«Nord-Mali : Le MNLA renaît à Kidal… l’arme au poing». C’est ainsi que nous titrions notre Regard sur l’actualité du jeudi 31 janvier 2013, avec la reprise du contrôle de cette ville par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et la faction dissidente d’Ansar Dine. Le moins que l’on puisse en dire est que ce mouvement continue sur sa lancée, puisqu’il a arrêté le week-end dernier deux hauts responsables d'Ansar Dine et du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest).
Pour un grand coup de filet, c’en est bien un. Ce sont en effet deux gros gibiers féroces qui ont été pris dans la mer de sable malienne à la frontière algérienne ; il s’agit, a-t-on appris, de Mohamed Moussa Ag Mouhamed, considéré comme le numéro 3 d’Ansar Dine, l’idéologue ou encore «celui-là même qui ordonnait de couper les mains (à Tombouctou)», et d’Oumeïni Ould Baba Akhmed, un responsable du MUJAO, lequel serait impliqué dans l’enlèvement de plusieurs otages français. Leur arrestation se serait produite après un accrochage entre le MNLA et un convoi de rebelles qui tentait de passer la frontière algérienne.
C’est également un joli coup médiatique pour le MNLA, qui tente de redorer son blason et d'entrer dans les bonnes grâces de la France et des pays prenant part à la MISMA. C'est à croire que ce mouvement a entrepris ainsi d'acheter une conduite, en offrant à ses «alliés» une véritable mine de renseignements grâce aux deux djihadistes arrêtés.
Cependant, il ne faut pas oublier que le MNLA est à la base de la chienlit qui s’est installée au Mali, car c'est lui qui a fait entrer le loup dans la bergerie de par son flirt avec les terroristes, c'est encore lui qui a proclamé l’indépendance de l’Azawad, etc., et le voilà qui vient jouer au supplétif de l’opération Serval aujourd’hui à peu de frais.
Pour tout dire, l’arrestation des deux hauts responsables djihadistes vaut ce que ça vaut, mais les forces coalisées ne devraient pas avoir une confiance aveugle en ce MNLA, au regard de ses antécédents peu glorieux. Avec la bonne prise qu’elle vient de réaliser, la rébellion touarègue tient là des atouts majeurs pour entrer dans les bonnes grâces de la France. Cependant, la question que l’on se pose est de savoir si le MNLA peut aussi facilement acheter une virginité après avoir semé le bordel dans le pays de Soundjata Kéïta ; pourtant tout semble indiquer qu’il pourra obtenir gain de cause, puisque Paris même pousse Bamako à ouvrir des négociations avec les populations et forces du Nord, dont le MNLA. Au nom de la paix, le Mali sera bien obligé de fermer les yeux sur les fautes de la rébellion touarègue.