Des semaines après le début de l’offensive victorieuse de l’armée française, la situation au Nord-Mali reste complexe, surtout à Kidal, dernier bastion islamiste et berceau de l’Azawad. Kidal où le MNLA, enfin débarrassé de ses alliés d’hier, vole au secours de la victoire, en jouant le rôle de supplétif dans le strict cadre de la lutte contre le terrorisme.
Face à ces «modérés» désormais prêts au dialogue, des forces françaises qui, malgré leurs nombreux succès sur le terrain, restent gênées aux entournures par la menace qui pèse sur leurs compatriotes retenus dans le Sahel. La preuve, ce sont quelque 1800 Tchadiens qui son entrés à Kidal tandis que la sécurisation de la zone très stratégique de l’aéroport revenait aux forces spéciales françaises.
Et pendant que ça joue serré du côté des montagnes de Tessalit, une autre bataille, bien plus feutrée celle-là, se profile à Bamako ou plutôt à Kati : en effet, on apprend que des discussions ont été engagées entre la Cédéao et l’ancienne junte, disposée à quitter Kati à condition d’obtenir une sortie honorable. Des postes consulaires pour les uns et des retraites dorées pour les autres ; ainsi se déclinent les désirs des auteurs du coup d’Etat qui a précipité le Mali dans les affres de la crise et de la sédition jihadiste. Un cadeau empoisonné que bon nombre de leurs compatriotes, éprouvés par des mois d’occupation du Nord, souhaiteraient leur rendre au centuple.
A ce qu'on voit, le capitaine putschiste veut bien partir tout en assurant à ses hommes le nécessaire et le superflu. Et par-dessus tout, l’homme fort de Kati souhaite conserver ses propres acquis ainsi que la parcelle de pouvoir qu'il lui reste. Car l’actuel président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité entend bien le demeurer. Une preuve supplémentaire que lorsque l’on a goûté au pouvoir et à ses délices, il est difficile de leur tourner le dos.
Mais puisqu’il constitue une partie du problème, donc de la solution, il faudra bien, tôt ou tard, se pencher sur le cas du capitaine Sanogo et de ses affidés, parce que la réorganisation de l’armée malienne passe aussi par Kati. Pour l’heure, tandis que les soldats français sont à la manœuvre sur le terrain, d’autres forces se mobilisent, notamment sur le plan diplomatique : par exemple, le groupe de soutien au Mali, qui rassemble de grandes organisations internationales comme l’ONU, est déjà à pied d’œuvre pour trouver les moyens d’assurer un retour à la stabilité après le départ du contingent français, puis à terme, de la MISMA. «La France restera avec vous le temps qu’il faudra», a assuré François Hollande à ses partenaires africains. Mais encore faudra-t-il qu’à l’issue des opérations, l’armée malienne soit en mesure de s’acquitter des tâches régaliennes qui ont toujours été et restent les siennes…