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Cinéma africain : Mauvais scénario en perspective pour le Fespaco 2013
Publié le vendredi 25 janvier 2013   |  Journal du Jeudi


M.
© Autre presse
M. Michel Ouedraogo, délégué général de la 22ème édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO)


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Dans quelques semaines, le Burkina Faso devrait briller au rythme de la vingt-troisième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). C’est un rendez-vous attendu, car c’est ce festival qui a donné à Ouagadougou le qualificatif de capitale du cinéma africain. Mais voilà que cette année, comme si l’événement était gagné par la poisse, plus la date avance, plus les difficultés s’accumulent au point de leur faire perdre aux responsables de cette grande rencontre du cinéma africain l’engouement habituel d’avant-festival.

Les superstitieux pourraient y voir un lien avec le chiffre 2013. Ce qui est sûr, l’incendie qui a consumé la cinémathèque qui devait enfin sortir de terre a jeté un froid glacial sur Michel Ouédraogo et son équipe. Il leur faut, en effet, un esprit imaginatif pour sortir rapidement un plan B pour remplacer cette cinémathèque qui devait accueillir des activités préparatoires de l’édition. Cet incendie relance le débat sur la présence d’esprits surnaturels sur le site, livrant le Fespaco à une sorte de malédiction.

Les organisateurs ont aussi de gros soucis à se faire sur le contexte sous-régional peu favorable à une importante participation des Européens. C’est pourquoi, si d’ordinaire, à l’approche de la date fatidique, la Délégation générale du Fespaco met les bouchées doubles pour mettre à l’aise les festivaliers ou, à tout le moins, à minimiser les ratés pour continuer de bénéficier de la confiance des cinéastes et des partenaires du cinéma africain, cette année, les préoccupations de Michel Ouédraogo sont à mille lieues de là, même s’il est tenu par l’obligation de mettre les petits plats dans les grands pour que la fête soit belle.
En effet, le fait qu’à quelque six semaines de l’ouverture du festival la zone sahélo-sahélienne soit devenue une zone peu fréquentable et même fortement déconseillée est préoccupant. La guerre au Mali a amplifié les risques d’enlèvement pour les Nassara qui pointeraient leur long nez par là. Et ce n’est pas un scénario pour film. Certes, officiellement le Quai d’Orsay n’a pas donné une recommandation spéciale concernant le Faso, mais les Occidentaux savent qu’avec l’engagement militaire français sur le terrain, ils sont devenus des proies idéales pour les terroristes. La prise d’otage en Algérie, qui s’est soldée par de nombreux morts, n’a fait qu’en rajouter à la panique. Or, un festival de cinéma à Ouagadougou sans ces nombreux invités occidentaux ne serait plus le Fespaco. Cela aurait non seulement un impact visible sur l’ambiance à Ouaga, mais surtout sur l’avenir même du festival.

C’est un secret de polichinelle que de dire que bien qu’étant théoriquement les propriétaires du Fespaco, les Etats africains mettent très peu de moyens dans les films du continent. Leur contribution à la tenue des éditions est inexistante, et il ne reste généralement plus que le pays organisateur et les partenaires étrangers pour se saigner financièrement.
Si donc ces derniers venaient à se détourner du cinéma africain, le Fespaco pourrait entrer dans une zone de turbulences qui le tourmenterait dans son fondement. Or, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, cette menace est de plus en plus réelle. Cette question sécuritaire va même au-delà du seul festival cinématographique. Elle s’étend à l’ensemble des activités touristiques du Burkina, voire à tous les pays de la sous-région ouest-africaine. Le sort de l’industrie touristique est donc accroché à la suite des événements du Mali.
Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, cette autre grande manifestation culturelle du Burkina, pourrait perdre de son lustre si d’aventure la situation ne s’améliorait pas.

Adam Igor

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