L’article 37 de la Constitution revient encore dans les débats publics. Mais, cette fois-ci, animé par des amateurs de la chose politique. Ridicule, fut cette sortie hasardeuse et inopportune de certains acteurs de la société civile. En effet, au cours de la semaine dernière, un mouvement, dénommé M 37 a fait une déclaration pour marquer son opposition à la modification de l’article 37 de la Constitution. Quelques jours après la publication de cette déclaration, c’est le Mouvement populaire des jeunes (MPJ) qui, après avoir publié, lui aussi une déclaration dans les médias, a organisé une conférence de presse pour appeler le peuple à un reférendum afin qu’il se prononce sur la modification ou non de l’article 37 de la Constitution. Si on peut dire que le débat sur l’article 37 est un non-événement, il semble que les deux sorties en elles mêmes constituent un sujet à réflexion.
En situant les événements dans leur contexte temporel, on dira qu’ils interviennent aux lendemains des élections couplées législatives et municipales de décembre 2012 et à seulement deux ans de la fin du mandat du président Blaise Compaoré. Celui à qui, à tort ou à raison, on attribue toutes les supputations relatives au sort de cet article. Ce dernier, du reste, jusque-là, est aphone à tous les débats sur la question. N’est-ce pas donc, une raison suffisante pour les vuvuzelateurs zélés de fermer la bouche. Du reste, la Constitution burkinabè dans ses dispositions actuelles est claire la dessus : le président du Faso est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Après quoi, il est gentiment invité à céder la place à quelqu’un d’autre. Où se trouve donc le problème pauvres gens mal inspirés ? Comment se fait-il donc, que malgré tout, des griots des temps modernes s’approprient le débat alors que les préoccupations du peuple se trouvent ailleurs.
Du reste, le Conseil consultatif sur les réformes politiques et les Assises nationales n’ayant pas trouvé un consensus sur cette question, ont décidé de laisser l’article 37 en l’état ; c’est-à-dire dans sa disposition actuelle.
Mais quel ne fut pas notre étonnement qu’au sortir de ces assises d’envergure nationale, des griots d’une époque moderne, n’ont rien trouvé comme sujet à proposer, malgré la densité de l’actualité nationale et internationale, que celui relatif à l’article 37.
Nous sommes habitués aux pratiques de ce genre d’individus écrasant les chiens déjà morts pour se faire entendre au moment où on les attend le moins. Nous aurions dû passer sous silence leurs déclarations laconiques, mais nous estimons nécessaire d’y revenir. Non pas pour évoquer l’opportunité ou non de modifier l’article 37 de la Constitution, mais pour s’émouvoir du sort de ces jeunes sans repères.
Ceci dit, toutes considérations mises à part, nous estimons qu’il est malsain, voire satanique, dans un contexte africain où les longs règnes finissent tôt ou tard par pourrir la société avant de la plonger dans un chaos total, de poser la problématique d’une modification d’un article consacrant la limitation d’un mandat présidentiel. Fort de ce constat, si des jeunes pour des prébendes acquises dans des salons obscurs trouvent la diabolique inspiration de parler d’un article d’une Constitution pourtant suffisamment clair dans ses dispositions, on ne trouvera autre qualificatif pour les désigner que de dire qu’ils sont les premiers ennemis du peuple. Surtout dans un contexte où les partis politiques, les vrais animateurs de la chose politique, toute tendance confondue, semblent avoir relégué le débat aux oubliettes. Donc, que des faire valoir de la trempe des acteurs du M 37 et du MPJ tiennent ceci pour dit : ce n’est pas en voulant être des wagons d’une locomotive qu’ils se feront une place honorable dans le débat national. Mais bon, comme le disait Norbert Zongo, tout s’achète. Ce n’est qu’une question de devises. Il y en a qui s’achète avec de l’argent, d’autres avec des idées. Malheur donc à ceux qui s’achètent avec de l’argent, parce qu’ils demeureront toujours des wagons d’une locomotive qui ne pensera jamais à leur devenir.
Justement, le mal des sociétés africaines, notamment de celles burkinabè, est d’avoir une frange de sa jeunesse qui, pour des petits avantages, sont prêtes à accepter n’importe quelle sale et basse besogne que leurs dignitaires leur confient. Otages de leur propre avenir, leur vie est très précaire. Nous ne commettons pas l’erreur de penser que tous les jeunes sont des robots à la solde d’un clan mafieux. Il en existe sous nos cieux qui savent s’attaquer aux sujets qui préoccupent les populations. Et c’est cela la vraie vie, car la grave, la plus grave erreur qu’un individu puisse faire de nos jours, c’est d’ignorer les préoccupations de son peuple .