La nuit du 22 au 23 mars dernier aura été ce qu’on pourrait qualifié de ‘’nuit des grands couteaux’’ dans la commune rurale de Tanghin Dassouri. Cette nuit là deux groupes dont l’un d’obédience « cédépiste » se sont violemment affrontés à coup d’armes blanches faisant deux blessés et créant une situation d’hostilité qui n’augure rien de bon dans la dynamique d’une cohésion pacifique.
A Tanghin Dassouri, il est difficile de savoir véritablement le déclic de la violence entre les membres de cette grande famille. Mais il existe cependant des constances dans les faits. Le 22 mars dernier, alors qu’il revenait d’une de ces propriétés, El Hadj Hamado Sawadogo, un sexagénaire, sera battu et humilié par des jeunes qui seraient des militants du CDP et qui étaient rassemblés sous un arbre où se tenait régulièrement les grands rassemblements de la commune. Selon l’intéressé qui revenait de l’hôpital où il est allé faire des radiographies suite aux coups reçus, de retour d’une de ses propriétés il a été accosté par un jeune, en l’occurrence Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum qui lui aurait lancé, en premier, des invectives avant que ses camarades ne s’empennent verbalement à lui à leur tour. « Je revenais de ma propriété qu’un jeune voulait louer. De retour, je suis passé vers l’arbre à palabre. Je ne savais pas que des jeunes dont Ousmane dit Commissaire y étaient rassemblés. Quand je suis arrivé à leur niveau, Souléymane Ouédraogo dit Boum Boum m’a accosté et m’a proféré des insultes. Les autres se sont joints à lui pour en faire autant. Je ne pouvais pas me laisser faire. Je me suis arrêté et ils se sont rués sur moi. Je leur ai dit que si c’est la bagarre qu’ils veulent, ils peuvent venir parce que je n’avais peur de personne d’entre eux », a expliqué El Hadj Hamado qui est loin d’oublier les supplices qui lui ont été infligés par ses bourreaux d’un soir. « Ils m’ont roué de coups de poing et de coups de pieds, avant de me soulever comme un jouet », a-t-il témoigné. Humilié et copieusement battu par des jeunes dont certains avaient l’âge de ses petits fils, El Hadj Hamado Sawadogo a témoigné avoir eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un homme nommé Nabiga qui l’aurait débarrassé de la furie de la meute. Interrogé sur son implication dans l’agression de El Hadj Hamado Sawadogo, Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum militant du CDP et qui serait aussi un des proches collaborateurs de l’ancien maire, Adama Zongo a nié avoir entrepris l’agression du sexagénaire. A l’en croire c’est El Hadj Hamado Sawadogo qui a été le premier à l’agresser. Donc il n’aurait réagi qu’en représailles aux coups volontairement portés sur lui par El Hadj Hamado Sawadogo. « Nous étions en réunions sous l’arbre à palabre quand nous avons vu El Hadj Hamado Sawadogo arriver. Il a laissé tomber son vélo et s’est mis à nous insulter. Je lui ai répondu que le lieu de rencontre était ouvert à tous. Les membres du MPP ont tenu leur réunion là-bas aucun de nos militants ne s’y est rendu, idem pour l’UPC. Mais pourquoi à notre tour, il s’invite ? Je lui ai dit que ça ne pouvait être que de l’espionnage. Sur ces entre faits, il m’a assené de coups. Nous étions plus de 100 personnes et nous nous sommes affrontés. Certains se sont mis à nous séparer », a relaté Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum qui a reconnu que le sexagénaire a été passé à tabac tout comme lui aussi a asséné des coups de poing. Aussi a-t-il reconnu que El Hadj Hamado Sawadogo n’était pas armé quand l’altercation a eu lieu entre 18h et 19h. Pourtant, selon une troisième version recueillie au près de Oumarou Kaboré natif du village de Kologh Naaba, bastion de la tension. Cette version soutien le fait que El Hadj Hamado Sawadogo était juste de passage et c’est Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum qui a été le premier à l’accuser d’avoir saboter un geste de sollicitation de bénédiction posé par les jeunes du parti CDP. « Nous étions sous l’arbre à palabre quand le vieux El Hadj Hamado Sawadogo passait. En ce moment Souleymane Ouédraogo a dit ‘’tiens, le voici, passer c’est l’un de ceux –là qui se sont promenés pour retirer les colas que nous avons distribués en vue de la bénédiction du parti. Quand El Hadj Hamado Sawadogo a entendu cela il a calé son vélo et est venu vers nous en se plaignant ‘’quel chien a cité mon nom ici ?’’. Quand Souleymane Ouédraogo s’est approché de lui , il l’a asséné de coups de poing au visage. Je ne savais pas qu’un homme de cet âge était en mesure de porter la main, le premier à quelqu’un. Quand Souley a reçu le coup, lui aussi a riposté en l’assénant de coups à son tour », a-t-il témoigné. De ces faits plus ou moins confus tels l’obscurité de la nuit naitra une situation qualifiable de nuit des grands couteaux. En effet, des groupes d’individus se sont alors livrés à une chasse à l’homme dans la nuit noire. Tandis que les militants du CDP se promenaient de concession en concession pour s’en prendre à tous ceux qui auraient participé au retrait de leurs libéralités à savoir des colas offertes aux vieux en sollicitation de bénédictions, un autre groupe qui se bat pour le respect de la procédure de lotissement opéré sous le mandat de Adama Zongo se livrait à la vengeance de leurs membres qui ont reçu la visite du camp adverse.
