La date butoir de basculement à Télévision numérique terrestre (TNT) est prévue pour le 17 juin 2015. A cette date, il est imposé à tous les pays signataires des accords de Genève 2006 pourtant basculement de la télévision analogique à celle terrestre, à opérer ledit passage. Le Burkina Faso ne sera pas au rendez vous de juin 2015, mais les autorités y feront tout pour y être dans les meilleurs délais. Telle est l’information principale qu’il faut retenir du point de presse tenu le vendredi 20 mars 2015 à Ouagadougou par le ministre en charge de la Communication, Frédéric Nikièma, qui était assisté à cet effet par son homologue du département du Développement de l’économie numérique et des Postes, Amadou Yaro.
Ce qui causera le non respect de la date butoir par le Burkina Faso est le manque à ce stade des financements pour la réalisation des travaux techniques d’installation du réseau. « Le défi majeur pour nous reste la mobilisation des financements que nous devons relever afin de lancer les travaux des infrastructures techniques d’installation du réseau. Mais je puis vous rassurer que des démarches pour la mobilisation des ressources sont en cours et nous travaillons à réduire au maximum le retard», a affirmé le ministre Nikièma.
A ce défi que le Burkina Faso devra relever dans de brefs délais, d’autres défis existent. Il s’agit, entre autres, du défi technologique qui exige que l’Etat construise un réseau technologique national, accompagne les télévisions publiques et privées à s’adapter à ce nouveau dispositif de diffusion, accompagne les populations à adapter leurs récepteurs à l’ère du numérique. Le défi commercial est celui de veiller à l’interdiction d’importer des postes téléviseurs non conformes aux normes adaptées et le défi financier qui vise à rendre disponible les ressources financières afin de soutenir la cadence de réalisation du processus.
De l’avis du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement en charge des relations avec le Conseil national de la transition, Frédéric Nikièma, malgré les obstacles, des efforts ont été consentis par l’exécutif. En effet, tous les dispositifs institutionnels et juridiques ont été pris. Sur le plan institutionnel, on peut noter la mise en place d’un comité de pilotage, chargé d’orienter et de valider les actions de la stratégie de mise en œuvre de la TNT, la création d’un comité chargé de concevoir la stratégie technique de la TNT et de dresser une feuille de route.
Sur le plan juridique, les acquis sont entre autres l’adoption de la loi du 22 mai 2013 portant règlementation de la radiodiffusion sonore et télévisuelle de terre au Burkina Faso, le choix des normes de compression et de diffusion audiovisuelles au Burkina Faso en conformité avec les normes choisies dans l’espace UEMOA et la création de la Société burkinabè de Télédiffusion et l’adoption de ses statuts.
A cela, il faut ajouter que la réalisation du premier multiplex de la TNT et de son dispositif de gestion est mieux avancée. Outre cela, le ministre a précisé que le schéma technique de construction du réseau national a été finalisé et comptera 35 sites de diffusion. « La réalisation de la TNT permettra de résoudre définitivement les difficultés de couverture télévisuelle dans notre pays. En effet, avec la TNT, la couverture télévisuelle atteindra un taux de 100%contre un taux actuel de 53% avec l’analogique », a laissé entendre Frédéric Nikièma qui a par ailleurs précisé que le Burkina Faso ne sera pas le seul pays à ne pas respecter le délai de passage.
La principale conséquence pour les pays retardataires comme le nôtre sera le brouillage des fréquences, surtout au niveau des frontières. « Parce que, si un pays est assez avancé et commence à diffuser en numérique, il va brouiller les fréquences des zones frontalières de l’autre pays. Il faudrait donc qu’il y ait une coordination entre les Etats pour éviter ce brouillage… », a indiqué Kadidia Savadogo, directrice générale de la Société burkinabè de télédiffusion (SBT).
Dimitri Kaboré