La Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) a animé sa toute première conférence de presse le 21 mars 2015 à Ouagadougou. Le président de la CRNR, Mgr Paul Ouédraogo, accompagné de 4 autres vice-présidents, en a profité pour présenter les missions de la commission et le travail à faire en l’espace de 5 mois.
Le temps étant compté pour elle, la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) a commencé à travailler avant de se présenter à la presse. Ainsi, après la prestation de serment de ses membres le 13 mars 2015, la commission a déjà eu deux travaux en plénière les 10 et 20 courant, comme l’a souligné son président, Mgr Paul Ouédraogo, dans sa déclaration liminaire. Lesquelles plénières ont déjà permis, par exemple, de se pencher sur le projet de règlement intérieur et le projet de budget d’où il ressort la fixation d’un montant forfaitaire uniformes d’indemnités de 250 000 F CFA à servir par mois à chacun des membres. Ce qui est loin des 5,5 millions mensuels donnés par un des membres démissionnaires, Siaka Coulibaly, ont relevé le président de la commission et d’autres animateurs de la conférence de presse.
Mgr Ouédraogo a aussi rappelé le contexte de création de la commission qui est celui de l’insurrection populaire de fin octobre qui appelle un renouveau démocratique, un progrès social et économique. La CRNR a été donc mise en place avec pour mission "d’établir les fondements d’une société véritablement démocratique, juste, libre et inclusive au Burkina Faso", a-t-il indiqué. Cinq chantiers majeurs, qui constituent en même temps les sous-commissions, ont été dégagés à cette fin. Il s’agit de la vérité, justice et réconciliation nationale; des réformes constitutionnelles, politiques et institutionnelles; de la réforme électorale. Les finances publiques et le respect du bien public, la gestion des médias et de l’information sont aussi d’autres chantiers auxquels doit s’attaquer la commission et rendre un rapport au Premier ministre au bout de 5 mois. Dans sa déclaration liminaire, Mgr Ouédraogo a relevé que dans ces différents domaines, il est attendu de la commission de proposer à l’Etat et aux différents acteurs de la société des amendements à la loi, des projets de textes de loi, des mesures de réformes structurelles, des "recommandations fortes" et des actions stratégiques pour une renaissance nationale. Pour une réussite de la mission, le président de la CRNR a lancé un appel aux Burkinabè à la retenue et au respect du sacrifice des martyrs de l’insurrection populaire, à éviter les propos négationnistes et les postures arrogantes. Pour également réussir la mission, la commission, selon son président, s’appuiera sur les travaux antérieurs de structures comme le Collège de sages, s’ouvrira à la société à travers un processus consultatif pour identifier les attentes et collecter les propositions de réformes, etc.
A la faveur des questions, le président de la commission a laissé entendre, par exemple, qu’il respecte la décision des deux démissionnaires Ismaël Diallo (premier à rendre le tablier) et Siaka Coulibaly même si les raisons avancées surtout par ce dernier, qui s’est beaucoup répandu dans la presse, sont discutables. Ainsi, il fera savoir que la commission n’a pas été vidée de sa substance avec la retouche de certaines dispositions de la loi organique qui la crée. Pour lui, la commission n’a pas le même rôle que celui d’une juridiction de jugement. Elle cherche à réconcilier mais pas à juger et infliger des sanctions. Et c’est là que réside la délicatesse de sa mission. "La réconciliation ne se décrète pas, elle se négocie", a-t-il dit pour souligner cet état de fait. Le rapport qui sera remis au chef de gouvernement ne comportera pas des solutions, des remèdes miracles en matière de réconciliation. Il indiquera seulement aux autorités de la transition et à celles à venir dans quel sens il faut aller, a ajouté l’archevêque de Bobo et président de la CRNR.
Le président de la commission et certains vice-présidents et responsables de sous-commissions ont fait savoir aussi qu’ils n’auront pas le temps de toucher au code électoral compte tenu des dispositions de conventions sous-régionales et continentales interdisant de faire des révisions 6 mois avant des échéances électorales. Toutefois, la commission suivra de près le processus de révision engagé par le gouvernement avec le projet de loi dont va se saisir bientôt le Conseil national de la transition (CNT).
Séni DABO