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Universites publiques du Burkina : La face cachée de la misère
Publié le samedi 26 janvier 2013   |  zoodomail


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© Autre presse par DR
Université de Koudougou du Burkina Faso


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Regroupés au sein de la Coalition nationale des étudiants sans allocations, des étudiants ont organisé une conférence de presse le 22 janvier 2013 à l’université de Ouagadougou pour lancer un cri de détresse sur les conditions de vie et d’études.

Bapialibama Bourgou est inscrit en deuxième année de Lettres modernes à l’Université de Ouagadougou. En 2010, quand il débarquait dans la capitale burkinabè pour ses études supérieures, il ne connaissait personne. Là a commencé sa misère. De sa maison louée à 3 000 F CFA le mois dans un quartier non loti de Ouagadougou, il est chassé par le propriétaire après deux mois d’arriérés. Puis, il côtoie la faim au quotidien et, de ses propres aveux, il lui est arrivé de faire deux ou trois jours sans manger un seul repas. Puis ce fut la débrouillardise. Il a été d’abord coiffeur puis ouvrier sur un chantier de construction ou dans une usine de fabrication dans la zone industrielle de Kossodo. Bapialibama Bourgou ne s’en cache pas ; il tire le diable par la queue et il lui arrive de faire une semaine sans venir aux cours.

Dans l’après-midi du 22 janvier 2013, quelques étudiants, mines tristes et regards hagards, des tenues délavées, ont décidé de porter leur misère sur la place publique et de lancer un cri de détresse. « Nous demandons le droit, à l’instar d’autres étudiants, de nous endetter pour poursuivre nos études », lit-on dans leur déclaration liminaire. La situation est insoutenable et pitoyable pour tout être humain et inconcevable et indigne pour des étudiants qui sont censés être les futurs cadres du pays, selon Raphaël Ouoba, étudiant en deuxième année d’anglais et délégué de la coalition. « De nombreux étudiants laissés à eux mêmes errent dans la nature, sans domicile fixe et ont fini par élire domicile dans les amphithéâtres. D’autres sont obligés d’abandonner les cours pour pouvoir travailler et survivre. Certains n’arrivent pas à assurer leur scolarité qui est de 15 000 F CFA », fait-il avant de lâcher « nous ne demandons pas l’impossible à nos autorités. Nous ne demandons pas des avantages ». Pour ces étudiants, l’obtention du baccalauréat à un âge avancé ne doit pas être une raison pour leur denier le droit à l’aide (NDLR : elle est réservée aux étudiants de moins de 26 ans et n’ayant pas la bourse de la 1re à la 3e année et est d’un montant de 150 000 F CFA par année académique) ni le prêt (NDLR : son montant est de 200 000 F CFA et est octroyé aux étudiants de 3e année de plus de 26 ans). Du reste, « si ceux la même qui ont le prêt ou l’aide ou encore la bourse crient à la misère, qu’en sera-t-il pour ceux qui ne bénéficient de rien ? », se demandent-ils. Depuis 2011, ils disent avoir entrepris des démarcheurs auprès des différentes structures universitaires et ont écrit au Premier ministre Luc Adolphe Tiao. Mais rien ne se profile à l’horizon, se désolent ces étudiants.

Sus à la misère estudiantine !

Pour Yvonne Sanou, inscrite en deuxième année d’Anglais, il s’agit de mener une lutte afin que, plus jamais, les générations futures ne vivent ces conditions de vie et d’études. Inscrit en deuxième année d’Histoire et Archéologie, Tianwouri Tiabondou, désespère et constate qu’il dispose d’un vélo mais il doit à la moindre panne, à défaut de mendier 50 F CFA pour la réparation, parcourir 20 km à pied pour se rendre au campus de Zogona. Combien sont-ils à vivre dans ces conditions ? Des milliers, avance Raphaël Ouoba, avant de préciser que beaucoup ne veulent pas s’afficher publiquement. « Certains ont la honte de s’afficher publiquement. Pourtant, des étudiants mendient des tickets de restaurant universitaire ou demandent de l’argent pour coller la chambre à air de leur vélo ». Qu’est-ce que c’est si ce n’est de la misère, répond-il. Il souligne que la coalition a vu le jour du fait de l’existence de la mendicité des étudiants sur le campus. En attendant, Raphaël Ouoba et ses camarades lancent un appel aux parents d’élèves, aux responsables d’entreprises, aux hommes politiques et à toute autre personne à leur tendre la main en leur trouvant un travail. Selon les chiffres de l’année 2011-2012 fournis par un étudiant membre de la Commission nationale d’attribution des bourses, 3 972 étudiants burkinabè de l’enseignement supérieur public, privé et à l’extérieur bénéficient de la bourse. L’aide octroyée par le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER) concerne 26 565 étudiants et le prêt a été accordé à 7 499 étudiants au cours de l’année académique 2010-2011. Le Burkina compte de plus de 60 000 étudiants, selon les compilations des effectifs des différentes universités publiques.

Henry BOLI

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