Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Présidentielle 2015 : « Si la société civile doit présélectionner les candidats… » (Maxime Kaboré du PIB)
Publié le samedi 21 mars 2015  |  L`Observateur Paalga
Politique
© aOuaga.com par A.O
Politique : des partis de la majorité et de l`opposition créent un front républicain
Jeudi 23 janvier 2014. Ouagadougou. Une quarantaine de partis politiques de la majorité présidentielle et de l`opposition ont créé un front républicain qui a été présenté aux journalistes lors d`une conférence de presse. Photo : Maxime Kaboré, président du Parti indépendant du Burkina (PIB)




Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le président du Parti indépendant du Burkina (PIB), Maxime Kaboré a disparu de la circulation et est devenu aphone. Eh bien, il est en Belgique où il mène ses activités dans le social. Grâce aux multiples possibilités qu’offrent les réseaux sociaux, nous l’avons déniché pour un entretien via mail et Facebook. L’Amiral, comme on l’appelle, livre ses vérités et dénonce l’attitude de la société civile qui, selon lui, veut présélectionner les candidats à la présidentielle d’octobre 2015.

Vous avez disparu des radars de la presse burkinabè. Où se cache Maxime Kaboré ?

Disparu ? Pas du tout ! Je suis bel et bien là. Je suis même venu au pays à deux reprises à Ouagadougou depuis les événements des 30 et 31 octobre. Le Burkina Faso est mon pays et je suis un citoyen burkinabè qui jouit de tous ses droits .Pourquoi vais-je me cacher ? Je n’ai aucune raison de me cacher dans mon pays. Ce n’est pas parce que vous ne me voyez pas à la télévision que je ne suis pas présent au pays. Quoi que je dise, il y aura toujours des gens pour critiquer. Quand je ne dis rien, on me reproche de me cacher et si je parlais, on me l’aurait aussi reproché. Et comme vous le savez sans doute, c’est en Belgique que je travaille. Ce qui explique que je suis quelquefois absent du Burkina Faso. Et c’est ainsi depuis 1990.

Où étiez-vous et comment avez-vous vécu les événements des 30 et 31 octobre 2014 ?

J’étais en Belgique pour des raisons évidentes de travail, comme je vous l’ai dit plus haut. Ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre nous interpelle tous. Je déplore les pertes en vies humaines. C’est dommage toute cette violence sur des personnes et les actes de vandalisme perpétrés par des gens qui n’ont pas encore la bonne compréhension de ce qu’est la démocratie et l’Etat de droit.

Mais les pertes en vies humaines sont le fait de militaires et d’éléments de forces de l’ordre répondant de l’ancien pouvoir.

Nul ne pouvait prédire ce qui allait arriver. Je ne peux que déplorer ces pertes en vies humaines, peu importe les auteurs. Je m’incline devant la mémoire de toutes ces victimes. Il faut cependant saluer les militaires et les forces de l’ordre qui ont fait preuve de maîtrise sinon on aurait eu encore plus de victimes. Il faut examiner toute chose avec lucidité en apportant des éléments pour comprendre ce qui s’est réellement passé afin d’éviter qu’une telle tragédie se reproduise! La vie est sacrée !!!

Avez-vous été épargné par les violences qui ont touché certains de vos camarades du Front républicain ?

Mon domicile et le siège de mon parti ont été pillés et saccagés. J’ai pardonné à tous ; je n’en veux à personne. Les biens matériels ne sont pas comparables aux douleurs des familles endeuillées suite aux événements malheureux. La vie est un don de Dieu et nous devons la préserver.

Membre du Front républicain, vous faites partie de ceux-là qui ont poussé Blaise dans son projet suicidaire. Avez-vous des regrets ?

C’est une affirmation dénuée de tout fondement. Pour rappel, le Front républicain n’est pas un parti politique et n’avait aucunement le but de modifier l’article 37. Il faut éviter les amalgames qui ne servent pas la vérité. Nous sommes dans une époque où la mauvaise foi et les mensonges sont des armes pour écarter des adversaires politiques du jeu démocratique. Certains sont experts dans la fabrication et la propagande des rumeurs dans le seul but de salir, discréditer leurs concurrents. Ils pensent qu’en répétant sans cesse des mensonges, ils finiront par devenir vérité. Le peuple n’est pas dupe. Certains font beaucoup de bruit pour jeter l’opprobre sur de vrais démocrates et défenseurs de la démocratie. Je suis un républicain et un vrai démocrate. Dans une véritable démocratie, on ne doit pas redouter la consultation du peuple souverain. Seules les urnes confèrent une légitimité. Alors, je ne vois pas ce qu’on me reproche. D’avoir donné mon point de vue sur des questions politiques ?

