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Le Pays N° 5285 du 28/1/2013

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Appel à la négociation des djihadistes : Ces « fous d’Allah » qui refusent le paradis
Publié le mardi 29 janvier 2013   |  Le Pays




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La peur semble avoir changé de camp au Mali. A la suite de l’aile dissidente d’Ansar Dine, c’est au tour du MUJAO de faire part à la France de sa disposition à négocier. Le mouvement considéré jusque-là comme l’un des plus radicaux parmi les groupes islamistes qui occupent illégalement le Nord-Mali commence visiblement à présenter des signes de faiblesse. Les lourdes défaites qu’ils sont en train de subir dues aux bombardements de l’armée française produisent incontestablement de l’effet sur les djihadistes du Sahel. Leurs troupes sont tellement aux abois qu’ils sont même prêts, chose impensable il y a seulement moins d’un mois, à ravaler leur orgueil pour négocier. Ces bandits, opérant sous l’apparence de croyants, étaient pourtant sûrs d’eux-mêmes au point de prévoir l’échec de leurs ennemis dans les délais les plus incompressibles. Convaincus de la dimension de leur combat, ils prétendaient être prêts à mourir pour leur cause. Car, pour eux, rien de mieux qu’une « guerre sainte » pour ouvrir large, à un croyant, les portes de la sainte demeure de Dieu. Difficile donc de comprendre, au moment même où leur vœu le plus cher est en passe d’être exhaussé, qu’ils se ravisent, comme par enchantement. Il est évident qu’un humain ne peut aller au paradis sans passer par la mort. Poursuivre donc le combat se trouvait alors être la voie la plus simple pour des combattants djihadistes d’y arriver. Mais décidément, les « fous d’Allah » du Nord-Mali refusent le paradis au moment même où les soldats français et maliens sont prêts à le leur offrir sur un plateau d’or. Quelle inconséquence ! L’appel au dialogue des djihadistes montre à souhait que ces terroristes religieux ne sont eux-mêmes pas convaincus de la justesse de leur lutte. Ce ne sont en réalité que de vrais délinquants, des illuminés qui prennent du plaisir à se défouler sur des populations sans défense et innocentes. Maintenant qu’ils ont croisé plus fort qu’eux, leur véritable ignoble personnalité se révèle.

La France qui a déjà rejeté cette offre de dialogue, fût-elle pour une hypothétique libération de leurs otages, en sait sans doute plus. Elle ne se laissera absolument pas doubler par ces mécréants sans parole, qui ne se sont point gênés de narguer la communauté internationale. Cela encore moins dans un contexte de reconquête évolutive des localités maliennes autrefois sous contrôle islamiste. Les djihadistes ont toujours utilisé la même ruse pour faire perdre le temps à leurs adversaires, et gagner ainsi du temps pour affiner leur stratégie et renforcer leurs moyens. Chaque fois qu’ils sentent, en effet, le danger venir, ils se disent disposés à négocier. Le dialogue dont ils ont actuellement formulé la demande vise, sans conteste, à arracher de la France un arrêt des hostilités, moyennant la libération des otages. L’Hexagone doit se garder de se laisser tenter par ce jeu de dupes. Même s’il obtenait la libération de tous ses otages actuellement détenus par les islamistes, il n’en demeure pas moins vrai qu’une fois leur objectif de réorganisation et de réarmement atteint, ces derniers auront encore le toupet d’en cueillir d’autres. La récente prise d’otages qui a coûté la vie à des travailleurs du site pétrolier d’In Amenas en Algérie est encore fraîche dans les mémoires. La fermeté doit donc être de mise d’autant plus que l’une des importantes villes maliennes, en l’occurrence Gao, vient d’être reprise par les combattants réguliers. En plus d’être le chef-lieu de l’une des plus grandes régions du Mali, Gao est une ville symbolique et sa reconquête a de quoi remonter le moral et galvaniser les troupes franco-africaines. C’est, en effet, à Gao que le MNLA, après l’insurrection de 2012, a proclamé « irrévocablement l’Etat indépendant de l’Azawad ». C’est encore par Gao qu’après avoir défait son prédécesseur Ansar Dine dans cette commune, le MUJAO a commencé l’application de la charia. Le symbole est donc tout entier, et c’est sans doute pour cela que le maire de Gao n’a pas traîné les pas en regagnant sa ville, étrennant fièrement son écharpe d’édile. Puisqu’il faut un symbole pour en minimiser un autre, c’est, donc de Gao qu’est partie la véritable occupation illégale du Nord-Mali ; c’est par là aussi que commencera, sans doute, la véritable libération de cette partie du territoire malien. La sournoise résistance des islamistes qui se sont mêlés aux populations rendra la pacification de Gao, ainsi que des autres régions qui viendraient à être libérées, difficile.

L’appel à leur dénonciation, lancé à la population, doit être entendu pour permettre de les déloger. La tâche sera des plus fastidieuses en ce sens que leur reconnaissance n’est point aisée. Ils développeront des astuces pour pouvoir se confondre, le plus possible, aux habitants réguliers des villes maliennes. Mais, pour peu que les populations fassent preuve de courage, de vigilance et coopèrent avec les forces régulières en présence sur place, ils finiront par être démasqués. Il faudra, en tout cas, faire vivre aux djihadistes, qui ont refusé le paradis à eux gracieusement offert, l’enfer à Gao, pour qu’ils soient contraints de se rendre ou de débarasser le plancher.

« Le Pays »

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