Les pays d’Afrique de l’Ouest, à l’instar du Burkina Faso, connaissent très souvent des cas de blanchiment de capitaux et des transactions de ressources qui peuvent être des sources de financement des actes de terrorisme dans l’espace. Si dans le cadre de la lutte contre ces deux fléaux qui affectent l’économie de la sous-région et partant celle de chaque pays de la zone, il existe des instruments internationaux et des structures comme le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), un organe spécialisé de la CEDEAO chargé de promouvoir la lutte contre la criminalité financière dans les économies des pays membres, il est important que chaque Etat se dote de moyens de lutte adaptés à sa situation. C’est du reste ce qui a prévalu à l’amendement et l’adoption d’une stratégie nationale qui servira de feuille de route pour toutes les parties prenantes à la lutte.
Comment contrôler la circulation des capitaux dans un espace sous-régional où la porosité des frontières, l’existence permanente de foyer de tension (conflits sociopolitiques) et la fragilité du système financier favorisent d’une certaine manière leur blanchiment et peuvent servir à financer le terrorisme ?
Autrement dit, comment protéger au mieux les économies des pays membres de cet espace de ces fléaux ? Une problématique à laquelle les pays de l’espace CEDEAO englobant celui de l’UEMOA sont de plus en plus confrontés. Pour preuve, les forces de sécurité interpellent très souvent des personnes en détention ou transférant de gros montants d’un pays vers un des Etats de l’espace CEDEAO.
Ou encore, le développement des actions de terrorisme posées par le groupe islamiste Boko Haram avec l’appui d’Al Qaïda au Nigeria, en Algérie, dans le nord du Mali, etc. sont des exemples qui montrent bien que le terrorisme existe en Afrique de l’Ouest. Les ressources de ces groupes terroristes peuvent passer par le circuit financier légal Ouest Africain.
Malgré l’existence d’instruments internationaux, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme menacent sérieusement le développement du système financier national et sous régional, la croissance économique, le développement socio-économique et la sécurité des Etats de l’espace.
La nécessité pour chaque pays de se doter d’une feuille de route pour donner une vraie réponse au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme qui gagne du terrain dans l’espace sous-régional s’impose aujourd’hui.
Les objectifs de la stratégie nationale
Au Burkina Faso, le gouvernement au regard de ses engagements nationaux et internationaux, a pris des dispositions au plan national qui garantissent un cadre juridique et institutionnel de réponse au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme.
Il s’agit notamment de la création en juillet 2008 de la cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) qui est chargée de la coordination de toutes actions de lutte contre ces deux fléaux.
Sa mission est de recueillir et de traiter les renseignements financiers sur les circuits de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme et de les communiquer aux autorités pour des poursuites pénales.
Pour réussir sa mission, la CENTIF doit être dotée d’un document pratique de référence, la stratégie nationale de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Pour le président de la CENTIF, Robert Tondé, « la stratégie proposée repose sur l’identification des lacunes, des vulnérabilités et risques que présente notre pays en matière de blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et les principales actions envisagées afin de les corriger, tout en tenant compte de la vision de l’avenir et des objectifs du gouvernement ».
Comme objectifs visés par la stratégie nationale, il s’agira de créer les conditions d’un développement économique du Burkina et ce, conformément à la vision des autorités politiques par la promotion de la bonne gouvernance et la protection de la stabilité du système financier.
Ces objectifs doivent permettre d’une part, de doter le programme du gouvernement, d’un plan de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, de contribuer à la mise en place d’un environnement financier sain et durable.
D’autre part, de contribuer à restaurer les valeurs morales citoyennes, et également au respect des engagements internationaux pris par le Burkina.
Ces objectifs s’inscrivent ainsi dans l’orientation globale du gouvernement définie dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) visant à faire de la bonne gouvernance un instrument de développement durable et d’émergence de l’économie nationale.