Les positions du PIB sont connues et n’ont pas varié. Nous étions contre la modification de l’article 37.

Je vous renvoie, pour preuve, à toutes les interviews et à tous les meetings que mon parti a tenus courant 2014. Vous vous rendrez compte que nous avons toujours exprimé notre ambition de conquérir le pouvoir d’Etat et de ce point de vue, il n’était pas question de modifier l’article 37. Cette position a été réaffirmée lors du congrès du PIB en juin 2014. Concernant la question du référendum, nous n’avions rien contre son organisation même si nous avons opté de battre campagne, le moment venu, pour le non. Cette consultation devait permettre à chaque Burkinabè d’exprimer son point de vue. Et cela nous aurait certainement évité que des fils et des filles de ce pays ne paient de leur vie pour que nous puissions aboutir à un changement de régime. Voilà un peu ce qui était notre combat et nous avons défendu cette position au sein du Front républicain où, je vous le rappelle, chaque parti politique membre avait la latitude de garder intactes ses convictions et choix politiques et de les exprimer librement. C’est donc une grossière erreur que d’affirmer de façon péremptoire que nous faisons partie de ceux qui ont poussé Blaise dans son projet suicidaire.

D’aucun ont trouvé que votre position relevait d’un subtil jeu de rôle : accepter le référendum, prôner le non tout en sachant que le « oui » l’emportera.

Ah bon ? Comment présager de l’issue du référendum. ? Je n’ai pas une boule de cristal pour prédire l’avenir. J’ai toujours prôné la transparence et chaque citoyen avait la pleine liberté de voter pour le oui ou pour le non. On a dépensé des milliards de francs CFA pour mettre en place la biométrie afin d’avoir des élections transparentes et équitables qui reflètent réellement la volonté populaire. Quand on participe à une élection, on peut gagner comme on peut perdre. Il faut accepter le verdict des urnes. Je ne suis pas comme certains qui provoquent des crises post-électorales parce qu’ils ont perdu. Ce qui importe le plus, c’est de veiller à ce que tout se fasse dans la clarté totale et que le résultat qui sort des urnes soit accepté par tous. J’ai du respect pour le peuple et je respecte son choix. C’est curieux d’entendre tous les jours des gens qui s’érigent comme des porte- paroles du peuple sans aucune légitimité. Chaque Burkinabè doit avoir son mot à dire et c’est ce que le référendum aurait permis. Je ne peux pas empêcher certains de penser ce qu’ils veulent. Je suis un homme de conviction et je respecte ceux qui ne pensent pas comme moi. Alors, qu’ils acceptent aussi que je puisse m’exprimer en toute liberté !

Si c’était à refaire, le feriez-vous à nouveau ?

Je suis et resterai un fervent défenseur de la liberté d’expression. La politique, ce n’est pas la guerre. C’est la défense de ses idées et des projets de société. C’est à l’électeur, donc au citoyen, de choisir ceux qui sont à même de lui apporter la solution aux problèmes auxquels il est confronté. Je n’ai rien dit ou fait de contraire à la Constitution. Je suis un homme de paix et je n’ai jamais prôné la violence. Et tant que cela dépendra de moi, je serai en paix avec tout le monde.

Maxime Kaboré sera-t-il candidat à la présidentielle du 11 octobre 2015 ?

Le bureau politique national du Parti indépendant du Burkina répondra en temps opportun à cette question. Pour l’heure, même en tant que président du parti, je ne saurai vous répondre maintenant car il y a encore pas mal de paramètres et d’équations à plusieurs inconnues. Mais ce qui est certain, je ne serai pas absent de la présidentielle du 11 octobre. Je serai là d’une manière ou d’une autre !

C’est-à-dire ?

Que le PIB aura son candidat ou soutiendra celui qui sera à même de porter son projet de société.

Votre parti aura-t-il des candidats aux législatives ?

Bien évidemment ! Sans aucun doute, nous irons à la conquête de l’électorat pour les législatives de 2015, comme nous l’avions fait en 2012. Pour le moment, nous sommes en pleine réflexion sur les meilleures stratégies à adopter en attendant l’ouverture des listes et le lancement de la campagne.

A quand le congrès du parti ?

Notre dernier congrès s’est tenu en juin 2014. Selon les textes du parti, la prochaine instance ordinaire est prévue en 2019. Mais il n’est pas exclu que d’ici là, nous ayons un congrès extraordinaire pour les élections.

