BEIJING -- Le compte à rebours de l’ouverture du Forum de Bo’ao pour l’Asie 2015, qui se tiendra du 26 au 29 mars dans la province insulaire chinoise de Hainan, a débuté. A cette occasion, la Chine va révéler sa feuille de route pour les initiatives de "la Ceinture et de la Route" (la Ceinture économique de la Route de la soie et la Route de la soie maritime du 21e siècle) qui s’étendront jusqu’à l’Afrique.
Lors d’une conférence de presse sur le Forum de Bo’ao tenue mardi à Beijing, l’organisateur a confirmé la présence à la cérémonie d’ouverture du président chinois Xi Jinping, ainsi que certains chefs d’Etat de pays asiatiques, européens et africains.
En janvier, Justin Yifu Lin, professeur de l’Université de Pékin et ancien économiste en chef de la Banque mondiale (2008-2012), a indiqué que l’Afrique était un partenaire important de "la Ceinture et de la Route" au cours d’un séminaire sur la stratégie à mener pour le projet.
Selon son analyse, la relance de l’économie mondiale a besoin d’investissements massifs dans les pays en développement, où les infrastructures sont en mauvais état.
Ces investissements favorisent à la fois l’économie locale, la restructuration et le développement de l’économie chinoise, selon M. Lin.
A ses yeux, la Ceinture et la Route visent à développer la coopération entre la Chine et l’Afrique, qui ont une forte complémentarité économique. L’économie africaine ressemble à celle de la Chine dans les années 1980. La majorité de la main-d’oeuvre se trouve à la campagne, et un grand nombre de jeunes sont au chômage. Le niveau des salaires est faible. Ce professeur a mis en avant l’importance de deux piliers dans la collaboration économique sino-africaine, à savoir la construction d’infrastructures et le transfert industriel.
En écho à son analyse, la Chine et l’Union africaine (UA) ont signé un mémorandum qui inclut le développement des infrastructures (telles que les chemins de fer à grande vitesse, les autoroutes et les aéroports) couvrant presque tout le continent africain et pour une durée de 48 ans.
"Pour faire fortune, il faut d’abord construire une route". C’est un proverbe chinois et une stratégie fondamentale qui a contribué largement au miracle économique de la Chine. La Chine exporte aujourd’hui cette pensée en Afrique, où le réseau de voies ferrées ne représente que 7% du total mondial. Aujourd’hui, treize pays africains ne possèdent toujours pas de chemin de fer.
L’année dernière, le Premier ministre chinois Li Keqiang s’est rendu au Kenya. Les deux pays ont signé à cette occasion un accord de co-financement pour construire une ligne de chemin de fer reliant la capitale kenyane à la ville portuaire de Mombasa.
Cette ligne remplacera celle construite il y a plus de cent ans par les Britanniques et s’étendra un jour à la Tanzanie, à l’Ouganda, au Rwanda, au Burundi et au Soudan du Sud.
En Ethiopie, le chemin de fer construit par la France à l’époque coloniale est quasiment abandonné. Au Niger, à cause d’un manque de moyens de transport, beaucoup de maïs et de mangues pourrissent chaque année dans les champs.
L’avenir est entre les mains des Africains et des Chinois qui collaborent ensemble.
Une ligne ferroviaire, d’une longueur de 1.344 kilomètres, construite par la compagnie China Railway Construction Corporation (CRCC), en Angola, pays troublé par la guerre civile qui a duré 27 ans, est achevée et a été mise en service en février.
Cette voie ferrée reliant la ville côtière de Lobito, dans l’ouest de l’Angola, à celle de Luau, située à la frontière avec la République démocratique du Congo, est la deuxième voie ferrée la plus longue construite par une compagnie chinoise en Afrique après le chemin de fer Tanzanie-Zambie, construit dans les années 1970.
Cette ligne ferroviaire, dont le chantier a débuté en 2004, sera reliée aux chemins de fer Angola-Zambie et Tanzanie-Zambie, selon la CRCC.
La construction d’infrastructures en Afrique a influencé la vie de beaucoup de Chinois qui se sont engagés dans le développement local. Li Qingyong, directeur d’un projet de construction de chemin de fer, a raconté les défis rencontrés au cours du projet, tels que la température élevée atteignant 50 degrés, l’épidémie d’Ebola ou les attaques terroristes. "De toute façon, moi et mes collègues, nous avons persisté", a-t-il déclaré d’un ton fier.
"Après la naissance de ma fille en Chine, je suis retourné sur un chantier au Nigéria. Elle a maintenant quatre ans et elle ne me connaît presque pas", a regretté Li Qingyong.
D’un autre côté, la coopération sino-africaine a apporté également beaucoup d’ opportunités aux habitants locaux.
Après une recherche qui a duré longtemps, Cetrine Misango a obtenu un emploi mieux rémunéré en tant qu’agent de sécurité pour Kenya’s Standard Gauge Railway (SGR), chemin de fer construit par une entreprise chinoise.
"Je suis mieux payé ici par rapport à mon emploi précédent en tant que réceptionniste. Même si je suis juste un agent de sécurité, j’ai la possibilité d’être promu superviseur ou gestionnaire dans les années à venir", a déclaré Misango.
Misango est l’un des 8.000 Kenyans qui ont obtenu un emploi et travaillent actuellement dans différents secteurs du projet de chemin de fer de 472 kilomètres qui reliera la ville portuaire de Mombasa à Nairobi.
Ailleurs en Angola, plus de 60.000 habitants locaux ont été impliqués dans un nouveau projet de chemin de fer financé par la Chine, tandis que des milliers d’autres sont chargés de maintenir son fonctionnement.
Le transport est important pour l’économie africaine, comme "les veines pour le corps humain", selon la métaphore d’un haut fonctionnaire d’Angola.
Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA, a déclaré que l’Afrique avait un rêve : relier les capitales de tous les pays africains grâce aux chemins de fer à grande vitesse.