «descente», les voitures roulent comme des escargots, surtout quand un «suppositoire» —entendez, par là, un carambolage dont vous êtes la première victime— compromet le peu de fluidité que connaissent ces rues étroites.
Contournez l’obstacle par l’est, en empruntant Boinsyaaré et vous ne serez guère mieux loti. Arrivé au niveau de la Maternité Saint-Camille, quand vous ne vous lamenterez pas sur un pare-chocs froissé, vous ne pourrez que pleurer sur votre carburant qui brûle à vue d’œil sans pour autant que le véhicule ne progresse.