Quatre bureaux de vote de la commune de Koudougou sont concernés par les élections municipales complémentaires, prévues pour le 17 février prochain. A quelques jours de l’ouverture de la campagne, nous avons rencontré le directeur communal de campagne de l’UNDD, Adama Ouédraogo. Selon lui, cette reprise des élections ne peut en aucun cas changer la donne des premiers résultats provisoires dans la cité du Cavalier rouge, résultats qui étaient en faveur du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Par ailleurs, il explique aussi pourquoi l’UNDD a accepté d’adhérer au gouvernement Tiao III.
« Le pays » : Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que Koudougou faisait partie des localités où les élections municipales seront reprises ?
Adama Ouédraogo : Je dirai que cette nouvelle m’a étonné. Nos délégués que nous avons envoyés dans les différents bureaux de vote n’ont pas signalé d’anomalie majeure. Après la publication des listes des localités concernées, nous avons approché nos adversaires politiques qui ont aussi confié qu’ils n’ont pas déposé de plainte. C’est au vu du document que le préfet du département de Koudougou nous a présenté que nous avons su qu’il y avait des enveloppes non fermées, voire l’absence de PV. Cette situation est un coup dur certes pour la classe politique, mais également pour le Burkina tout entier, car chacun dans son milieu et à sa manière s’est investi pour la réussite de ces élections couplées, premières du genre.
A qui pouvez-vous attribuer ces erreurs qui sont survenues après le vote, à vos délégués ou aux membres de bureaux de vote ?
Vu les erreurs relevées, je peux affirmer que ce sont les membres des bureaux qui n’ont pas bien appris les leçons des séances de formations organisées par la CENI pour la circonstance. Aussi, il faut reconnaître que le travail n’était pas aisé car, il y a eu des bureaux où le décomptage a pris fin vers 2h du matin en présence des délégués de tous les partis en compétition. Toujours est-il qu’on se demande comment des présidents de bureaux de vote ont pu oublier de sceller certaines enveloppes.
Bientôt, la campagne électorale sera ouverte. Etes-vous prêts pour reconquérir l’électorat ?
Oui, c’est une compétition et nous sommes prêts et confiants pour aller de nouveau en campagne. Vous savez, pour nous, c’est comme un match de football interrompu pour des intempéries quelconques et qui devrait être rejoué le lendemain. Mais, il faut souligner que le jeu sera un peu dur pour les partis qui n’ont pas assez de moyens car, il sera plus coûteux dans la mesure où il faut mener surtout une véritable campagne de proximité.
Etes-vous sûrs que les électeurs accepteront de voter pour la seconde fois ?
Je crois qu’il revient aux partis politiques d’aller vers l’électorat. Et quelle sera votre nouvelle technique d’approche pour la campagne qui s’ouvrira dans quelques jours ?
Répondre à cette question, c’est comme si je conseillais mes adversaires qui pourraient prendre le contre-pied. Dans tous les cas, on fera une bonne campagne dans un climat apaisé.
Selon les chiffres provisoires du 2 décembre dernier, l’UNDD talonnait le CDP, détenteur de la mairie de Koudougou. Est-ce que vous ne pensez pas que cette reprise peut vous être profitable ?
Non, je ne crois pas. Quand l’on prend les premiers résultats provisoires des quatre bureaux concernés par cette reprise dans la commune de Koudougou, il sera dur pour notre parti de détenir la majorité. Par exemple, au secteur 10, l’UNDD avait deux conseillers contre un pour le CDP, et deux conseillers pour le CDP au secteur 2 contre un pour l’UNDD. Même s’il y aura un changement sur les résultats, cela n’entraînera pas un renversement de situation.
Aujourd’hui, l’UNDD fait partie du gouvernement Tiao III. Ne pensez-vous pas que cet affichage peut jouer désormais sur votre crédibilité ?
En aucun cas. Notre parti est une force de proposition. Pour preuve, toutes les propositions faites par le président Hermann Yaméogo, il y a de cela une dizaine d’années que les uns et les autres ont refusées, sont en train d’être appliquées aujourd’hui. En effet, l’UNDD prône le consensus et le pacte transversal pour cette nouvelle gouvernance. Donc, il n’y a pas de raison que nous n’allions pas au niveau du gouvernement pour participer à la mise en œuvre effective des décisions consensuelles issues du CCRP.
Mais, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
En fait, c’est une nouvelle que nous avons accueillie positivement, car l’une de nos doléances était la formation d’un large gouvernement pendant les débats du CCRP. Notre présence dans le gouvernement permettra de donner plus de la voix et de la force aux propositions consensuelles issues du CCRP.
Pensez-vous que le problème du Burkina Faso est un problème d’un large gouvernement de rassemblement ?
Notre problème, c’est la mal gouvernance que nous avons longtemps décriée. On peut ouvrir le gouvernement comme on veut, en créant par exemple 70 ministères et le problème du pays ne sera pas réglé tant qu’il y a une mauvaise gouvernance. Et c’est ce pour quoi le président Blaise Compaoré doit faire du pacte transversal le sien et de la bonne gouvernance aux crépuscules de son dernier mandat constitutionnel.
L’alliance entre l’UNDD et le parti majoritaire, à quoi servirait-elle ?
Non, il n’y a pas d’alliance entre l’UNDD et le CDP.
Un mot sur la déclaration de politique générale du Premier ministre ?
De par sa forme, j’apprécie cette déclaration qui est un condensé des rapports des différents ministères. Et nous pourrons mieux apprécier la déclaration dans les prochains mois sur les résultats qui seront escomptés. J’ai surtout aimé le niveau des débats car, c’est ce que l’UNDD a prôné lors des assises nationales du CCRP. Mais pour les prochains débats, j’aimerais que nos députés s’expriment aussi dans leurs langues locales pour ainsi se faire comprendre par leur base dont ils sont partis pour défendre la cause.
Vous avez tenu un Conseil municipal extraordinaire le 1er février 2013 ; de quoi a-t-il été question ?
Vous savez que compte tenu des irrégularités relevées, le nouveau Conseil municipal mettra un peu de temps pour voir le jour. Pourtant, les activités de la mairie doivent continuer. C’est pourquoi, sur convocation du maire, nous avons tenu ce conseil afin d’examiner le budget de la Régie autonome de gestion des infrastructures marchandes (RAGIM) et de procéder à des délibérations. Toute chose qui permettra aux différents services de la mairie de continuer leurs activités en attendant le nouveau Conseil municipal. En plus de cela, c’était l’occasion pour nous de nous congratuler, car nous avons passé un beau temps ensemble sans barrière politique ces dix derniers mois.
Quels sont vos pronostics pour la CAN 2013 ?
Pour ma part, la finale va se jouer entre le Mali et le Burkina Faso.
Un mot en guise de conclusion…
Je remercie surtout le journal « Le Pays » qui ne ménage aucun effort pour aller vers le public pour recueillir son avis sur la situation nationale. Aussi, je profite de l’occasion pour inviter la population de Koudougou à nourrir cette idée de consensus et de pacte transversal pour concrétiser le vivre ensemble pour un développement radieux. Pour les élections à venir, j’appelle toute la population à rester sereine et que les électeurs des zones concernées aillent encore voter pour consolider la démocratie et la paix sociale.