Rideau sur le XXe sommet de l’Union africaine (27-28 janvier 2013). Place à la conférence des donateurs, qui s’ouvre aujourd’hui même. En effet alors que Tombouctou a été pratiquement repris par les soldats français et maliens ce 28 janvier, un raoût financier s’ouvre aujourd’hui même dans la capitale éthiopienne.
Un seul plat de résistance à ce conclave : trouver de l’argent pour la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). La résolution 2085 du Conseil de Sécurité de l’ONU a autorisé le déploiement de cette MISMA, dont le nombre de militaires a été arrêté à 5 700 par ce XXe sommet des chefs d’Etat de l’UA.
Un sommet où on aura remarqué qu’il y a eu chorus sur la situation au Mali, en particulier sur l’intervention française. Mais le tout n’est pas d’être de bonne volonté ; encore faut-il avoir les moyens de sa politique. Et dans le cas d’espèce, c’est le fonds qui manque le plus.
Dans cette optique, le jamboree des donateurs qui s’ouvre aujourd’hui est, à bien des égards, plus important que le sommet de l’UA qui vient de s’achever, car ce qui turlupine les Africains et les ailliés, c’est comment rassembler un vrai pactole pour le déploiement de la MISMA, la restructuration et la formation de l’armée malienne, qui doit inéluctablement, tôt ou tard, suppléer au départ des 2 500 soldats français, qui, depuis ce 11 janvier, font le coup de feu contre ces imposteurs drapés des oripeaux de djiadistes pieux et durs ? Telle est la problématique que doivent résoudre les donateurs. Aujourd’hui 29 janvier 2013, à Addis-Abeba, plus que jamais, l’expression “nerf de la guerre” aura mérité tout son sens.
L’UA et la CEDEAO ont exprimé leurs besoins pour l’année aux donateurs. Le président de la commission de la CEDEAO avait effleuré le sujet, en parlant de 500 millions de dollars, mais actuellement on évoque le chiffre de 700.
Certes, l’Union européenne a déjà promis de débourser 50 millions d’euros, mais quid du reste ? En tout cas alors que l’opération Serval a été déclenchée fissa, les fameuses forces en attente de la CEDEAO, dont la dénomination a quelque peu changé (de MICEMA à MISMA), continuent d’attendre le gros de la troupe, quoique quelques contingents aient déjà pris pied sur les dunes de sable.
Et le plus marrant dans cette gesticulation, c’est que c’est le Tchad qui donne l’exemple : bien que non membre de la CEDEAO et rétif au départ à toute immixion dans le dossier malien, ce pays, dont l’expertise est reconnue dans ce genre de guerre non conventionnelle, héritage des affrontements avec les rebelles venus jadis du Soudan et de Libye, a accepté d’envoyer près de 2 000 hommes.
Qu’est-ce que ce tour de table va donner ? Quels seront les écots du Royaume-Uni et des USA ? Aura-t-on droit au trésor de guerre de l’ONU ? Si oui, dans quel délai et quel montant ?
Plus que jamais, ça urge, la MISMA est pratiquement sans le sou, et à ce rythme, les militaires africains pourraient n’arriver au Mali que pour faire du tourisme, vu que, par ailleurs, le vaste désert de l’ex-Soudan français s’y prête. A tout le moins, la MISMA pourrait se contenter d’assurer le service après-vente (SA-V) au Mali.