Air France a inauguré jeudi à Ouagadougou au cours d’un sympathique cocktail, une nouvelle agence, située au quartier Koulouba en présence du ministre de la Culture, Jean Claude Dioma, et des ambassadeurs français et américains. Patrick Alexandre, directeur général (commercial et Alliances) du transporteur français, présent au Burkina depuis 65 ans, explique à Sidwaya les enjeux de la nouvelle stratégie du groupe. Entretien
Sidwaya (S.) : Vous avez inauguré un nouveau siège d’Air France à Ouagadougou. A quoi répond cette volonté de se doter d’un nouveau cadre de travail?
Patrik Alexandre (P.A.) : Nous souhaitons montrer par cet investissement, l’importance que nous accordons à la qualité des relations avec le client africain. Après tout, une agence est un début de voyage et à la suite on aura l’accueil à l’aéroport, les avions, les nouveaux produits. C’est un signal fort pour que nos clients se sentent bien dans l'un des plus beaux immeubles de Ouagadougou.
Sidwaya : Donc un changement de vision ?
P.A. : C’est évidemment un déménagement qui traduit aussi notre ambition forte en Afrique. Air France veut être la compagnie préférée des Africains. C’est la mission qui a été confiée à M. Prades (NDLR : Jean Louis), le directeur général pour le Burkina. Et il s’est acquitté. C’est un signe.
Sidwaya : On voit aussi que Air France se lance beaucoup plus dans le low cost en baissant les coûts. A quoi peuvent s’attendre les voyageurs burkinabè?
P.A. : Nous travaillons sur les coûts, parce qu’il y a des compagnies qui viennent et qui repartent, donc il ne faut pas faire le malin. Il s’agit de baisser les prix et être le plus efficace possible au vu des relations entre la diaspora et les liens qui unissent le Burkina et la France et du rapprochement des familles. Nous voulons être capables de faire des tarifs d’appels adaptés. En ce moment par exemple, sur le Burkina, nous avons des tarifs d’appels qui sont de 390 000 F CFA. Notre objectif est de donner le tarif qui convient.
Sidwaya : Faut-il s’attendre à des innovations que vous allez introduire sur la ligne Ouagadougou-Paris ?
P.A. : Nous mettons déjà l’accent sur la proximité commerciale, c’est l’exemple de l’agence que nous avons inaugurée, des tarifs adaptés. Nos avions sont équipés de trousses, de nouvelles couvertures et les oreillers. Nous allons également améliorer notre offre de vin, de boissons et de produits. Il y aura enfin la transformation des airbus 330, dès qu’on aura fini la transformation des Boeing 770.
Sidwaya : Quel est votre commentaire sur la rentabilité de cette ligne ?
P.A. : Elle n’est pas très rentable. Beaucoup pensent que Air France réalise le maximum de ses profits en Afrique, mais ce n'est pas le cas. Garder des lignes rentables en Afrique est pour nous un gage de pérennité. L’Afrique est de loin le premier continent où Air-France transporte le plus de clients. Pour nous, l’essentiel est que la ligne fonctionne, que l’on soit présent durant toute l’année et non quand il y a de l’affluence. Vous vous imaginez, les coûts sont parfois plus élevés avec la levée aéroportuaire, l’assistance et sécurité. Par exemple au Sénégal, nous sommes là pendant le mois de Ramanda, en Guinée pendant l’épidémie à virus Ebola. C’est pour cela que l’on se bat quand même pour avoir une certaine rentabilité.
Sidwaya : Quelle place accordez-vous aux alliances avec les compagnies nationales comme Air Burkina, Air Sénégal ?
P.A. : C’est déjà le cas avec Air Burkina pour ne citer que celle-là qui est une bonne compagnie. Nos clients ont besoin d’un réseau régional sûr et fiable. Pour avoir un bon réseau, il faut s’allier pour atteindre une taille critique. Si par exemple il y a deux vols qui partent à la même heure, il faut s’organiser pour les décaler. Ces réseaux participent au développement des pays africains autant que le Burkina participe aux échanges interrégionaux. Nous sommes prêts en tout cas à apporter toute la connaissance et conseils pour les accompagner ces compagnies.
Sidwaya : L’arrivée de nouvelles compagnies comme Emirati vous inquiète-t-elle ?
P.A. : Nous sommes sereins. Le trafic entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe s’oriente très majoritairement vers Paris et peut-être vers l’Amérique. Donc la demande des passagers est d’aller le plus simplement possible avec le meilleur rapport-qualité-prix. Ce n’est pas parce que vous allez ouvrir une ligne sur le Golf qu’ils vont y aller. De plus, nous nous battons par nos produits, notre proximité pour apporter une réponse à une vraie demande.
Sidwaya : Nous sommes presque à la fin du premier trimestre de l’année, quelles comparaisons faites-vous avec celui de l’année dernière, en termes de rendement ?
P.A. : C’est une année extrêmement difficile. Nos prévisions de croissance sont minces à 2% et notre chiffre d’affaires sera à l’équilibre. Mais, pas seulement. C’est aussi l’année où nous allons livrer ces nouveaux avions qui seront en avril au Cameroun et en Guinée équatoriale. La montée en gamme de nos produits est donc une bonne nouvelle.
Propos recueillis par Nadoun Coulibaly