Dans la ville de Bobo-Dioulasso, aux abords de quelques voies et à proximité des marchés, il y a des étals de ventes de vêtements couramment appelé « yougou-yougou ». Un commerce que certains disent exercer malgré eux, et qui pourtant, leur permet de subvenir à leurs besoins.
Sur la rue André Aubaret, des jeunes sont en train de déballer des vêtements. D’autres dans les hangars, soulèvent et regardent des habits. Les premiers sont les occupants des lieux et les autres, des clients venus chercher de quoi s’habiller. C’est dans ces endroits que beaucoup de gens viennent s’approvisionner en friperie. Pour l’attaché commercial Serge Sansan Kambiré à la recherche d’un costume, les offres sont meilleures ici. « Pour cela, je suis prêt à miser 20 000 ou 25 000 francs CFA. Les vêtements sont de bonne qualité et la couture est impeccable. Il est difficile de trouver des couturiers sur la place, qui peuvent faire des coupes pareilles. Une fois que le choix est fait, il suffit de nettoyer pour utiliser », dit-il. Un autre client, Salif Kanazoé qui est ouvrier-mécanicien, est venu acheter des tenues de travail. « Les modèles que je trouve sur ce marché sont difficiles à être produits par les couturiers de la place. Les vêtements sont de bonne qualité et moins chers », confie-t-il. Adjara Ouattara est, quant à elle, en quête d’habits pour enfants. La friperie est prisée des Bobolais en raison de son accessibilité. Tout le monde peut s’en procurer selon ses moyens, parmi les pantalons, chemises, t-shirts, robes, draps et autres effets d’habillement.
Mais ce commerce nourrit-il bien son homme ? Beaucoup personnes se sont adonnées à cette activité avec des fortunes diverses. Amadou Coulibaly, lui, tient un hangar sur la rue André Aubaret. Il dit être dans ce métier depuis 1988. Le prix de ses articles va de 400 à 25 000 F CFA. Et ses clients sont des jeunes. « Auparavant, j’étais un vendeur ambulant de vêtements d’occasion. Au fil du temps, j’ai eu un peu de moyens financiers pour m’installer ici. Nos produits sont appréciés », dit-il. Les habits, Amadou Coulibaly les achète chez des grossistes. Mais il trouve actuellement que les prix sont élevés. « Les grossistes chez qui nous achetons pour revendre disent que les coûts de revient des marchandises sont en hausse du fait des tracasseries dans les transactions, d’où la cherté pour les clients », laisse-t-il entendre. Activité lucrative ou de débrouillardise ? M. Coulibaly pense que la vente de la friperie, bien que ne lui permettant pas d’engranger de grosses sommes d’argent, l’aide à faire face aux besoins matériels et financiers de sa petite famille. Même son de cloche chez Inoussa Bako, qui, en plus, affirme s’être engagé dans ce commerce par manque d’emploi. Au côté-Sud du marché de Bobo-Dioulasso, Mohamed Sidi Ganamé, à la différence des autres, va au Ghana pour s’approvisionner en friperie. Il est entré dans ce négoce il y a environ une dizaine d’années. « J’achète les balles qui viennent d’Amérique, d’Europe ou d’Asie et les prix varient de 100 000 à 150 000 francs CFA », explique-t-il. Le choix des types de vêtements à vendre sont fonction de la demande du marché. Par ces temps où il fait frais, les tenues qui protègent du froid se vendent bien, affirme M. Ganamé.