Parmi les nombreuses questions auxquelles le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao a répondu, au cours de sa Déclaration de politique générale, figuraient des préoccupations d’ordre social : éducation, santé, emploi, enseignement supérieur, communication...
De la question de l’éducation
Nous avons un Plan de développement stratégique de l’éducation de base qui devrait nous permettre d’aller encore plus de l’avant dans notre politique de l’éducation. Nous avons prévu dans ce programme, la construction d’un certain nombre d’écoles pour nous permettre de faire monter, dans un bref délai, le taux de scolarisation à travers le pays. Le nombre d’élèves dans le primaire passera de plus de 2 344 000 actuellement à 3 191 182 en 2015 et à plus de 4 178 000 en 2021. En 2021, on espère un ratio élève-maître de 56 élèves au cours de la même période. Cela va nécessiter la construction de 37 072 nouvelles classes, à raison de 3 700 salles par an en moyenne. Actuellement, nous sommes autour de 3 000. L’évolution du nombre d’enseignants doit passer de 35 300 en 2011 à 51 375 en 2015, puis à 76 173 en 2021. Soit un taux d’accroissement moyen annuel de recrutement d’environ 6% entre 2011 et 2021. Le raccourcissement du cycle primaire de 6 à 5 ans, le développement du post-primaire permettront de porter le taux de transition à 95% en 2021 contre 93,2% en 2015 et 68,7% en 2011. Et le nombre d’élèves dans le système passera de 536 997 en 2011 et à plus de 1 600 000 en 2021. Pour ce faire, des mesures suivantes sont prévues. Les écoles primaires situées dans les grandes agglomérations seront érigées en complexes. Le nombre d’enseignants au post-primaire général passera de 2 373 en 2011 à 8 624 en 2015 et 21 919 en 2021. Les programmes de formation des enseignants seront revus pour prendre en compte les différentes mesures de reformes telles que la spécialisation de l’enseignant, la généralisation du bilinguisme, le développement du préscolaire, l’enseignement de l’anglais. La révision également des curricula de formation de l’enseignant pour intégrer ces thèmes déjà en cours. L’introduction des TIC dans l’éducation est une recommandation de la triennale de l’éducation qui a été portée au plus haut niveau par son le président du Faso et qui vient d’être adoptée à Addis Abeba par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine. L’expérimentation est déjà en cours. A l’horizon 2021, le post-primaire sera orienté à 70% vers des structures de préprofessionnalisation et 30% vers des structures d’enseignement général, parce qu’il est tout à fait évident aujourd’hui que nous ne pourrons pas poursuivre dans notre voie de l’émergence si l’enseignement technique et professionnel représente moins de 10% de notre système éducatif. Donc, il faut inverser les tendances pour au moins évoluer vers les 60 à 75%.
Au sujet de l’emploi
Le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes a été créé pour contribuer à lutter contre le chômage, à travers la promotion de l’entreprenariat des jeunes. Ce fonds a effectivement démarré ses activités en 2008, une année après sa création. Les conditions d’accessibilité au fonds sont : participer avec succès au programme de formation de 5 000 jeunes par an en entreprenariat, être un jeune de 15 à 35 ans, avoir un projet générateur de revenus et créateur d’emplois, être de bonne moralité, avoir la base d’un mentor ou d’un parent, accepter que le fonds assure le suivi de l’activité de l’entreprise (investissement réalisé, comptabilité) et cela jusqu’au remboursement intégral du prêt, participer aux actions de formation, d’encadrement proposées par le fonds. Les concours de fonds varient entre 200 000 F et 2 000 000 de F CFA. Le taux d’intérêt est de 2% pour les personnes handicapées, 3,5% pour les filles et 4% pour les hommes. De 2008 à 2012, le fonds a enregistré les résultats suivants : 16 981 jeunes formés en entreprenariat, 3 848 projets financés pour un montant de plus de 3 500 000 000 F CFA, 12 957 emplois créés. Pour rendre le fonds accessible à un plus grand nombre de jeunes, le gouvernement prévoit de renforcer ses capacités financières pour lui permettre de couvrir au moins 50% des projets soumis annuellement à son financement. Actuellement, seulement 30% des projets qui nous sont soumis sont effectivement financés, d’approfondir la déconcentration de la structure déjà présente dans toutes les régions au niveau provincial.
