Le 2 juillet 2012, au cours d’un entretien à l’Institut français des Relations internationales, Laurent Bigot, sous-directeur pour l’Afrique de l’Ouest au ministère des Affaires étrangères français, déclarait qu’après le Mali le Burkina pourrait bien être le prochain pays à s’effondrer.
«Ce n’est pas passé loin il y a un an (la mutinerie des militaires, ndlr), ça peut tout à fait se reproduire. Il n’y a pas d’armée, pas de classe politique, une société civile plus ou moins organisée et surtout une économie en coupe réglée par le clan présidentiel, une corruption qui dépasse l’entendement, une implication dans les trafics de la sous-région jusqu’au proche entourage du président», a-t-il dit comme argument. T
oujours est-il que cela s’est fait sans fioriture diplomatique aucune et devant un public séduit certainement par tant d’audace. Internet avait fait le reste. Au Burkina, dans les milieux officiels, la sortie a fait l’effet d’une bombe. D’abord, ce sont les thuriféraires du pouvoir en place qui prirent leurs plumes les plus acérées pour descendre en flamme le diplomate aux propos non diplomatiques.
Réponse du berger à la bergère, les canaux officiels réagirent à travers Djibril Bassolet, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, qui a adressé à Bigot, par le truchement de la presse, un droit de réponse dans lequel il l`accusait de détenir un «plan secret de déstabilisation du pays».
L’incendie devenait si ravageur qu’il fallait un grand pompier pour l’éteindre : c`est ainsi que le 27 juillet, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, foulait le sol burkinabè; inutile donc de préciser que le sujet a été au menu des entretiens avec les autorités de notre pays. Mais les observateurs de cette scène de ménage n’étaient pas au bout de leur étonnement : lors de sa récente visite à l’Hexagone, Djibril Bassolet a rencontré Laurent Bigot. L’annonce en a été faite par la revue «La Lettre du Continent».
Ont-ils décidé de prendre langue pour entamer une explication d’homme à homme ? C’est le souhait de tous, auquel cas l’on ne pourrait que se féliciter de ce rapprochement qui permettra sans doute de mieux cerner l’analyse du haut-fonctionnaire du Quai d’Orsay, au lieu de faire la politique de l’autruche en vouant aux gémonies celui qui est à son poste depuis 2008 et n’est certainement pas un bleu de la politique africaine.