L’ombre de Adama Zongo a plané là !
En réalité dans le fond du problème, c’est le retour du CDP dans les activités politiques qui parait la source de tension. En effet selon des sources confidentielles, l’ancien maire de Tanghin Dassouri et président de la FEDAP-BC Adama Zongo aurait trouvé de quoi galvaniser certains jeunes en leur achetant des motocyclettes de marque Nouvo et des 135 pour eux. Toute chose motivant, les jeunes auraient entrepris de faire une descente dans l’arène politique avec comme première étape un acte de générosité envers les vieux pour solliciter leur « doua » selon les intéressés. Mais à en croire des indiscrétions, des colas et une forte somme d’argent ont été offerts aux vieux. Pour les contempteurs de cette action, derrière cet acte de bienveillance se cache des desseins tirés des anciennes pratiques consistant dans l’achat de l’électorat. Selon Oumane Ouédraogo qui a reçu la visite des jeunes du CDP exigeant des explications, c’est parce que le motif du présent offert aux vieux n’était pas clair qu’il a été exigé que ceux-ci rendent ce qu’ils ont perçu. «Après une rencontre de notre association à Ouagadougou, le samedi 21mars 2015, le parti CDP est venu hier dimanche offrir de la cola et de l’argent à nos vieux. Nous avons voulu connaitre la cause de cette offre. N’ayant pas su la raison, nous avons retourné l’offre et cela a suscité un mécontentement au niveau du parti CDP. Ils sont partis chez deux de nos vieux dans le but de connaitre la cause du retour de l’offre. Puis enfin, ils sont venus chez moi m’accusant d’inciter les vieux à retourner le cadeau », a-t-il confié. Et de marteler que tous ces gigotements du CDP sont à la mesure des forfaits commis dans les affaires de parcelles sous la mandature de Adama Zongo. Toute chose que Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum réfute en déclarant qu’avant de démarrer leurs activités politiques il leur est apparu expédient de recueillir la bénédiction des vieux. Toutefois il a reconnu que les jeunes du CDP sont en contact avec Adama Zongo qui reste le secrétaire général du parti à Tanghin Dassouri.
Quel a été le péché de Mohamadi Kaboré ?
Celui qui aura fait le plus les frais de cette nuit des grands couteaux reste Mohamadi Kaboré qui s’en est tiré avec une blessure à coups de machettes à la tête et au bras. Sa mère qui aurait tenté de défendre son fils a elle reçu un coup de machette au bras. Selon la victime, c’est de retour du marché qu’il aurait été agressé. Au surplus, il a laissé entendre qu’il n’était pas politiquement actif. Une version contredite par celle de Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum qui laisse croire que Mohamadi Kaboré est un militant du CDP et a même pris part à la réunion au cours de laquelle le vieux El Hadj Hamado Sawadogo a été agressé. «Hier nuit, à 22H30 j’ai reçu un coup de fil m’informant qu’un de nos militants a été agressé en rentrant chez lui après la rencontre et a été transporté à l’hôpital. Arrivé, j’ai constaté qu’il a reçu des coups de machettes sur le front et le bras, sa mère aussi à été blessée au bras », a affirmé Souleymane Ouédraogo dit Boum Boum. Certains ont même confié qu’il a participé à l’agression du vieux Hamado et c’est pour venger ce dernier qu’un groupe a porté atteinte à son intégrité physique. Le témoignage de Ousmane Zoundi achève d’établir son implication dans la patrouille qui a consisté à régler les comptes à ceux qui ont clamé à cor et à cri la restitution des libéralités des jeunes cédépistes. « Aux environs de 19H30, en rentrant chez moi, je vis une grande foule devant ma porte avec des machettes, des bois. Je suis rentré chez moi en les saluant mais je n’ai pas eu de réponse. Quand j’ai voulu ressortir pour en savoir plus, mes épouses m’ont fait savoir qu’ils sont venus me tuer. Je suis alors ressorti par la deuxième porte située à l’arrière afin d’aller chercher mon frère dans le but de faire une déposition au commissariat. Je peux vous donner quelques noms de ceux qui sont venus chez moi. Il y a kabore Mohamadi, Nakoulma Salam , Souleymane boum-boum et kabore Oumarou », a-t-il déclaré avec force conviction.
Appel à la résolvance de Seydou Traoré de MSP/DROL
Hier, dans la matinée, les esprits étaient toujours surchauffés et chaque camp s’était retranché dans un comité d’auto-défense dont le grand nombre est compté parmi les adversaires des jeunes Cédépistes. Les habitants de la commune rurale voire les fils du même patriarche n’étaient pas en odeur de sainteté si bien qu’il a été fait appel au pouvoir de résolvance de Seydou Traoré vice-président du Mouvement de solidarité pour le droit au logement MSP-DROL. Quand nous quittions Tanghin Dassouri, il nous a rassuré qu’il a pu obtenir des belligérants une trêve quand bien même elle apparait latente et dans la mesure où Souleymane Ouédraogo nous a lancé ces mots : « Vous viendrai ici encore ». Preuve que la hache de guerre est loin d’être enterrée. Selon une source sécuritaire , 3 personnes ont été interpellées. Ces individus mis à la disposition des officiers de la police judiciaire seraient ceux dont les noms ont été cités dans la plainte de El Hadj Hamado Sawadogo. paradoxe, il y en a un puisque le vieux dit avoir cité son principal agresseur qui serait Boum Boum1
Par Saphnapanéa Roger PAULDROIT et Virginie ZOMA( Stagiaire)