En ce qui concerne le Programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes (PSCE), j’avais annoncé la création de 5 000 emplois par an. Je peux vous donner les chiffres suivants de cette politique que nous avons lancée en fin 2011-début 2012. A ce jour, le programme a touché 56 734 personnes dont 26 784 emplois directs et 22 000 emplois indirects générés, plus de 18 000 postes d’occupation de jeunes opérés, 7 015 jeunes et femmes urbains et ruraux bénéficiaires de formation, 257 groupements et associations de femmes, dotés de technologies multiformes. Le budget révisé du programme s’élève à plus de 10 253 000 000 de F CFA et les sommes débloquées effectivement sont de plus de 6 486 000 000 F CFA et le paiement effectif est de 3 241 000 000 F CFA. Soit un taux d’exécution de 31,61%. Nous avons pris la mesure de l’importance de ce programme. Nous allons le réorienter. Notre ambition est beaucoup plus grande et les chiffres de 50 000 emplois créés nous paraissent modestes.
A propos de l’enseignement supérieur
Je vous ai dit que nous sommes sur des pistes de solutions qui vont nous permettre de résorber la situation de l’Université de Ouagadougou (UO), parce qu’actuellement, sur le campus de l’UO, vous avez trois années qui se chaussent, c’est-à-dire 2011, 2012, 2013. Les indications que nous souhaitons, c’est qu’en octobre prochain, tous les systèmes soient réglés, pour que nous ayons une seule année. Il y aura sans doute, des conséquences, parce que nous allons peut-être déclarer certaines années ou certaines promotions blanches. Sinon, nous sommes dans un cercle vicieux. Nous allons au préalable, discuter avec tous les acteurs concernés. Je veux parler des professeurs, des étudiants. Les mesures que nous prendrons seront sans doute difficiles, mais il faut nécessairement passer par là pour que l’UO retrouve sa normalité.
De la question de la santé
Le plus important pour nous, c’est de mettre d’abord les médicaments génériques à moindre coût à la disposition de nos différentes formations sanitaires. Nous avons également un dispositif à travers l’action sociale qui nous permet de prendre en charge un certain nombre de personnes vulnérables. C’est pourquoi, il faut nécessairement évoluer vers les mutuelles de santé ou l’assurance maladie. La question de l’hôpital Yalgado est comme un serpent de mer. Je dois avouer qu’il y a eu des erreurs qui ont été faites dans l’approche de cette question. Il y a des paramètres techniques qui n’ont pas été pris en compte, nous ne disposons pas d’une étude fiable d’un nouvel hôpital. C’est pourquoi, nous allons remettre le compteur à zéro. Nous allons voir à travers les études, comment délocaliser l’hôpital tout en gardant son statut. Il est impératif que d’ici à deux ans, cette question soit réglée définitivement pour que nous disposions au centre ville de Ouagadougou, d’un véritable hôpital public de référence.
De la couverture télévisuelle et radiophonique du territoire national
En ce qui concerne la couverture télévisuelle de certaines zones frontalières, la fourniture discontinue de l’électricité ne permet pas, pour le moment, de la réaliser entièrement. Dans le cadre de la mise en œuvre du plateau technique national de communication, l’importation d’émetteurs radiodiffusion et de télévision dans les chefs-lieux de provinces frontalières et quelques autres villes stratégiques, permettra de renforcer le réseau de télévision. Plus globalement, le processus de transition vers la télévision numérique de terre permettra de combler le déficit de couverture radiophonique et télévisuelle du territoire national, grâce à la création d’un opérateur unique et qui sera chargé de la diffusion des programmes de la RTB et des télévisions privées. C’est pourquoi, il faut qu’on développe l’Internet, parce qu’il est évident que si nous avons un réseau de fibre optique, cela va faciliter encore l’accès des populations à l’information.