« La guerre, écrivait si sagement le philosophe français, Dénis Diderot, même avec ses victoires les plus éclatantes, constitue des plaies saignantes qu’il faut panser ». En effet, depuis l’intervention militaire au Mali, on ne voit plus fanfaronner à bord de pick-up ces djihadistes qui se croyaient l’alpha et l’oméga du monde. Coincés et traqués, ils vivent retranchés sur des collines ; espérant que la tempête va bientôt passer et qu’ils reprendront du poil de la bête. C’est déjà un exploit que d’avoir réussi à faire plier l’échine à un ennemi que tout le monde sait redoutable, même s’il est encore loin de parler de victoire. Mais le plus dur sera la reconstruction de l’Etat malien jadis présenté comme une terre de paix et d’hospitalité où vivaient en osmose toutes les communautés. Car depuis l’intervention militaire dans le septentrion malien, il ne se passe pas un seul jour sans qu’il ne soit rapporté des cas de représailles contre des communautés touarègue et peule.
Et cerise sur le gâteau, dans un rapport rendu public le 23 janvier dernier, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) accuse des soldats maliens d’exécutions sommaires, notamment à Sévaré et à Mopti. De quoi consterner toute la communauté internationale qui voit là une manière pour les soldats maliens de venger leurs collègues tués à Aguelhok. Le Mali n’a pas besoin de ça. La vraie guerre qui vaille la peine d’être menée actuellement consiste à traquer les djihadistes jusqu’à dans leurs derniers retranchements. Et cela l’armée malienne qui a actuellement le vent en poupe parce que soutenue par les armées française et africaine peut bien le faire, d’autant qu’elle maîtrise mieux le terrain. Le piège dans lequel il ne faudrait pas se laisser prendre, c’est de se laisser émouvoir par l’appel à la fin des hostilités lancé par les dissidents d’Ansar Dine réunis sous la bannière du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Ce n’est ni plus ni moins une manœuvre des djihadistes qui, sentant la cause perdue, cherchent à desserrer l’étau autour d’eux.
Le patron de cette faction dissidente Algabas Ag Intalla qui a participé aux pourparlers de Ouagadougou n’est pas digne de confiance. On l’a vu à l’œuvre. Il prenait des engagements qu’il ne respectait pas sur le terrain. Donc l’appel au dialogue qu’il vient de lancer n’est ni plus ni moins qu’un cri d’orfraie. Et il y a fort à parier que si on lui prête une oreille attentive, les djihadistes ressortiront bientôt de leurs gites. Attention donc à ne pas se laisser divertir par des gens qui, hier seulement semaient la désolation et narguait tout le monde entier. Tel un serpent, Algabas Ag Intalla veut charmer l’opinion.