La classe politique malienne vient de donner un signal positif. En effet, les 139 députés ont voté à l’unanimité le 29 janvier dernier, la mise en place d’une feuille de route politique pour l’après-guerre dans le Nord-Mali. Voilà un acte honorable qu’il convient de louer. La classe politique malienne, on le sait, était jusque-là divisée à telle enseigne qu’il était difficile de penser qu’elle pouvait regarder dans la même direction, et parler d’une seule voix. Si aujourd’hui, elle a compris que l’ère des querelles intestines est révolue, c’est tant mieux. En tout cas, cette unanimité est la preuve que la raison a pris le pas sur les intérêts politiciens.
Même les éternels contestataires, tels que Oumar Mariko et le capitaine Amadou Aya Sanogo, n’ont pas trouvé à redire. En tout cas, pas pour l’instant. Il est certes important de faire la guerre pour recouvrer l’intégrité du territoire mais une fois cet objectif atteint, il faudra nécessairement faire la paix. Et cela ne peut se faire sans un dialogue franc entre les différents acteurs. Ne dit-on pas d’ailleurs que toute guerre se termine autour d’une table ? La négociation avec des groupes non extrémistes est une nécessité absolue. Et pour le cas précis du Mali, tant que la question des touaregs ne sera pas résolue, il sera illusoire de croire à une paix durable. Aussi faut-il mettre un terme aux arrestations arbitraires comme l’ont souhaité les élus. Pour que chacun puisse apporter sa contribution à la réunification de la nation, il faudrait que tout citoyen soit libre de ses mouvements et qu’il puisse jouir des droits que l’Etat lui confère. Il serait même inconcevable que le Mali continue de demander l’appui des forces françaises et africaines pour bouter hors de son territoire les islamistes, pendant que des éléments d’une de ses unités d’élite sont détenus arbitrairement. A vrai dire, la justesse des points évoqués par les députés ne souffre d’aucune ambiguïté. Même s’ils n’ont pas fixé de date, la tenue d’élections transparentes et équitables que le président intérimaire Dioncounda Traoré souhaite voir se dérouler avant fin juillet, demeure un grand challenge pour les Maliens.
Pour rétablir les institutions dans leur plénitude, pour construire un Etat de droit, un Etat républicain, le Mali n’a autre chemin que celui des urnes. Seules des élections régulières et transparentes peuvent permettre au peuple malien de se choisir librement les hommes à qui il souhaite confier son destin. Tout ce que l’on peut souhaiter aux Maliens, c’est que l’unanimité qui prévaut actuellement autour de la nouvelle feuille de route, soit également leur leitmotiv après la guerre. En tout état de cause, si les acteurs-clés veulent remporter la palme, il leur faut inéluctablement œuvrer à ce que l’après-guerre ne soit pas une autre paire de manches. Et l’on peut, d’ores et déjà, dire que les députés ont donné la note . Il appartient donc aux autres acteurs, notamment le capitaine Amadou Sanogo et compagnie, de s’inscrire dans cette dynamique.