Pendant que les prétendants au fauteuil de Kosyam sont en précampagne, vous vous baladez en Belgique. A quel moment vous allez commencer à organiser et à mobiliser vos troupes ?

Je ne suis pas en balade en Belgique. Vous oubliez peut-être que j’y travaille. Je suis président fondateur de mon ONG, « Oxygène » et cette institution sociale est reconnue par l’Etat belge depuis 2002. Je ne fais pas du tourisme ici. Je réside et je travaille en Belgique. Et pour répondre à votre question, je dirai qu’il y a un temps pour tout. Soyez rassuré que la mobilisation se fait de façon souterraine, même si cela n’est pas médiatisé. Je suis certes en Belgique, mais il y a un travail formidable qui est en train de se faire à Ouagadougou et dans d’autres villes du Burkina dans le sens de la préparation des élections générales.

Même en dehors du pays, je continue d’y être présent par des militants et militantes qui sont convaincus de la pertinence de notre projet de société. Je tiens vraiment à les remercier de cette constance et de leur engagement au quotidien. Je les invite à rester mobilisés pour les batailles à venir !

Avez-vous des nouvelles de votre ami Blaise Compaoré ?

Le président Compaoré se porte bien selon les dires de ceux qui lui ont rendu visite.

Il se susurre que c’est l’ancien président qui finançait vos billets d’avion Bruxelles-Ouaga-Bruxelles. Est-ce à dire que l’ « Amiral » n’était qu’une fabrication de Compaoré ?

Je ne commente pas des rumeurs. Je suis rassuré que vous-même journaliste vous dites « Il se susurre ». Je ne suis pas de ceux qui vivent de ragots ou des « on dit ». La rumeur est une tumeur qui ronge ceux qui la propagent !

Rumeur pour rumeur, la confidence nous a pourtant été faite par quelqu’un qui était bien introduit en son temps dans les arcanes du pouvoir.

Foutaises ! Que votre confident apporte les preuves de ce qu’il avance. Je n’ai rien à cacher .J’ai toujours acheté mes billets par mes propres moyens, mes revenus me le permettent.

Nous insistons néanmoins sur le fait que vos billets d’avion étaient pris en charge !

Vous avez posé vos questions, je vous ai répondu. Libre à vous de croire à votre source. Mais retenez que l’Amiral a des revenus qui lui permettent d’assurer ses déplacements.

Votre parti est en négociation avec Saran Sérémé. Où en êtes-vous avec cette coalition qui se dessine ?

Dans ce contexte actuel du mode de scrutin, il est difficile pour être efficace d’aller seul aux élections sans une coalition. Le PIB reste ouvert à toute alliance avec une formation politique qui partage les mêmes valeurs et une certaine convergence idéologique. Nous sommes aussi en contact avec d’autres formations politiques et nous aviserons en temps opportun. Pour le moment, je ne peux vous en dire davantage.

La société civile burkinabè demande à ce que certaines personnalités soient frappées d’inéligibilité. Est-ce votre avis ?

Il faut d’abord définir ce qu’on entend par la société civile burkinabè. La société civile, ce sont les acteurs ou regroupements d'acteurs participant à la gestion non partisane de la cité. Elle ne vise ni n'aide à la conquête du pouvoir politique. Dans la société civile, il y a plusieurs associations ou groupes d’intérêts et tous ne parlent pas le même langage. Le vrai problème est que la société civile est partagée et divisée. Certaines OSC sont fortement politisées, donc ne parlent pas de façon neutre. D’autres, tant bien que mal, tentent de se faire entendre mais, en général, ce sont celles qui ont le plus d’accointances avec les politiciens qui arrivent à se faire le plus entendre. Mon avis sur cette question est que nous sommes en transition et lors de l’instauration de la transition il a été dit que nous devons composer avec tout le monde. Comme je le dis toujours, je préfère que ce soit le peuple qui tranche sur la question et non pas un groupe de personnes, d’une organisation de la société civile. Pourquoi vouloir écarter des gens face au verdict du peuple par les urnes ? C’est un aveu d’impuissance. Sur quel fondement légal va-t-on exclure des citoyens qui ne sont pas déchus de leurs droits civiques ? Nous sommes dans un Etat de droit et seule la justice peut exclure un citoyen d’exercer ce droit constitutionnel. On dit que «plus rien ne sera comme avant ». Doit-on alors agir en violation de la loi applicable à tous ? Laissons la liberté au peuple souverain de choisir ses élus. Mais comment le savoir ? C’est en laissant chacun se présenter et les urnes parleront. De quoi ou de qui avons-nous peur ? Qui est au-dessus du peuple ? C’est la Constitution et le Code électoral qui fixent les règles du jeu. Si c’est la société civile qui doit présélectionner les candidats aux élections, autant éviter les gaspillages et ne convoquons pas le corps électoral. La société civile nommera le président de son choix. On ne parlera plus d’élections mais de nomination. Ainsi le peuple n’aura plus son mot à dire ! Sur un plan purement juridique, si l’on doit appliquer cette politique d’exclusion prônée par cette société civile politisée, il faudrait commencer à relire la Constitution, notamment son article 1er qui prône l’égalité entre les Burkinabè ; la Charte de la Transition dont le préambule prône l’inclusion, et aussi le Code électoral en ses titres 2, 3 et 4 statuent sur les conditions d’éligibilité et d’inéligibilité aux élections.

