Ouagadougou - Le premier ministre Luc Adolphe Tiao a prononcé mercredi à l’Assemblée nationale son Discours de politique générale, conformément aux dispositions de la constitution qui exige cet exercice dans les 30 jours suivants sa nomination.
Dès 10h 15mn, Luc Adolphe Tiao, drapé dans un long boubou blanc brodé et coiffé d’un bonnet, s’est livré à la lecture d’une déclaration de près de deux heures qui sera suivi de débats.
Outre les débats, cet exercice, premier du genre pour la 5ème législature, sera également suivi, d’un vote des députés, à bulletin secret, qui a valeur d’investiture pour le premier ministre burkinabé.
En effet, suite aux derniers amendements de la loi du pays, si la déclaration de politique générale du premier ministre ne recueille pas la majorité absolue du vote des députés, le président du Faso devra mettre fin aux fonctions de celui-ci dans un délai de huit jours puis nommé un autre premier ministre.
Mais au regard de la composition de l’Assemblée nationale, dont 70 députés sur 127 sont issus du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir) et une trentaine de députés des partis de la mouvance présidentielle, nul doute que la déclaration de politique générale de Luc Adolphe Tiao va recueillir la majorité nécessaire à son maintien au poste de premier ministre.
Selon le document de 40 pages, lu par le premier ministre, l’exposé de Luc Adolphe Tiao, a été bâti autour du programme politique de Blaise Compaoré, « Bâtir ensemble un Burkina émergent », basé lui même sur la Stratégie de croissance accélérée pour un développement durable (SCADD).
Pour le premier ministre, la vision du président du Faso est que « l’émergence de notre pays doit s’appuyer sur le développement et la consolidation de l’investissement humain et la protection sociale, le développement institutionnel et le renforcement de la gouvernance, le développement des piliers de la croissance et des dynamiques nouvelles et transversales ».
C’est ainsi que la SCADD, « notre référentiel de politique de développement économique et social, s’inscrit parfaitement dans cette vision du président du Faso », a-t-il expliqué.
Si la mise en œuvre de ce programme quinquennal, entamé depuis 2011 se poursuit normalement, « mon Gouvernement s’engage ardemment à traduire par des actes encore plus concrets le Programme présidentiel » bâti autour de quatre axes a-t-il indiqué.
Il s’agit de la consolidation de l’investissement humain et la promotion de la protection sociale, du développement institutionnel et le renforcement de la gouvernance, le développement du pilier de la croissance accélérée et de l’émergence et enfin les dynamiques nouvelles l’économie et les priorités transversales.
Sur le premier axe, Luc adolphe Tiao a assuré que « notre politique sanitaire adoptée récemment par le Gouvernement devrait corriger les insuffisances de notre système de santé, en vue de lui conférer une plus grande accessibilité, une meilleure efficacité et une plus grande capacité de veille et d’anticipation » car le développement du capital humain demeure le facteur essentiel de la croissance économique et du progrès social.
Pour le premier ministre, il s’agira alors de mettre à niveau les infrastructures et des équipements des centres de santé, de poursuivre la construction des CSPS « pour rapprocher encore davantage les populations de leur formation sanitaire de base ».
Il s’agira également de renforcer les ressources humaines de du système de santé, d’acquérir un nombre important d’ambulances et renforcer l’accès et la disposition des patients des médicaments génériques à moindre coût, a-t-il poursuivi.
Dans le secteur de l’action sociale et de la solidarité nationale, l’action du Gouvernement vise la protection et la promotion sociale inclusive à l’ensemble de la population, en particulier aux couches sociales les plus défavorisées.
Dans cette perspective, l’accent sera mis sur le renforcement de la cellule familiale, la protection de l’enfant et de l’adolescent ainsi que le développement intégré de la petite enfance, la protection et la promotion des enfants et des jeunes en difficultés à travers la lutte contre les violences faites aux enfants, la lutte contre le travail des enfants, notamment dans les mines et carrières artisanales.
Concernant l’enseignement, le gouvernement prendra des mesures pour accompagner les promoteurs privés du secteur de l’enseignement supérieur et construira dans chaque région un établissement de formation professionnelle de référence, a-t-il déclaré.
Pour le problème de l’emploi, et principalement celui des jeunes, le Programme Spécial de Création d’Emplois pour les jeunes et les femmes (PSCE/JF) mis en œuvre en 2012, sera réajusté et intensifié tout en opérant un meilleur ciblage des niches d’emplois décents et durables, a-t-il assuré.
Sur le second axe, traitant de la gouvernance politique, les actions du gouvernement "s’orienteront vers le raffermissement des liens institutionnels entre l’Exécutif et le Législatif par le renforcement des capacités des administrations en matière de procédures législatives", a déclaré le premier ministre.
Il s’agira également, selon lui, de consolider le dialogue démocratique au moyen de nouveaux cadres d’expression.
Quant à au troisième axe qui aborde le développement, Luc Adolphe Tiao a soutenu que "pour une croissance accélérée, nos actions s’appuieront sur des secteurs stratégiques, que nous avons déclinés en piliers de croissance accélérée qui ont un fort potentiel de valeur ajoutée, de création d’emplois et ayant une capacité d’entrainement de développement des autres secteurs de l’économie".
Ainsi, la politique sectorielle visera le renforcement des capacités des producteurs, l’appui au développement de l’agrobusiness et la construction, la réhabilitation de barrages, l’adduction d’eau, a-t-il affirmé.
Selon Luc Adolphe Tiao, "pour réussir dans toutes nos actions, il importe d’avoir aussi une attention particulière sur l’impact des questions transversales tels que, le genre, la démographie, l’environnement, l’aménagement du territoire, le renforcement des capacités des administrations publiques, la modernisation de l’administration et l’intelligence économique sur les politiques et programmes de développement", d’où le quatrième axe.
"Le Gouvernement œuvrera à l’institutionnalisation du genre et renforcera la capacité des acteurs internes et externes (car) notre société ne peut envisager sa mutation positive sans l’évolution du statut de la femme, son autonomisation et son accès aux postes électifs et de responsabilité", a-t-il affirmé.
Au plan économique, le premier ministre a souligné les résultats remarquables en matière de croissance notamment sur le plan agricole.
La construction d’infrastructures (sanitaires, routières, éducatives...) consiste également une des avancées significatives relevées par le premier ministre.
"En m’appuyant sur notre expérience et sur nos acquis présents, je regarde vers l’avenir avec confiance et optimisme. Cet optimisme est le fruit de la conviction que nous avons de l’effort que chaque Burkinabè, d’ici ou d’ailleurs est prêt à consentir pour le développement de son pays, a conclut M. Tiao.