Voilà bientôt quinze jours que l’opération Serval, du nom de ce petit félin de nos savanes, a été lancée contre les rebelles islamistes qui occupent le nord du Mali. Deux semaines depuis lesquelles soldats français et maliens se frottent à l’ennemi commun tandis que les troupes promises par la Cédéao, elles, se hâtent… lentement.
Attendue comme Godo depuis le début de la crise, une ébauche de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) apparaît enfin sur le théâtre des opérations : ainsi, le premier contingent burkinabè, en route depuis mercredi et qui devrait stationner à Markala. Nos soldats iront donc s’ajouter à leurs futurs frères d’armes qui viendront du Niger, du Nigeria, du Bénin et du Togo. Au total, ce serait quelque 6000 hommes que la Cédéao s’évertue à mobiliser en renfort à l’opération Serval, qui, dans l’immédiat, pourra, quant à elle, s’appuyer sur le soutien non négligeable de l’allié américain, dont les gros porteurs, les avions ravitailleurs et, bien sûr, les légendaires drones ont fait leurs preuves sur bien d’autres fronts.
En attendant que les moyens et effectifs de la Misma deviennent opérationnels, une voix, et pas des moindres, s’est élevée pour donner son avis sur l’intervention de l’ex- puissance coloniale : celle de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali qui, à l’occasion du Maouloud, s’est exprimé sur la question. Il a déclaré en substance que son organisation «réaffirme avec force que tous les musulmans du Mali apprécient hautement l’intervention militaire française, qui n’est pas du tout dirigée contre l’islam. Bien au contraire, il s’agit de sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali, son unité nationale et la forme républicaine de son Etat afin que vivent en paix toutes ses filles et tous ses fils, dont la plupart ont fait le choix de l’islam comme religion sans contrainte aucune.»
Une prise de position qui contredit largement celle des détracteurs de l’opération Serval, de plus en plus nombreux, qui n’y voient que la résurgence d’un vieux réflexe néocolonial. Il faut dire que, depuis le début de cette crise, on a rarement entendu déclaration aussi ferme de la part d’une personnalité de cette envergure qui, plus est en partisan du dialogue avec les djihadistes il n’y a pas longtemps de cela, avait endossé les habits de médiateur, se rendant même au Nord pour les besoins de sa cause. Certes, il a été décrié et pourrait même être soupçonné par certains de vouloir voler au secours de la victoire ; il n’empêche que la prédication de l’imam Dicko aura eu l’immense vertu de mettre le doigt sur une vérité essentielle : il faut sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali.