Vous qui le connaissez pour avoir été son promotionnaire au PMK, que pensez-vous de l’irruption du lieutenant-colonel Yacouba Issac Zida à l’avant de la scène à la faveur de l’insurrection?

Parler d’irruption est un bien gros mot à mon avis ! Je parlerais plutôt d’accident, mais d’un accident providentiel. Oui, Zida est mon ancien d’une année au PMK. L’expression « ancien » pour les anciens Enfants de Troupe désigne les devanciers. Zida connaît bien l'Amiral ; avec lui, nous avons partagé une bonne partie de notre tendre jeunesse au Prytanée militaire de Kadiogo. A mon avis, Zida est celui qui incarne le changement dans la continuité ou, si vous voulez, la continuité dans la révolution. C'est un excellent militaire avec un bagage intellectuel. Il ne doit jamais oublier d’où il vient s’il veut aller plus loin. Nous partageons les mêmes valeurs. Sa propulsion à l’avant de la scène à la faveur de l’insurrection est dans la volonté de DIEU. Le Premier ministre lui-même en a conscience. Nous devons prier pour nos autorités afin que Dieu leur accorde la sagesse comme au roi Salomon dans toutes leurs décisions pour le bonheur de tous les Burkinabè sans exception.

Observateur de la scène politique, que pensez-vous des 4 mois de gestion de la transition ?

Nous avons constaté au début le tâtonnement et certaines décisions hâtives qui n’avaient aucun fondement légal. Par la suite il y a eu un ressaisissement et une volonté d’inclure tous les acteurs de la vie nationale dans le processus de transition. Celle-ci a eu des actions positives qui ont rassuré la communauté internationale. Ce qui nous a permis d’éviter des sanctions préjudiciables pour la population. Mais force est de reconnaître que des erreurs ont été commises. La priorité de la Transition à l’heure actuelle c’est de se focaliser sur l’organisation d’élections libres et transparentes, l’éducation civique, la promotion de la démocratie et la lutte contre l’incivisme.

Le débat sur la dissolution du RSP est toujours au devant de la scène. Pensez-vous que ce corps doit disparaître ?

Le RSP est un corps d’élite qui peut jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le terrorisme. Vous n’êtes pas sans savoir les risques de menaces graves en matière de sécurité qui pèsent dans la sous-région et le professionnalisme du RSP sera d’une grande utilité. Il faudra changer l’appellation si cela prête à confusion, mais ce corps d’élite doit rester opérationnel pour parer à toute éventualité de menaces terroristes. Dans certaines grandes puissances, il existe des forces spéciales qui ont des missions spécifiques et qui restent dans l’ordre républicain.

La Commission de réconciliation et des réformes politiques vient d’être mise en place. Quelle orientation, selon vous, doit-on donner à cette structure ?

La réconciliation est un devoir et une responsabilité individuelle et collective. Nous devons vivre ensemble sinon nous serons condamnés à mourir ensemble. Pour ce faire, il faut se parler, se pardonner et s’accepter dans les divergences et contradictions. On ne construit pas l’avenir dans la vengeance, la haine et l’intolérance. Cette Commission a sa raison d’être et je pense qu’elle pourra mener à bien ses travaux à condition que ses membres se surpassent et mettent la recherche de la paix au centre de leurs préoccupations.

A peine créée, on enregistre une défection dans la Commission au motif que les crimes de sang ne sont pas pris en compte. Votre commentaire

La justice est saisie de certains dossiers et il appartient à la justice de faire la lumière sur ces affaires en cours en toute indépendance et objectivité. La Commission de réconciliation ne pourra pas traiter ces cas de crimes de sang dans le délai imparti et je pense qu’elle n’a aucune prérogative judiciaire.

Entretien réalisé par

Adama Ouédraogo Damiss
Commentaires

Dans le dossier

Présidentielle 2015
Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment