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Les Burkinabè de la Côte d’Ivoire et la présidentielle de 2015 : pourquoi tant d’insistance ?
Publié le samedi 21 mars 2015  |  Le Pays




L’autre jour, je parcourais un journal de la place et je suis tombé sur un article qui a retenu mon attention. Il s’agit d’une déclaration du Front républicain et alliés de la Côte d’Ivoire qui appellent leurs militants et sympathisants à venir se faire enrôler au Burkina, afin de pouvoir voter le 11 octobre prochain. J’avoue que j’ai été à la fois ému et sidéré. Emu parce que je vois en cet appel, un acte hautement patriotique qui témoigne de la volonté de nos compatriotes de l’étranger de participer à la construction de leur pays. Et sidéré de voir que ces mêmes gens qui appelaient à une marche de protestation « intelligente et républicaine » de trois jours, à partir du 25 mars prochain, ont reconsidéré leur position. En effet, ils estiment que le contexte n’est pas favorable à une quelconque manifestation, fût-elle pacifique. Et pour cela, je leur tire mon chapeau et leur demande de tenir bon. Car, pour dire vrai, j’étais déçu la dernière fois, de voir que nos compatriotes de Côte d’Ivoire se sont donné en spectacle en perturbant une rencontre organisée par une délégation gouvernementale de leur pays d’origine, aux fins de leur expliquer le bien fondé du report du vote de la diaspora en 2020. La scène était tellement affreuse que j’ai perdu toute envie d’être Burkinabè, tant on était ridicule aux yeux du monde entier. Car, on savait jusque-là que nos compatriotes de l’étranger, notamment ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, se distinguaient par leur probité, leur intégrité, mais jamais, on avait cru un instant qu’ils étaient capables de s’adonner à des scènes de violence indignes d’une communauté civilisée. Chaque fois que j’y pense, j’ai le cœur serré. Heureusement que mes chers amis de la Côte d’Ivoire ont compris, en essayant de se racheter. Et c’est tant mieux. C’est leur droit en tant que citoyens burkinabè de se prononcer sur les grandes décisions qui engagent l’avenir de leur patrie. C’est pourquoi personne ne peut trouver à redire quant à leur décision de venir se faire enrôler au pays. Ils seront les bienvenus et la nation tout entière leur sera reconnaissante. Cela dit, je fais le constat que les Burkinabè de Côte d’Ivoire tiennent plus à prendre part à la présidentielle de 2015, que nos compatriotes qui vivent dans les autres pays d’Afrique ou d’ailleurs. Pourquoi une telle insistance ? Je me pose cette question puisque, pour autant que je sache, les Burkinabè de Côte d’Ivoire, même s’ils sont les plus nombreux, ne sont pas au-dessus des Burkinabè d’ailleurs.
Chassé du pouvoir à la surprise générale, Blaise Compaoré ne se gênera pas de tout faire pour qu’un de ses hommes de confiance reconquiert le fauteuil présidentiel
L’engagement patriotique dont ils font aujourd’hui montre en exprimant leur volonté de venir se faire enrôler au pays, est d’autant plus suspect qu’ils ne l’ont jamais fait durant les 27 ans de règne sans partage de Blaise Compaoré. Ceux qui voient dans les agissements de nos compatriotes de la Côte d’Ivoire, « une main invisible » n’ont peut-être pas tort. Car tout porte à le croire. D’autant qu’il y a les faits. Blaise Compaoré avait accepté le vote de la diaspora burkinabè, parce qu’il était sûr d’une chose : le bastion de la Côte d’Ivoire était majoritairement acquis à sa cause. Chassé du pouvoir à la surprise générale, il ne se gênera pas de tout faire pour qu’un de ses hommes de confiance reconquiert le fauteuil présidentiel. Dès lors, je peux comprendre pourquoi mes amis de Côte d’Ivoire, qui ont pu attendre pendant plus d’un quart de siècle sans voter, refusent maintenant de patienter pendant cinq ans seulement. Ceci donc peut expliquer cela. J’ai tout compris. Et c’est pourquoi j’en appelle à la vigilance des autorités de la transition, si l’on ne veut pas que la présidentielle d’octobre prochain ouvre la voie à une crise postélectorale avec son lot de violences. Inclusion d’accord, mais pas de pagaille ni de magouille. De toute façon, s’il plaît au bon Dieu, je serai là, moi-même, le jour du vote et je superviserai tous les bureaux afin de démasquer tous les éventuels fraudeurs. Et croyez-moi, la sanction sera très sévère. A bon entendeur !
« Le Fou »
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